Hébreux 12:15 Veillez à ce que nul ne se prive de la grâce de Dieu; à ce qu'aucune racine d'amertume, poussant des rejetons, ne produise du trouble, et que plusieurs n'en soient infectés;
16 à ce qu'il n'y ait ni impudique, ni profane comme Esaü, qui pour un mets vendit son droit d'aînesse.
17 Vous savez que, plus tard, voulant obtenir la bénédiction, il fut rejeté, quoiqu'il la sollicitât avec larmes; car son repentir ne put avoir aucun effet.
Dans ce passage de Hébreux 12:15-17, l'auteur nous met en garde de 4 choses dont nous avons à nous mettre en garde:
Veillez, surveillez (en grec, la forme verbale du nom épiscope : évêque)
1° à ce que nul ne se prive de la grâce de Dieu
2° à ce qu'aucune racine d'amertume, poussant des rejetons, ne produise du trouble, et que plusieurs n'en soient infectés;
3° à ce qu'il n'y ait ni impudique,
4° ni profane comme Esaü, qui pour un mets vendit son droit d'aînesse. Vous savez que, plus
tard, voulant obtenir la bénédiction, il fut rejeté, quoiqu'il la sollicitât avec larmes; car son repentir ne put avoir aucun effet.
Voici ma compréhension et les applications que je perçois:
1° se priver de la grâce de Dieu ; cette grâce de Dieu, l'auteur l'explique par le fait que Christ a souffert la mort pour tous:
Hébreux 2:9 Jésus, nous le voyons couronné de gloire et d'honneur à cause de la mort qu'il a soufferte, afin que, par la grâce de Dieu, il souffrît la mort pour tous.
Alors se priver de la grâce de Dieu serait de retourner sous la loi de Moïse et ses sacrifices comme l'auteur l'a amplement démontré dans sa lettre, la loi est venue par Moïse, la grâce et la vérité par Jésus, cf. Jean 1:17.
2° quand on s'imagine - à tort ou à raison - être traité injustement, l'amertume est à la porte, dans le contexte de l'épître aux hébreux, les juifs qui avaient choisi de suivre Jésus étaient dépouillés de leurs biens, Hébreux 10:34 et expulsés de la synagogue, Jean 9:22,
ils étaient très démunis au point où Paul avait organisé une collecte pour leur venir en aide, cf. 1Corinthiens 16:1-4 alors l'occasion de développer de l'amertume était très présente après un temps, cf. Ephésiens 4:31.
Hébreux 10:34 En effet, vous avez eu de la compassion pour les prisonniers, et vous avez accepté avec joie l'enlèvement de vos biens, sachant que vous avez des biens meilleurs et qui durent toujours.
Jn.9:22 les Juifs étaient déjà convenus que, si quelqu'un reconnaissait Jésus pour le Christ, il serait exclu de la synagogue.
3° le terme grec pornos que Segond a traduit par impudique désignait avant tout les prostitués pour s'étendre ensuite au point de décrire toute indécence provoquant le désir sexuel
4° un profanateur pourrait ressembler à la description faite aux chapitres 6 et 10; quelqu'un qui dédaigne le sacrifice de Jésus:
Hébreux 6:4 Car il est impossible que ceux qui ont été une fois éclairés,
qui ont goûté le don céleste, qui ont eu part au Saint-Esprit,
5 qui ont goûté la
bonne parole de Dieu et les puissances du siècle à venir,
6 et qui sont tombés, soient
encore renouvelés et amenés à la repentance, puisqu'ils
crucifient pour leur part le Fils de Dieu et l'exposent à l'ignominie.
Hébreux 10:26 Car, si nous péchons
volontairement après avoir reçu la connaissance de la vérité,
il ne reste plus de sacrifice pour les péchés,
27 mais une attente terrible du
jugement et l'ardeur d'un feu qui dévorera les rebelles.
28 Celui qui a violé la
loi de Moïse meurt sans miséricorde, sur la déposition
de deux ou de trois témoins;
29 de quel pire châtiment
pensez-vous que sera jugé digne celui qui aura foulé aux
pieds le Fils de Dieu, qui aura tenu pour profane le sang
de l'alliance, par lequel il a été sanctifié, et qui
aura outragé l'Esprit de la grâce?
30 Car nous connaissons celui qui
a dit: A moi la vengeance, à moi la rétribution! et encore:
Le Seigneur jugera son peuple.
31 C'est une chose terrible que
de tomber entre les mains du Dieu vivant.
Dans ce dernier passage, le mot «profane»
traduit un autre mot grec «koinos» que dans Hébreux 12:15-17
oû c'est le mot grec «bebèlos» qui est traduit par profane.
Ces deux termes sont parfois synonymes. Pourrait-on alors faire un rapprochement
entre koinos et bebèlos? Tout comme bebèlos (profane),
koinos a un sens ordinaire (commun Actes 4:32) et un sens péjoratif
(souillé Actes 10:42). On pourrait les opposer tous les deux à
hosios et hagios (saint). L'Esprit est saint, Jésus est saint et
le Père est saint; Dieu est 3 fois saints et il sanctifie le croyant
par le sang de l'alliance en Jésus. Dans le contexte de l'épître,
le profanateur serait alors celui qui ne fait plus de cas du sacrifice
de Jésus pour ses péchés et retourne à la loi
de Moïse et sa pratique de sacrifice d'animaux pour obtenir le pardon
de ses péchés.
Hébreux 10:38 Et
mon juste vivra par la foi; mais, s'il se retire, mon âme ne prend
pas plaisir en lui.
Appliqué à notre cas
de non-juif, ce ne serait pas tellement la tentation de retourner aux sacrifices
lévitiques pour éviter la persécution de nos congénères
mais plutôt de rejeter le sacrifice de Jésus pour nos péchés
et penser pouvoir plaire à Dieu par nos efforts ou tout simplement
se ficher du christianisme carrément.
Alors, vu de cet angle, un profanateur
est un rétrograde, pire, un apostat qui a abandonné la foi.
Raison amplement suffisante pour «veiller» à ne pas
en devenir un!
A titre complémentaire, pour
ceux qui désirent pousser encore la réflexion, je vous offre
2 commentaires sur le sens à donner au terme profane employé
dans Hébreux 12:7, voici ce qu'une chrétienne
avait à dire à ce sujet:
«Un profanateur est
celui qui rejette, qui méprise les choses sacrés. Les préceptes
de Dieu au profil de sa justice-propre. Un tel croyant dilapide son héritage
et ses privilèges.
Un tel croyant est en état
d'apostasie, il ne nourrit pas sa foi, (Romains 10:17) alors c'est
le vieil homme qui prend le dessus, et nous savons que la chair est inimitié
contre Dieu.(Romains 8:7)
Ces versets sont des avertissements
précieux pour nous permettrent de marcher avec Christ dans la victoire.
Il nous a acquit la victoire parfaite à la croix en position (justification).
Le 4e point ici rentre en ligne.
Mais dans notre marche (sanctification)
nous devons prendre en considération ces avertissements. Sinon il
y aura des conséquences dans nos vies, comme ce fut le cas pour
Ésaü, pour David, pour Ananias et Saphira, pour le fornicateur
de 1 Corinthiens 5:5.
La bible dans 1 Corinthiens 11:31
à 33 nous dit que si nous nous jugions nous-mêmes, nous ne
serions pas châtiés par le Seigneur.
Car le Seigneur châtie ceux
qu'il aime, et qu'il reconnaît pour ses fils.(Hébreux 12:6)
Soyons sages car le jugement appartient
à Dieu, nous pouvons tous à un moment ou un autre être
profane dans nos vies. Jugeons-nous nous-mêmes, comme la bible nous
l'enseigne. Le meilleur moyen est de demeurer attachés aux Saintes
Écritures qui sont le moyen utilisé par le Saint-Esprit pour
renouveler nos intelligences.
- Madeleine Bergeron
Voici maintenant les réflexions
d'un autre frère sur ce thème:
Saint Paul poursuit par
un raisonnement "a fortiori" comparant ceux qui se sont approchés
de la sainte montagne du Sinaï à ceux qui se sont approchés
de la Jérusalem céleste. Il semble aussi que profane, en
grec bebêlos, soit associé à "marcher" et "franchir"...
Si bien que je songe à "N'approche pas d'ici, ôte tes souliers
de tes pieds, car le lieu sur lequel tu te tiens est une terre sainte".
Cet ordre divin est habituellement
considéré comme un exemple d'opposition entre "sacré"
et "profane". (...) il est assez simple d'illustrer l'opposition "sacré/profane"
:
S'approcher de Dieu ne peut se faire
dans la désinvolture. Il faut se déchausser d'une certaine
façon.
Il faut aussi se montrer digne
de la place éminente que Dieu nous a accordée au contraire
d'un Esau qui néglige son héritage.
Il faut donc se comporter en héritier.
C'est à dire exprimer la reconnaissance pour cette grâce imméritée
et aussi faire honneur à notre rang, notre conduite ne doit pas
faire rougir celui qui nous a couché sur Son testament.
Notons que la négligence
d'Esau ne peut être réparée ni par le repentir ni par
les larmes ce qui apparente cette "profanation" au blasphème contre
l'Esprit Saint.
Abandonnons à présent
mon hypothèse selon laquelle "on peut s'approcher de Dieu".
Considérons une attitude
désinvolte, est-ce qu'elle exprime que "Dieu est partout" ou bien
est ce qu'elle exprime "Dieu ne s'occupe pas des petites choses" ?
Est ce qu'elle exprime que "Je
me sens proche de Dieu" ou bien est ce qu'elle exprime "Qu'importe ! Tout
le monde est proche de Dieu" ? Un philosophe a dit qu'il n'y a
pas de profane car il n'y a que du profané.
C'est notre désinvolture
qui crée la distance entre Dieu et nous, c'est à cause de
cette désinvolture naturelle que nous devons sans cesse nous rapprocher
de Dieu.
Et dans ce mouvement, dans cette
permanente conversion il n'est pas possible d'exprimer la désinvolture
d'un Esaü qui abandonne son héritage et qui s'unit à
des épouses que ses parents n'agréaient pas.
Alors, comme à mon habitude,
je n'hésite pas à renverser la perspective, le "profane"
n'est pas celui qui franchirait une frontière instaurée par
Dieu entre "sacré" et "pas sacré", une frontière subtile
qui nous renverrait sous la Loi.
Non !
Le profane est celui qui se conduit
comme s'il n'y avait pas de sacré (et il m'importe peu de savoir
si le "pas sacré" existe ou non...), il est celui qui exprime par
sa désinvolture qu'il n'est pas sur le Chemin et qu'il n'est pas
"orienté" vers la Jérusalem céleste, il est celui
qui néglige les occasions de s'enrichir de la proximité du
sacré, de recueillir sur son visage des paillettes de lumière
incrée à l'instar de Moïse.
Comment ne pas être "profane"
?
Je ne sais pas trop, je suppose
que cela consiste à discerner partout la Présence de Dieu,
à agir en tout comme si c'était un acte sacré, à
agir envers tous comme si c'était envers Jésus-Christ.
Je crois que dans le domaine de
l'amour humain nous savons voir la différence entre "être
attentionné" et "ne pas être attentionné", il s'agit
souvent d'une différence de pure forme, de petits détails
que l'on n'a pas négligés...
Il suffit souvent d'exprimer discrètement
l'attention personnelle que l'on porte dans nos actes les plus basiques
et les plus courants, il suffit souvent de donner un sens à ce qui
est insignifiant.
Par exemple, on peut attraper sa
Bible, la feuilleter à la recherche d'un verset et la ranger négligemment
après l'étude, on peut aussi marquer ne fut ce qu'un petit
temps d'arrêt pour exprimer à notre façon notre respect
et notre reconnaissance à
Celui qui l'a inspirée.
Le défaut du négligent
est de négliger les choses négligeables car les choses très
considérables il ne les néglige pas...
Ne pas être profane c'est
faire la chasse à ces négligences infinitésimales...
- Pierre Poncet