Définition de Cyril de Jérusalem, vers 350 ap. J.C.
1. Le Christ est la Lumière des nations; aussi, en annonçant l'Evangile à toute
créature (cf. Mc 16, 15), le saint Concile réuni dans l'Esprit-Saint
désire-t-il ardemment illuminer tous les hommes de la lumière du Christ qui
resplendit sur le visage de l'Eglise. Celle-ci, pour sa part, est dans le Christ
comme un sacrement ou, si l'on veut, un signe et un moyen d'opérer l'union
intime avec Dieu et l'unité de tout le genre humain; elle se propose donc, en
suivant de près la doctrine des précédents Conciles, de faire connaître avec
plus de précision à ses fidèles et au monde entier sa nature et sa mission
universelle. Ce devoir, les conditions actuelles l'imposent à l'Eglise avec une
urgence accrue: il importe en effet que la communauté humaine, toujours plus
étroitement unifiée par de multiples liens sociaux, techniques, culturels,
puisse atteindre également sa pleine unité dans le Christ.
Le dessein du Père qui veut sauver tous les hommes
2. Par une disposition tout à fait libre et mystérieuse de sa sagesse et de sa
bonté, le Père éternel a créé l'univers. Il a voulu élever les hommes jusqu'au
partage de la vie divine. Et une fois qu'ils eurent péché en Adam, il ne les
abandonna pas; sans cesse il leur offrit des secours pour leur salut en
considération du Christ rédempteur, "qui est l'image du Dieu invisible, le
premier-né de toute créature" (Col. 1, 15). D'autre part, ceux qu'il a
choisis, le Père avant tous les siècles les "a d'avance connus et prédestinés à
reproduire l'image de son Fils, pour que celui-ci soit le premier-né d'un grand
nombre de frères" (Rom. 8, 29). Et ceux qui ont foi dans le Christ, il a
voulu les rassembler en la sainte Eglise qui, préfigurée dès l'origine du monde,
admirablement préparée dans l'histoire du peuple d'Israël et l'ancienne Alliance
(1), établie en ces temps qui sont les derniers, a été manifestée par l'effusion
de l'Esprit et sera glorieusement achevée à la fin des siècles. Alors seulement,
comme on peut le lire dans les saints Pères, tous les justes depuis Adam,
"depuis le juste Abel jusqu'au dernier élu" (2) seront rassemblés auprès du Père
dans l'Eglise universelle.
La mission du Fils
3. Le Fils est donc venu, envoyé par le Père qui nous a choisis en lui dès avant
la création du monde et nous a prédestinés à être ses enfants adoptifs, parce
qu'il lui a plu de tout réunir en lui (cf. Eph. 1, 4-5 et 10). C'est
pourquoi le Christ, afin d'accomplir la volonté du Père, a inauguré ici-bas le
royaume des cieux, nous a révélé le mystère du Père et, par son obéissance, a
opéré la rédemption. L'Église, qui est 1e royaume du Christ déjà présent sous
une forme mystérieuse, croît visiblement dans le monde grâce à la puissance de
Dieu. Ce commencement et cette croissance sont signifiés par le sang et l'eau
qui sortent du côté de Jésus crucifié (cf. Jn 19, 34) et annoncés par les
paroles du Seigneur concernant sa mort en croix: "Et Moi, quand je serai élevé
de terre, j'attirerai tout à Moi" (Jn 12, 32 gr.). Chaque fois que le
sacrifice de la croix, par lequel "le Christ, notre Pâque, a été immolé" (I
Cor. 5, 7), est célébré sur l'autel, l'oeuvre de notre rédemption se
réalise. En même temps le sacrement du pain eucharistique représente et produit
l'unité des fidèles, qui constituent un seul corps dans le Christ (cf. I Cor.
10, 17). Tous les hommes sont appelés à cette union avec le Christ, qui est la
lumière du monde, de qui nous venons, par qui nous vivons, vers qui nous
tendons.
L'Esprit qui sanctifie l'Eglise
4. Une fois accomplie l'oeuvre que le Père avait donné à faire au Fils sur la
terre (cf. Jn 17, 4), l'Esprit-Saint fut envoyé le jour de la Pentecôte,
afin de sanctifier l'Eglise en permanence et qu'ainsi les croyants aient par le
Christ, en un seul Esprit, accès auprès du Père (cf. Eph. 2, 18). Il est
l'Esprit de vie, la source d'eau jaillissant jusqu'à la vie éternelle (cf. Jn
4, 14; 7, 38-39), par qui le Père vivifie les hommes, morts par suite du péché,
jusqu'au moment où il rendra la vie dans 1e Christ à leurs corps mortels (cf.
Rom. 8, 10-I1). L'Esprit habite dans l'Eglise et dans les coeurs des fidèles
comme en un temple (cf. I Cor. 3, 16; 6, 19); en eux il prie et rend
témoignage de leur adoption filiale (cf. Gal. 4, 6; Rom. 8, 15-16
et 26). Cette Eglise qu'il amène à la vérité tout entière (cf. Jn 16,
13), qu'il réunit dans la communion et le ministère, il l'édifie encore et la
dirige par des dons variés, tant hiérarchiques que charismatiques, et par ses
oeuvres il l'embellit (cf. Eph. 4, 11-12; I Cor. 12, 4; Gal.
5, 22). Il la rajeunit par la force de l'Evangile, il la rénove perpétuellement
et la conduit enfin à l'union parfaite avec son Epoux (3). Car l'Esprit et
l'Epouse disent au Seigneur Jésus "Viens!" (cf. Apoc. 22, 17). Ainsi
l'Eglise universelle apparaît-elle comme "un peuple rassemblé dans l'unité du
Père, du Fils et de l'Esprit-Saint" (4).
Le royaume de Dieu
5. Le mystère de la sainte Eglise se manifeste dans sa fondation. Le Seigneur
Jésus, en effet, inaugura son Eglise en prêchant la bonne nouvelle, c'est-à-dire
la venue du Royaume de Dieu promis depuis des siècles dans les Écritures: "Les
temps sont accomplis, le Royaume de Dieu est proche" (Me 1, 15; cf. Mt.
4, 17). Ce Royaume de Dieu, il apparaît aux hommes dans la parole, les oeuvres
et la présence du Christ. La parole du Seigneur est comparée au grain semé dans
un champ (Mc 4, 14): ceux qui l'écoutent avec foi et s'agrègent au petit
troupeau du Christ (Lc 12, 32) ont accueilli le Royaume lui-même. Puis la
semence, par sa propre force, germe et se développe jusqu'au temps de la moisson
(cf. Mc 4, 26-29). De même les miracles de Jésus sont une preuve que le
Royaume est véritablement venu sur terre: "Si c'est par le doigt de Dieu que je
chasse les démons, il est déjà venu à vous, le Royaume de Dieu" (Lc 11,
20; cf. Mt. 12, 28). Mais, avant tout, le Royaume se manifeste dans la
Personne même du Christ, Fils de Dieu et Fils de l'homme, qui est venu "pour
servir et donner sa vie comme rançon d'un grand nombre" (Mc 10. 45).
Et quand Jésus, après avoir souffert la mort en croix pour les hommes, fut
ressuscité, il apparut établi comme Seigneur et Christ, comme Prêtre éternel
(cf. Act. 2, 36; Héb. 5, 6; 7, 17-21) et il répandit en ses
disciples l'Esprit promis par le Père (cf. Act. 2, 33). Dès lors,
l'Eglise pourvue des dons de son Fondateur et attachée à ses préceptes de
charité, d'humilité et d'abnégation, reçoit la mission d'annoncer et d'instaurer
en toutes les nations le Royaume du Christ et de Dieu dont, sur terre, elle
constitue le germe et le commencement. Dans l'intervalle, à mesure qu'elle
grandit, elle aspire à l'accomplissement du Royaume, elle espère et souhaite de
toutes ses forces être unie à son Roi dans la gloire.
Les images de l'Eglise
6. Dans l'Ancien Testament la révélation du Royaume est
souvent présentée sous des figures; de même maintenant, c'est par diverses
images que la nature intime de l'Eglise se fait connaître à nous, et ces
images empruntées soit à la vie pastorale et au travail des champs, soit à
la construction des édifices et même à la famille et aux noces, s'élaborent
déjà dans les livres des Prophètes.
L'Eglise est en effet le bercail dont la porte unique et
nécessaire est le Christ (Jn 10, 1-10). Elle est aussi le troupeau,
dont Dieu avait annoncé qu'il serait lui-même le pasteur (cf. Is. 40,
11; Ez. 34. 11 suiv.), et dont les brebis, même si elles sont guidées
par des pasteurs humains, ne cessent jamais cependant d'être conduites et
nourries par le Christ lui-même, le bon Pasteur et le Prince des pasteurs
(cf. Jn 10, 11; I Petr. 5, 4), qui a donné sa vie pour les
brebis (cf. Jn 10, 11-15).
L'Eglise est la terre que Dieu cultive, ou encore son champ
(I Cor. 3, 9). Dans ce champ grandit l'antique olivier dont la racine
sainte fut constituée par les Patriarches et dans lequel s'est faite et se
fera la réconciliation des Juifs et des Gentils (Rom. 11, 13-26).
L'Eglise a été plantée par le céleste Cultivateur comme la vigne choisie (Mt.
21, 33-43 par.; cf. Is. 5, 1 suiv.). Le Christ est la vraie vigne qui
donne la vie et la fécondité aux sarments, c'est-à-dire à nous qui par
l'Eglise demeurons en lui; et sans lui nous ne pouvons rien faire (Jn
15.1-5).
Plus souvent encore l'Eglise s'appelle l'édifice de Dieu (I
Cor. 3, 9). Le Seigneur lui-même s'est comparé à la pierre que les
bâtisseurs ont rejetée mais qui est devenue tête d'angle (Mt. 21, 41
par.; cf. Act. 4, 11; I Petr. 2, 7; Ps. 117, 22). Sur
ce fondement l'Eglise est construite par les Apôtres (cf. I Cor. 3,
11) et c'est de lui qu'elle reçoit fermeté et cohésion. Cet édifice prend
diverses appellations: maison de Dieu (I Tim. 3, 15) où habite sa famille,
demeure de Dieu dans l'Esprit (Eph. 2. 19-22), "tabernacle de Dieu avec les
hommes" (Apoc. 21, 3) et surtout temple sacré, que les saints Pères
voient représenté dans des sanctuaires de pierres et qui, dans la Liturgie,
est comparé non sans raison à la Cité sainte, à la nouvelle Jérusalem (5).
En elle, de fait, nous sommes édifiés dès ici-bas comme des pierres vivantes
(cf. I Petr. 2, 5). Et Jean contemple la sainte cité, lors de la
rénovation du monde, descendant du ciel d'auprès de Dieu, "prête comme une
fiancée toute parée pour son époux" (Apoc. 21, 1 suiv.).
L'Eglise est même appelée "la Jérusalem d'en haut" et
"notre mère" (Gal. 4, 26: Apoc. 12, 17); elle apparaît comme
l'épouse immaculée de l'Agneau sans tache (Apoc. 19, 7; 21, 2 et 9;
22, 17). Cette épouse, le Christ "l'a aimée... et il s'est livré lui-même
pour elle, afin de la sanctifier" (Eph. 5, 25-26); il se l'est
associée par un pacte indissoluble et sans cesse "il la nourrit et la
soigne" (Eph. 5, 29), et il a voulu, après l'avoir purifiée, qu'elle
lui soit unie et soumise dans l'amour et la fidélité (cf. Eph. 5,
24). Enfin, il l'a comblée pour toujours de dons célestes, afin que nous
puissions connaître la charité de Dieu et du Christ pour nous, charité qui
dépasse tonte connaissance (cf. Eph. 3, 19). Mais tandis que l'Eglise
accomplit son pèlerinage sur terre, loin du Seigneur (cf. II Cor. 5,
6), elle se sent comme en exil, si bien qu'elle recherche les choses d'en
haut, qu'elle a du goût pour les choses d'en haut, là où le Christ est assis
à la droite de Dieu, où sa vie reste cachée avec le Christ en Dieu jusqu'au
jour où elle apparaîtra avec son Epoux dans la gloire (cf. Col. 3,
1-4).
L'Eglise, Corps mystique du Christ
7. Dans la nature humaine qu'il s'est unie, le Fils de
Dieu, en remportant la victoire sur la mort par sa mort et sa résurrection,
a racheté l'homme et l'a transformé pour en faire une nouvelle créature (cf.
Gal. 6, 15; II Cor. 5, 17). Car en communiquant son Esprit, il a
mystiquement établi ses frères, appelés d'entre toutes les nations, comme
son propre corps.
Dans ce corps la vie du Christ se diffuse en ceux qui
croient et qui, par les sacrements, sont unis, d'une façon mystérieuse mais
bien réelle, au Christ souffrant et glorifié (6). Par le baptême, en effet,
nous sommes rendus conformes au Christ: "En effet, nous avons été baptisés
dans un seul Esprit pour former un seul corps" (I Cor. 12, 13). Par
ce rite sacré, l'union à la mort et à la résurrection du Christ est à la
fois représentée et effectuée: "par le baptême, en effet, nous avons été
ensevelis avec lui dans la mort"; et si "nous avons été greffés sur lui par
une mort pareille à la sienne, de même le serons-nous par une résurrection
pareille" (Rom. 6, 4-5). Dans la fraction du pain eucharistique nous
avons réellement part au corps du Seigneur et nous sommes élevés à la
communion avec lui et entre nous. "Parce qu'il y a un seul pain, nous ne
sommes qu'un corps malgré notre grand nombre, attendu que tous nous recevons
notre part de ce pain unique" (I Cor. 10, 17). Ainsi tous nous
devenons membres de ce corps (cf. I Cor. 12, 27) "et respectivement,
membres 1es uns des autres" (Rom. 12, 5).
Mais de même que tous les membres du corps humain, pour
nombreux qu'ils soient, ne forment cependant qu'un corps, de même en est-il
des fidèles dans le Christ (cf. I Cor. 12, 12). La diversité des
membres et des fonctions se vérifie également dans l'édification du corps du
Christ. Unique est l'Esprit, qui distribue ses dons, à la mesure de sa
richesse et suivant les besoins des ministères, au profit de l'Eglise (cf. I
Cor. 12, 1-11). Parmi ces dons vient en tête la grâce des Apôtres, à
l'autorité desquels l'Esprit lui-même soumet ceux qui ont reçu des charismes
(cf. I Cor. 14). C'est le même Esprit qui unifie lui-même le corps
par sa propre puissance et au moyen de l'articulation interne des membres
entre eux, et qui produit et stimule la charité chez les fidèles. En
conséquence, si un membre a quelque souffrance à supporter, tous les membres
souffrent avec lui; ou si an membre est honoré, tous les membres partagent
sa joie (cf. I Cor. 12, 26).
De ce corps le Christ est le chef. Il est lui-même l'image
du Dieu invisible, et en lui tout a été créé. Lui-même est avant toute chose
et toutes choses subsistent en lui. Il est le chef du corps qu'est l'Eglise.
Il est le principe, le premier-né d'entre les morts, afin d'avoir en tout la
prééminence (cf. Col. 1, 15418). Par la grandeur de sa puissance il
règne sur les choses du ciel et de la terre; grâce à sa perfection et à son
action qui surpassent tout, il comble des richesses de sa gloire son corps
tout entier (7) (cf. Eph. 1, 18-23).
Tous les membres doivent tendre à lui ressembler, jusqu'à
ce que le Christ soit formé en eux (cf. Cal. 4, 19). Voilà pourquoi
nous sommes englobés dans les mystères de sa propre vie, rendus conformes à
lui-même, morts et ressuscités avec lui en attendant, de régner avec lui
(cf. Phil. 3, 21; II Tim. 2, 11; Eph. 2, 6; Col.
2, 12; etc.). Cheminant encore sur la terre, suivant ses traces dans les
épreuves et la persécution, nous sommes associés à ses souffrances comme le
corps à sa tête, et nous souffrons avec lui pour être glorifiés avec lui
(cf. Rom. 8, 17).
De lui "tout le corps, desservi et uni par des jointures et
des liens, tire son accroissement en Dieu" (Col. 2, 19). Lui-même,
dans son corps qui est l'Eglise, dispense sons cesse les dons des
ministères, au moyen desquels nous nous aidons les uns les autres, grâce à
lui, en vue du salut, afin que, professant la vérité dans la charité, nous
croissions à tous les égards en lui qui est notre Chef (cf. Eph. 4,
11-16 gr.).
Et afin que nous soyons continuellement renouvelés en lui
(cf. Eph. 4, 23), il nous a donné d'avoir part à son Esprit. Et cet
Esprit, qui est unique et identique dans le Chef et dans les membres,
vivifie, unifie et meut tout le corps; si bien que les saints Pères ont pu
comparer son rôle à la fonction que l'âme, principe vital, remplit dans le
corps humain (8).
Le Christ aime l'Eglise comme son épouse, et il est le
modèle de l'homme qui aime sa femme comme son propre corps (cf. Eph.
5, 25-28); l'Eglise, pour sa part, est soumise à son Chef (ib. 23-24).
"Parce qu'en lui corporellement réside la plénitude de la divinité" (Col.
2, 9), il comble de ses dons divins l'Eglise qui est son corps et son
plérôme (cf. Eph. 1, 22-23), afin qu'elle tende et atteigne à toute
la plénitude de Dieu (cf. Eph. 3, 19).
L'Eglise, à la lois visible et spirituelle
8. Le Christ, unique Médiateur, a établi et soutient sans
cesse ici-bas sa sainte Eglise, qui est une communauté de foi, d'espérance
et de charité, comme un organisme visible (9) par lequel il répand sur tous
la vérité et la grâce. Mais la société constituée d'organes hiérarchiques et
le Corps mystique du Christ, le groupement visible et la communauté
spirituelle, l'Eglise terrestre et l'Eglise déjà pourvue des biens célestes
ne doivent pas être considérés comme deux entités; ils constituent bien
plutôt une seule réalité complexe formée d'un élément humain et d'un élément
divin (10). Ainsi, par une analogie qui n'est pas sans valeur, elle est
comparable au mystère du Verbe incarné. De même, en effet, que la nature
assumée par le Verbe divin lui sert d'instrument de salut, instrument vivant
et indissolublement uni à lui-même, de même cet organisme ecclésial sert à
l'Esprit du Christ qui le vivifie en vue de la croissance du corps (cf.
Eph. 4, 16) (11).
Telle est l'unique Eglise du Christ que, dans le Symbole,
nous reconnaissons comme une, sainte, catholique et apostolique (12), que
notre Sauveur, après sa résurrection remit à Pierre pour qu'il la paisse (Jn
21, 17). C'est elle que le même Pierre et les autres Apôtres furent chargés
par lui de répandre et de guider (cf. MI. 28, 18 ss), elle enfin
qu'il établit pour toujours "colonne et soutien de la vérité" (I Tim.
3, 15). Cette Eglise, constituée et organisée en ce monde comme une
communauté, subsiste dans l'Eglise catholique, gouvernée par le successeur
de Pierre et les évêques en communion avec lui (13), encore que, hors de cet
ensemble, on trouve plusieurs éléments de sanctification et de vérité qui,
en tant que dons propres à l'Eglise du Christ, invitent à l'unité
catholique.
Le Christ a accompli son oeuvre rédemptrice dans la
pauvreté et la persécution; ainsi l'Eglise est-elle appelée à prendre la
même voie pour communiquer aux hommes les fruits du salut. Le Christ Jésus,
"possédant la nature divine... s'est anéanti lui-même en prenant la nature
de l'esclave" (Phil. 2, 6) et pour nous "s'est fait pauvre, de riche
qu'il était" (II Cor. 8, 9). Telle est aussi l'Eglise; et même si
elle a besoin de ressources humaines pour remplir sa mission, elle n'est pas
établie pour rechercher la gloire terrestre, mais pour prêcher, même par son
exemple, l'humilité et l'abnégation. Le Christ a été envoyé par le Père
"pour évangéliser les pauvres... guérir les coeurs brisés" (Lc 4,
18), "chercher et sauver ce qui était perdu" (Lc 19, 10). De même
l'Eglise entoure tous ceux qu'afflige l'infirmité humaine; bien plus, elle
reconnaît dans les pauvres et en ceux qui souffrent l'image de son Fondateur
pauvre et souffrant, elle s'emploie à soulager leur détresse et veut servir
le Christ en eux. Mais tandis que le Christ "saint, innocent, sans
souillure" (Hébr. 7, 26) n'a pas connu le péché (II Cor. 5,
21) mais est venu seulement expier les péchés du peuple (cf. Hébr. 2,
17), l'Eglise, qui renferme en son sein les pécheurs, qui est sainte et, en
même temps, doit toujours être purifiée, recherche sans cesse ta pénitence
et le renouvellement.
L'Eglise "va de l'avant, marchant parmi les persécutions du
monde et les consolations de Dieu" (14), annonçant la croix et la mort du
Seigneur, jusqu'à ce qu'il vienne (cf. I Cor. 11, 26). C'est la
puissance du Seigneur ressuscité qui la fortifie pour lui faire surmonter
par la patience et la charité ses peines et ses difficultés intérieures
aussi bien qu'extérieures, et, malgré tout, lui faire révéler fidèlement au
monde le mystère du Seigneur, mystère encore caché jusqu'à ce qu'il
apparaisse à la fin dans sa pleine lumière.
CHAPITRE II
LE PEUPLE DE DIEU
La Nouvelle Alliance et le Peuple nouveau
9. De tout temps et chez toute nation, celui qui craint Dieu et pratique la
justice lui fut agréable (cf. Act. 10, 35). Cependant Dieu n'a pas voulu
sanctifier et sauver les hommes individuellement et sans qu'aucun rapport
n'intervienne entre eux, mais plutôt faire d'eux un peuple qui le reconnaisse
vraiment et le serve dans ta sainteté. Il se choisit donc comme peuple le peuple
israélite, conclut avec lui une alliance et l'instruisit graduellement en se
manifestant lui-même, en faisant connaître le dessein de sa volonté dans
l'histoire de ce peuple et en se le consacrant. Tout cela cependant n'advint
qu'à titre de préparation et en figure, eu égard à l'alliance nouvelle et
parfaite qui devait se réaliser dans le Christ et de la révélation plus complète
qu'allait apporter le Verbe même de Dieu fait homme. "Voici venir des jours --
oracle du Seigneur --. où je conclurai avec la maison d'Israël et la maison de
Juda une alliance nouvelle... Je mettrai ma loi au fond de leur être et je
l'écrirai sur leur coeur. Alors, je serai leur Dieu et eux seront mon peuple...
Ils me connaîtront tous, des plus petits jusqu'aux plus grands - oracle du
Seigneur" (Jér. 31, 31-34). Puis le Christ scella ce nouveau pacte,
c'est-à-dire la nouvelle alliance, en son sang (cf. I Cor. 11, 25) en
appelant d'entre les Juifs et les gentils une multitude qui s'unirait non pas
selon la chair mais en esprit, afin de constituer le nouveau Peuple de Dieu. En
effet ceux qui croient au Christ, engendrés à nouveau d'un germe non point
corruptible, mais incorruptible par la parole du Dieu vivant (cf. I Petr.
1, 23), non pas de la chair mais de l'eau et de l'Esprit-Saint (cf. Jn 3,
5-6) constituent "une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un
peuple acquis... eux, qui jadis n'étaient pas un peuple, et maintenant sont le
peuple de Dieu" (I Petr. 2, 9-10).
Ce peuple messianique a pour chef le Christ "qui a été livré pour nos fautes et
est ressuscité pour notre sanctification" (Rom. 4, 25) et qui,
maintenant, après s'être acquis un nom qui est au-dessus de tout nom, règne
glorieusement dans les cieux. Il est dans l'état de dignité et de liberté propre
aux fils de Dieu, dont le coeur est comme le temple de l'Esprit-Saint. Il a pour
loi un commandement nouveau, celui d'aimer comme le Christ lui-même nous a aimés
(cf. Jn 13, 34). Enfin, il a son terme dans le Royaume de Dieu, inauguré
sur terre par Dieu lui-même, destiné à s'étendre dans la suite des âges en
attendant de recevoir en Lui son perfectionnement final à la fin des siècles,
lorsque le Christ se manifestera, lui qui est notre vie (cf. Col. 3, 4),
et que "la création elle-même sera libérée de la servitude de la corruption pour
participer à la glorieuse liberté des enfants de Dieu" (Rom. 8, 21). C'est
pourquoi ce peuple messianique, s'il ne comprend pas effectivement tous les
hommes et n'apparaît parfois que comme un petit troupeau, n'en subsiste pas
moins au sein de toute l'humanité comme un germe très fort d'unité, d'espérance
et de salut. Etabli par le Christ en communion de vie, de charité et de vérité,
il lui sert d'instrument pour la rédemption de tous et il est envoyé au monde
entier comme lumière du monde et sel de la terre (cf. Mt. 5, 13-16).
L'Israël selon la chair, cheminant dans la solitude, prend déjà le nom d'Eglise
de Dieu (II Esdr. 13, 1; cf. Nombr. 20, 4; Deut. 23, 1 et
suiv.); de même le nouvel Israël, celui de l'ère présente en quête de la cité
future et qui ne finit pas (cf. Hébr. 13, 14), s'appelle également
l'Eglise du Christ (cf. Mt. 16, 18). Car le Christ lui-même l'a acquise
au prix de son sang (cf. Act. 20, 28), remplie de son Esprit et pourvue
de moyens aptes à procurer une union visible et sociale. Dieu a convoqué ta
communauté de ceux qui regardent avec foi Jésus, auteur du salut, principe
d'unité et de paix, et il en a fait l'Eglise, afin qu'elle soit pour tous et
pour chacun le sacrement visible de cette unité salvifique (1). Cette Eglise qui
doit s'étendre à toute la terre et entrer dans l'histoire humaine, domine en
même temps les époques et les frontières des peuples. Au milieu des embûches et
des tribulations qu'elle rencontre, elle est soutenue, dans sa marche, par le
secours de la grâce divine que lui a promise le Seigneur, afin que, dans la
condition de l'humaine faiblesse, elle ne laisse pas d'être parfaitement fidèle,
mais demeure la digne épouse de son Seigneur et se renouvelle sans cesse
elle-même, sous l'action de l'Esprit-Saint; jusqu'à ce que, par la croix, elle
parvienne à la lumière qui ne connaît pas de déclin.
Le sacerdoce commun
10. Le Christ Seigneur, Pontife pris d'entre les hommes (cf. Hébr. 5,
1-5) fit du nouveau peuple "un royaume de prêtres pour Dieu son Père" (Apoc.
1, 6; 5, 9-10). En effet, par la régénération et l'onction de l'Esprit-Saint,
les baptisés sont consacrés pour être une maison spirituelle et un sacerdoce
saint, en vue d'offrir des sacrifices spirituels, moyennant toutes les oeuvres
du chrétien, et d'annoncer les louanges de Celui qui les a appelés des ténèbres
à son admirable lumière (cf. I Petr. 2, 4-10). Que tous les disciples du
Christ, en persévérant dans la prière et en louant Dieu ensemble (cf. Act.
2, 42-47), s'offrent donc eux-mêmes comme une hostie vivante, sainte, agréable à
Dieu (cf. Rom. 12, 1), qu'ils rendent partout témoignage au Christ et, à
qui le demande, rendent compte de l'espérance de la vie éternelle qui est en eux
(cf. I Petr. 3, 15).
Le sacerdoce commun des fidèles et le sacerdoce ministériel ou hiérarchique,
s'ils diffèrent essentiellement et non pas seulement en degré, sont cependant
ordonnés l'un à l'autre puisque l'un comme l'antre participe à sa façon de
l'unique sacerdoce du Christ (2). Grâce au pouvoir sacré dont il est investi, le
prêtre, ministre du Christ, instruit et gouverne le peuple sacerdotal,
accomplit, en qualité de représentant du Christ, le sacrifice eucharistique et
l'offre à Dieu au nom de tout le peuple; les fidèles, en vertu de leur sacerdoce
royal, ont part à l'offrande eucharistique (3) et exercent leur sacerdoce par la
réception des sacrements, la prière et l'action de grâces, par le témoignage
d'une vie sainte, par l'abnégation et la charité active.
L'exercice du sacerdoce commun dans les sacrements
11. Le pouvoir sacré et organiquement structuré de la communauté sacerdotale
entre en activité par les sacrements et les vertus. Les fidèles, incorporés à
l'Église par le baptême, sont rendus aptes, grâce à leur caractère, à célébrer
le culte de la religion chrétienne. Et après avoir été régénérés pour devenir
enfants de Dieu, ils sont tenus à professer publiquement la foi qu'ils ont reçue
de Dieu par l'Eglise (4), à laquelle le sacrement de confirmation les unit plus
étroitement grâce à l'Esprit-Saint qui les enrichit d'une force particulière.
Ainsi se trouvent-ils plus strictement obligés de répandre la foi et de la
défendre par la parole et les oeuvres, comme de véritables témoins du Christ
(5). En participant au sacrifice eucharistique, source et sommet de toute la vie
chrétienne, ils offrent à Dieu la divine Victime et eux-mêmes avec elle (6). "
Ainsi tous, aussi bien par l'offrande que par la sainte communion, jouent dans
l'action liturgique le rôle qui leur est propre, non pas indistinctement, mais
chacun à sa manière. De plus, en se nourrissant du Corps du Christ dans la
sainte communion, ils manifestent concrètement l'unité du Peuple de Dieu, qui,
dans ce sublime sacrement, est convenablement signifiée et merveilleusement
réalisée.
Ceux qui s'approchent du sacrement de pénitence reçoivent de la miséricorde de
Dieu le pardon des offenses qu'ils lui ont faites; en même temps ils se
réconcilient avec l'Eglise, que leur péché avait blessée et qui coopère à leur
conversion par la charité, l'exemple et la prière. Par l'onction sacrée des
malades et la prière des prêtres, toute l'Eglise recommande les malades au
Seigneur souffrant et glorifié, afin qu'elle adoucisse leurs peines et les sauve
(cf. Jac. 5, 14-16); et même elle les exhorte à s'unir spontanément à la
passion et à la mort du Christ (cf. Rom. 8, 17; Col. 1, 24; II
Tim. 2, 11-12; I Petr. 4, 13), pour contribuer ainsi au bien du
Peuple de Dieu. En outre, les fidèles .revêtus d'un Ordre sacré sont établis au
nom du Christ pour paître l'Eglise par la parole et la grâce de Dieu. Enfin les
époux chrétiens, en vertu du sacrement de mariage par lequel ils expriment, en y
participant, le mystère d'unité et d'amour fécond entre le Christ et l'Eglise
(cf. Eph. 5, 32), s'aident réciproquement afin de parvenir à la sainteté
dans la vie conjugale comme dans l'acceptation et l'éducation des enfants. Ils
ont ainsi, dans leur état de vie et dans leur fonction, un don qui leur est
propre au sein du Peuple de Dieu (7). De cette union, en effet, procède la
famille, où naissent les nouveaux citoyens de la société humaine qui, par la
grâce de l'Esprit-Saint, en vue de perpétuer le Peuple de Dieu à travers les
siècles, deviennent par le baptême enfants de Dieu. Dans ce qu'on pourrait
appeler l'Eglise domestique, les parents doivent par la parole et par l'exemple
être les premiers à faire connaître la foi à leurs enfants et ils doivent
cultiver la vocation de chacun d'entre eux, spécialement la sainte vocation.
Munis de tant de moyens de salut si admirables, les fidèles, quels que soient
leur état et leur condition, sont appelés par le Seigneur, chacun en suivant sa
voie personnelle, à la perfection de cette sainteté dont le Père jouit en
plénitude.
Le sens de la foi et les charismes dans le peuple chrétien
12. Le Peuple saint de Dieu a part également à la fonction prophétique du
Christ, en rendant un vivant témoignage à son endroit, avant tout par une vie de
foi et de charité et en offrant à Dieu un sacrifice de louange, c'est-à-dire le
fruit de lèvres qui confessent son nom (cf. Hébr. 13, 15). L'ensemble des
fidèles qui ont reçu l'onction du Saint (cf. I Jn
2, 20 et 27) ne peut pas errer dans la foi; et il manifeste cette prérogative au
moyen du sens surnaturel de la foi commun à tout le peuple, lorsque "depuis les
évêques jusqu'au dernier des fidèles laïcs" (8), il fait entendre son accord
universel dans les domaines de la foi et de la morale. C'est, en effet, dans ce
sens de la foi éveillé et nourri par l'Esprit de vérité que le Peuple de Dieu,
fidèlement soumis à la conduite du magistère sacré, accueille vraiment non pas
une parole humaine mais la parole de Dieu (cf. I Thess. 2, 13), qu'il
adhère indéfectiblement "à la foi qui fut une fois pour toutes transmise aux
saints" (Jude 3), qu'il approfondit correctement cette même foi et la met
plus pleinement en oeuvre.
En outre, le même Esprit-Saint non seulement sanctifie le Peuple de Dieu, le
conduit et l'orne de vertus au moyen des sacrements et des ministères mais, "en
distribuant à chacun ses dons comme il lui plaît" (I Cor. 12, 11), il
dispense également, parmi les fidèles de tout ordre, des grâces spéciales qui
les habilitent à assumer des activités et des services divers, utiles au
renouvellement et à l'expansion de l'Eglise, suivant ces paroles: "A chacun la
manifestation de l'Esprit est donnée en vue du bien commun" (I Cor. 12,
7). Ces charismes, qu'ils soient extraordinaires ou plus simples et plus
répandus, sont ordonnés et adaptés d'abord aux besoins de l'Eglise: ils doivent
donc être accueillis avec gratitude et joie spirituelle. Cependant, il ne faut
pas demander imprudemment les dons extraordinaires, pas plus qu'il ne faut en
attendre présomptueusement les fruits des travaux apostoliques. C'est à
l'autorité ecclésiastique qu'il appartient de juger de l'authenticité et de la
mise en oeuvre de ces dons; et c'est aussi à elle qu'il appartient spécialement
de ne pas éteindre l'Esprit, mais de tout examiner et de retenir ce qui est bon
(cf. I Thess. 5, 12 et 19-21).
L'universalité ou "catholicité" de l'unique Peuple de Dieu
13. Tous les hommes sont appelés à former le nouveau Peuple de Dieu. En
conséquence, ce peuple doit, sans cesser d'être un et unique, s'étendre au monde
entier et en tous les siècles afin que s'accomplisse le dessein de Dieu, qui au
commencement créa la nature humaine une et voulut ensuite rassembler en un seul
corps ses enfants dispersés (cf. Jn 11, 52). A cette fin, Dieu envoya son
Fils, qu'il constitua héritier de toutes choses (cf. Hébr. 1, 2), pour
être Maître, Roi et Prêtre de l'univers, Chef du peuple nouveau et universel des
fils de Dieu. A cette fin aussi Dieu envoya l'Esprit de son Fils, Seigneur et
Vivificateur, qui est, pour toute l'Église et pour chacun des croyants, principe
de réunion et d'unité dus l'enseignement des Apôtres, dans la communion, dans la
fraction du pain et les prières (of. Act. 2, 42 gr.).
En toutes les nations de la terre subsiste l'unique Peuple de Dieu, puisque
c'est de toutes les nations qu'il tire ses membres, citoyens d'un Royaume dont
le caractère n'est pas terrestre, mais bien céleste. Car tous les fidèles épars
à travers le monde sont en communion les uns avec les autres dans
l'Esprit-Saint, et ainsi "celui qui habite à Rome sait que les Indiens sont ses
membres" (9). Mais comme le Royaume du Christ n'est pas de ce monde (cf. Jn
18, 36), l'Eglise, Peuple de Dieu, en introduisant ce Royaume, n'enlève rien au
bien temporel des peuples, quels qu'ils soient; au contraire, elle favorise et
assume, dans la mesure où ces choses sont bonnes, les talents, les richesses,
les coutumes des peuples et, en les assumant, les purifie, les renforce et les
élève. Elle sait, en effet, qu'il lui faut resserrer ses rangs autour de ce
Rois, car c'est à lui que les nations ont été données en héritage (cf. Ps.
2, 8), vers son royaume qu'afflueront richesses et présents (cf. Ps.
71/72, 10; Is. 60, 4-7; Apoc. 21, 24). Ce caractère d'universalité
qui distingue le Peuple de Dieu est un don du Seigneur lui-même qui porte
l'Eglise catholique à s'employer efficacement et sans arrêt à rassembler toute
l'humanité et la totalité de ses biens sous le Christ Chef, en l'unité de son
Esprit (10).
Grâce à cette universalité, chaque élément apporte aux autres et à toute
l'Eglise ses propres dons; en sorte que le tout, comme chaque partie, profite du
fait que tous communiquent entre eux et travaillent dans l'unité et sans
restriction à la perfection de l'ensemble. En conséquence, le Peuple de Dieu non
seulement se rassemble à partir de divers peuples, mais il se compose en
lui-même de catégories différentes. Il existe, en effet, entre ses membres une
diversité, soit dans les charges (certains membres remplissant une fonction
sacrée en vue du bien de leurs frères), soit encore dans l'état de vie et
l'orientation, alors que plusieurs, vivant dans l'état religieux, tendent à la
sainteté par une voie plus rigoureuse et stimulent leurs frères par leur
exemple. De là vient aussi l'existence légitime, dans la communion
ecclésiastique, des Eglises particulières qui jouissent de traditions propres,
sans préjudice du primat de la Chaire de Pierre qui préside à toute l'assemblée
de la charité (11), qui protège les légitimes diversités et, en même temps,
veille à ce que les différences ne nuisent point à l'unité, mais la servent. De
là enfin découle l'existence, entre les éléments qui composent l'Eglise, des
liens d'une union intime en ce qui concerne les biens spirituels, les ouvriers
apostoliques et les ressources matérielles. Car les membres du Peuple de Dieu
sont appelés à se donner les uns aux autres de leurs biens; et même il faut
appliquer à chacune des Eglises ces paroles de l'Apôtre: "Que chacun mette au
service des autres les dons qu'il a reçus, comme de bons dispensateurs de la
grâce divine qui est si variée" (I Petr. 4, 10).
Tous les hommes sont appelés à cette unité catholique du Peuple de Dieu, unité
qui annonce et promeut la paix universelle; et c'est à cette même unité qu'ont
rapport, c'est à elle que sont ordonnés -- et cela de façons diverses -- soit
les fidèles catholiques, soit les autres qui ont foi dans le Christ, soit enfin
l'universalité des hommes, appelés au salut par la grâce de Dieu.
Les fidèles catholiques
14. Le saint Concile s'adresse donc avant tout aux fidèles catholiques. Il
enseigne, pourtant, en s'appuyant sur la Sainte Ecriture et la Tradition, que
cette Eglise voyageuse est nécessaire au salut. Seul, en effet, le Christ est
Médiateur et voie du salut, lui qui se rend présent pour nous dans son Corps,
qui est l'Eglise. Enseignant expressément la nécessité de la foi et du baptême
(cf. Me 16, 16; Jn 3, 5) le Christ lui-même a du même coup affirmé
la nécessité de l'Eglise, dans laquelle on est introduit par le baptême comme
par une porte. Aussi ne pourraient-ils pas être sauvés, ceux qui, sans ignorer
que Dieu, par Jésus-Christ, a établi l'Eglise catholique comme nécessaire,
refuseraient cependant d'y entrer ou de demeurer en elle.
Sont pleinement incorporés à la communauté ecclésiale ceux qui, possédant
l'Esprit du Christ, acceptent toute son économie et tous les moyens de salut
établis en elle et sont, par les liens de la profession de foi, des sacrements,
de la direction et de la communion ecclésiastiques, unis dans ce même ensemble
visible de l'Eglise, avec le Christ qui la régit par le souverain Pontife et les
évêques. D'autre part, n'est pas sauvé, même s'il est incorporé à l'Eglise,
celui qui, faute de persévérer dans la charité, demeure dans le sein de l'Eglise
"de corps ". mais non pas " de coeur" (12). Au surplus, tous les fils de
l'Eglise se rappelleront qu'ils ne doivent pas attribuer leur condition
privilégiée à leurs propres mérites, mais à une grâce spéciale du Christ; et
que, s'ils n'y correspondent pas dans leurs pensées, leurs paroles et leurs
actes, bien loin d'être sauvés, ils seront jugés plus sévèrement (13).
Les catéchumènes qui, sous la motion de Esprit-Saint, veulent expressément être
incorporés à l'Eglise, lui sont unis par ce désir même, et la Mère Eglise les
entoure déjà de son amour et de ses soins.
Les liens de l'Eglise avec les chrétiens non
catholiques
15. Avec ceux qui, baptisés, s'honorent du nom de
chrétiens, mais ne professent pas intégralement la foi ou ne conservent pas
l'unité de la communion avec le successeur de Pierre, l'Eglise se sait unie
par de multiples rapports (14). Beaucoup, en effet, vénèrent la sainte
Ecriture comme norme de foi et de vie; ils manifestent aussi un authentique
zèle religieux, croient avec amour en Dieu le Père tout-puissant et dans le
Christ, Fils de Dieu Sauveur (15), sont marqués par le baptême, qui les unit
au Christ et, en outre, reconnaissent et acceptent d'autres sacrements dans
leurs propres Eglises ou communautés. Plusieurs parmi eux ont aussi
l'épiscopat, célèbrent la sainte Eucharistie et cultivent la dévotion envers
la Vierge Mère de Dieu (16). A cela s'ajoute la communion par la prière et
d'autres bienfaits spirituels; et même une union réelle dans l'Esprit-Saint,
car l'Esprit agit également en eux par ses dons et ses grâces, avec sa
puissance sanctificatrice; et il a donné à certains d'entre eux une vertu
qui les a fortifiés jusqu'à l'effusion de leur sang. Ainsi l'Esprit
éveille-t-il en tous les disciples du Christ le désir et oriente-t-il leur
activité afin que tous s'unissent pacifiquement, de la manière que le Christ
a fixée, en un seul troupeau et sous un seul Pasteur (17). Et pour obtenir
cette unité la Mère Eglise ne cesse de prier, d'espérer et d'agir. Elle
exhorte ses fils à se purifier et à se renouveler, afin que l'image du
Christ resplendisse, plus nette, sur le visage de l'Eglise.
Les non-chrétiens
16. Enfin, ceux qui n'ont pas encore reçu l'Evangile sont
ordonnés de façons diverses au Peuple de Dieu (18). Et d'abord, le peuple
qui reçut les alliances et les promesses et dont le Christ est né selon la
chair (cf. Rom. 9, 4-5); peuple élu de Dieu et qui lui est très cher
en raison de ses ancêtres, car les dons et la vocation de Dieu sont sans
repentance (Rom. 11, 28-29). Mais le dessein de salut englobe aussi
ceux qui reconnaissent le Créateur, et parmi eux, d'abord, les Musulmans
qui, en déclarant qu'ils gardent la foi d'Abraham, adorent avec nous le Dieu
unique, miséricordieux, qui jugera les hommes au dernier jour. Quant à ceux
qui cherchent le Dieu inconnu sous les ombres et les figures, Dieu lui-même
n'est pas loin d'eux non plus, puisqu'il donne à tous la vie, le souffle et
toutes choses (cf. Act. 17, 25-28), et que le Sauveur veut le salut
de tous les hommes (cf. I Tim. 2, 4). En effet ceux qui, sans faute
de leur part, ignorent l'Evangile du Christ et son Eglise et cependant
cherchent Dieu d'un coeur sincère et qui, sous l'influence de la grâce,
s'efforcent d'accomplir dans leurs actes sa volonté qu'ils connaissent par
les injonctions de leur conscience, ceux-là aussi peuvent obtenir le salut
éternel (19). Et la divine Providence ne refuse pas les secours nécessaires
au salut à ceux qui ne sont pas encore parvenus, sans qu'il y ait de leur
faute, à la connaissance claire de Dieu et s'efforcent, avec l'aide de la
grâce divine, de mener une vie droite. En effet, tout ce que l'on trouve
chez eux de bon et de vrai, l'Eglise le considère comme un terrain propice à
l'Evangile (20) et un don de Celui qui éclaire tout homme, pour qu'il
obtienne finalement la vie. Mais bien souvent les hommes, trompés par le
Malin, se sont abandonnés à la vanité de leurs pensées et ont échangé la
vérité divine pour le mensonge, en servant la créature à la place du
Créateur (cf.
Rom. 1, 21 et 25). Ou encore, en vivant et mourant sans Dieu en ce
monde, ils s'exposent au plus grand désespoir. Aussi, en vue de promouvoir
la gloire de Dieu et le salut de tous ces hommes, l'Eglise, se souvenant du
commandement du Seigneur qui dit: "Prêchez l'Evangile à toute créature" (Mc
16, 15), s'emploie-t-elle avec sollicitude à développer les missions.
Le caractère missionnaire de l'Eglise
17. En effet, le Fils, comme il a été envoyé par le Père, a
lui-même envoyé les Apôtres (cf. Jn 20, 21) en disant: "Allez donc,
faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du
Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à garder tout ce que je vous ai
commandé. Et voici que je suis avec vous tous les jours, jusqu'à ta fin du
monde" (Mt. 28, 19-20). Et ce mandat solennel d'annoncer la vérité
qui sauve, l'Eglise l'a reçu des Apôtres pour qu'elle l'accomplisse
jusqu'aux extrémités de la terre (cf. Act. 1, 8). Dès lors, elle fait
siennes les paroles de l'Apôtre: "Malheur....à moi, si je n'évangélise pas"
(I Cor. 9, 16) et elle continue sans répit à envoyer des
missionnaires jusqu'à ce que les nouvelles Eglises soient pleinement
établies et qu'elles poursuivent à leur tour l'oeuvre de l'évangélisation.
En effet l'Esprit-Saint la pousse à travailler à la pleine réalisation du
dessein de Dieu, qui a établi le Christ comme principe de salut pour le
monde entier. En prêchant l'Evangile, l'Eglise attire à la foi ceux qui
l'écoutent, elle les incite à professer cette foi, elle les dispose au
baptême, les arrache à l'esclavage de l'erreur et les incorpore au Christ,
afin que par la charité ils croissent en lui jusqu'à la plénitude. Par son
activité, elle fait en sorte que toute trace de bien, quelle qu'elle soit,
présente dans le coeur et la pensée des hommes, dans leurs rites et leurs
cultures, non seulement ne périsse pas, mais soit, au contraire, purifiée,
élevée et portée à la perfection pour la gloire de Dieu, la confusion du
démon et le bonheur .de l'homme. A chacun des disciples du Christ incombe,
pour sa part, la charge de jeter la semence de la foi (21). Mais si tout
croyant peut baptiser, il appartient cependant au prêtre de parfaire
l'édification du Corps par le sacrifice eucharistique, accomplissant ainsi
ce que Dieu a dit par le prophète: "Du levant au couchant mon nom est grand
parmi .les Nations et en tout lieu un sacrifice et une offrande pure sont
offerts à mon nom" (22) (Mal. 1, 11).
C'est ainsi que l'Eglise prie et travaille tout ensemble,
afin que le monde tout entier devienne le Peuple de Dieu, le Corps du
Seigneur et le Temple de l'Esprit-Saint; et que dans le Christ, Chef de tous
les êtres, tout honneur et toute gloire soient rendus au Créateur et Père de
toutes choses.
CHAPITRE III
LA CONSTITUTION HIÉRARCHIQUE DE L'ÉGLISE
ET, EN
PARTICULIER, L'ÉPISCOPAT
Introduction
18. Le Christ Seigneur, pour paître et accroître toujours davantage le Peuple
de Dieu, a établi dans son Eglise divers ministères qui tendent au bien de
tout le Corps. En effet, les ministres qui sont revêtus d'un pouvoir sacré
servent leurs frères, afin que tous ceux qui appartiennent au Peuple de Dieu
et qui, par conséquent, ont vraiment la dignité de chrétiens tendent
librement et de façon ordonnée vers le même but et parviennent au salut.
Ce saint Synode, à l'exemple du Concile Vatican I, enseigne avec lui et déclare
que Jésus-Christ, Pasteur éternel, a édifié la sainte Eglise en envoyant les
Apôtres comme lui-même avait été envoyé par le Père (cf. Jn 20, 21),
et a voulu que leurs successeurs, c'est-à-dire les évêques, fussent dans son
Église pasteurs jusqu'à la fin des siècles. Et afin que l'épiscopat lui-même
fût un et sans fissure, il a mis à la tête des autres Apôtres le bienheureux
Pierre qu'il a établi comme principe et fondement perpétuel autant que
visible de l'unité de la foi et de la communion (1). Cette doctrine de
l'institution, de la perpétuité, de la valeur et de la raison de la sacrée
primauté du Pontife romain et de son infaillible magistère, le saint Concile
la propose de nouveau à tous les fidèles pour qu'elle soit crue fermement;
et poursuivant le même dessein, il a décidé de professer et de proclamer
publiquement la doctrine concernant les évêques, successeurs des Apôtres,
lesquels, avec le successeur de Pierre, Vicaire du Christ (2) et Chef
visible de toute l'Église, gouvernent la maison du Dieu vivant.
L'institution des Douze
19. Le Seigneur Jésus, après avoir prié le Père, appela à lui ceux qu'il voulut
et en nomma douze qu'il prendrait avec lui et qu'il enverrait prêcher le
Royaume de Dieu (cf. Mc
3, 13-19; Mt. 10, 42); et ces Apôtres (cf. Lc 6, 13) il les
constitua en collège ou corps stable, à la tête duquel il mit Pierre, choisi
parmi eux (cf. Jn 21, 15-17). Il les envoya d'abord aux fils
d'Israël et puis à toutes les nations (cf. Rom. I, 16) afin que,
revêtus de son autorité, ils fassent de tous les peuples ses disciples, les
sanctifient et les gouvernent (cf. Mt. 28, 16-20; Mc 16, 15;
Lc 24, 45-48; Jn 20, 21-23), et qu'ainsi ils propagent l'Eglise
et, sous la conduite du Seigneur, en soient les ministres et les pasteurs,
tous les jours jusqu'à la fin du monde (cf. Mt. 28, 20). Et ils
furent pleinement confirmés dans cette mission le jour de la Pentecôte (cf.
Act. 2, 1-36) selon la promesse du Seigneur: "Vous recevrez une force,
celle du Saint-Esprit qui viendra sur vous, et vous serez mes témoins à
Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, jusqu'aux extrémités de la
terre" (Act. 1, 8). Les Apôtres, donc, prêchaient partout l'Evangile
(cf. Mc 16, 20), qui fut accueilli par les auditeurs sous la motion
du Saint-Esprit, rassemblèrent l'Eglise universelle que le Seigneur avait
fondée dans les Apôtres et qu'il avait édifiée sur le bienheureux Pierre,
leur chef, Jésus-Christ étant lui-même la suprême pierre angulaire (3) (cf.
Apoc. 21, 14; Mt. 16, 18; Eph. 2, 20).
Les évêques successeurs des Apôtres
20. La mission divine confiée par le Christ aux Apôtres durera jusqu'à la fin
des siècles (cf. Mt. 28, 20), puisque l'Evangile qu'ils doivent
prêcher est de tout temps pour l'Eglise le principe de sa vie entière. C'est
pourquoi les Apôtres, dans cette société hiérarchiquement organisée, eurent
soin de se donner des successeurs.
En effet, non seulement ils eurent divers collaborateurs
dans leur ministère (4), mais pour que la mission qui leur avait été confiée
pût continuer après leur mort, ils laissèrent pour ainsi dire en testament à
leurs collaborateurs immédiats la charge de compléter et de consolider
l'oeuvre commencée par eux (5), en leur recommandant de veiller sur tout le
troupeau au milieu duquel le Saint-Esprit les avait placés pour paître
l'Eglise de Dieu (cf.
Act. 20, 28). C'est pourquoi ils choisirent ces hommes et prirent
ensuite des dispositions pour que, après leur mort, d'autres hommes éprouvés
prennent leur place (6). Parmi les divers ministères qui dès le début
s'exercent dans l'Eglise, le témoignage de la tradition accorde la première
place à ceux qui, établis dans l'épiscopat par une succession ininterrompue
depuis l'origine (7), sont la lignée issue de la souche apostolique (8).
Ainsi, comme l'atteste saint Irénée, par l'intermédiaire de ceux que les
Apôtres consacrèrent évêques et de leurs successeurs jusqu'à nous, la
tradition apostolique est manifestée (9) et conservée (10) dans tout
l'univers.
Les évêques assumèrent donc la charge de la communauté
avec leurs collaborateurs, les prêtres et les diacres (11), et dirigèrent à
la place de Dieu le troupeau (12) dont ils étaient les pasteurs, et cela
comme maîtres de doctrine, prêtres du culte sacré, ministres du gouvernement
de l'Eglise (13). De même donc que se perpétue la mission concédée en
particulier par le Seigneur à Pierre, le premier des Apôtres, mission qui
devait se transmettre à ses successeurs, ainsi se perpétue également la
charge qu'avaient les Apôtres de paître l'Eglise, charge qui doit s'exercer
perpétuellement par l'ordre sacré des évêques (14). Ainsi donc le saint
Concile enseigne-t-il que les évêques, de par l'institution divine, ont
occupé, dans la succession, la place des Apôtres (15) en tant que pasteurs
de l'Eglise; et que quiconque les écoute, écoute le Christ, quiconque les
méprise, méprise le Christ et Celui qui a envoyé le Christ (16) (cf. Lc
10, 16).
La sacramentalité de l'épiscopat
21. En la personne des évêques qu'assistent les prêtres,
le Seigneur Jésus-Christ, Pontife Suprême, est donc présent au milieu de ses
fidèles. Assis en effet à la droite du Père il ne cesse pas d'être présent
au sein de la communauté de ses pontifes (17). Et d'abord, par merveilleux
truchement des évêques, il adresse à tous les peuples la parole de Dieu, et
il administre continuellement aux croyants les sacrements de la foi; grâce à
leur paternelle sollicitude (cf. I Cor. 4, 15) il incorpore de
nouveaux membres à son Corps au moyen de la régénération surnaturelle; et
enfin, par leur sagesse et leur prudence, il dirige et prépare le Peuple du
Nouveau Testament dans sa marche vers l'éternelle béatitude. Ces pasteurs,
choisis pour paître le troupeau du Seigneur, sont les ministres du Christ et
les dispensateurs des mystères de Dieu (cf. I Cor. 4, 1); c'est à eux
qu'ont été confiés témoignage à rendre à l'Evangile de la grâce divine (cf.
Rom. 15, 16; I Act. 20, 24) et le glorieux ministère de l'Esprit
et de la justice (cf. II Cor. 3, 8-9).
Pour remplir une si haute charge, les Apôtres ont été
enrichis par le Christ des trésors de l'Esprit-Saint, qui descendit sur eux
(cf. Act I, 8; 2, 4; Jn 20, 22-23). Par l'imposition des
mains ils conférèrent eux-mêmes ce don spirituel à leurs collaborateurs (cf.
I Tim. 4, 14 II
Tim. 1, 6-7), don qui a été transmis jusqu'à nous dans la consécration
épiscopale (18). Le saint Concile enseigne d'autre part que cette
consécration épiscopale confère la plénitude du sacrement de l'Ordre que la
coutume liturgique de l'Eglise et la voix des saints Pères appellent
sacerdoce suprême, résumé du ministère sacré (19). La consécration
épiscopale confère aussi, avec la charge de sanctifier, celle d'enseigner et
de gouverner; cependant. de par leur nature, ces charges ne peuvent être
exercées que dans la communion hiérarchique avec le Chef et les membres du
Collège. De la Tradition, en effet, telle qu'elle résulte spécialement des
rites liturgiques et des usages de l'Eglise tant d'Orient que d'Occident, il
ressort clairement que, par l'imposition des mains et par les paroles de la
consécration, la grâce de l'Esprit-Saint est conférée (20), et le caractère
sacré imprimé (21), et de telle sorte que les évêques tiennent, de façon
éminente et visible, la place du Christ lui-même, Maître, Pasteur et
Pontife, et agissent à sa place (22). Il appartient aux évêques
d'incorporer, par le sacrement de l'Ordre, les nouveaux élus dans le corps
épiscopal.
Le collège épiscopal et son chef
22. C'est par une semblable disposition que saint Pierre
et les autres Apôtres constituent, par ordre du Seigneur, un seul Collège
apostolique, et que le Pontife romain, successeur de Pierre, et les évêques,
successeurs des Apôtres, sont unis entre eux. Déjà la règle très ancienne
selon laquelle les évêques du monde entier communiaient entre eux et avec
l'Evêque de Rome dans le lien de l'unité, de la charité et de la paix (23),
et aussi les conciles rassemblés (24) pour statuer en commun (25), après
mûre délibération (26), sur certains points de grande importance, indiquent
le caractère et la nature collégiale de l'ordre épiscopal que, d'ailleurs,
les Conciles oecuméniques réunis au cours des siècles confirment jusqu'à
l'évidence. C'est ce même caractère que révèle déjà l'usage, introduit très
tôt, de convoquer plusieurs évêques pour les faire participer à l'élévation
du nouvel élu au ministère du sacerdoce suprême. On est constitué membre du
Corps épiscopal en vertu de la consécration sacramentelle et par la
communion hiérarchique avec le Chef du Collège et avec les membres.
Le Collège ou corps épiscopal n'a cependant d'autorité que si on le conçoit
comme uni à son chef le Pontife romain, successeur de Pierre, lequel conserve
intégralement sa primauté sur tous, tant pasteurs que fidèles. En effet, le
Pontife romain, en vertu de son office qui est celui de Vicaire du Christ et de
Pasteur de toute l'Église, a sur celle-ci un pouvoir plénier, suprême et
universel, qu'il peut toujours exercer en toute liberté. D'autre part, l'ordre
des évêques, qui succède au collège des Apôtres dans le magistère et le
gouvernement pastoral, en qui même se perpétue le corps apostolique, uni à son
Chef le Pontife romain, et jamais sans ce Chef, est également sujet du pouvoir
suprême et plénier sur toute l'Eglise (27), pouvoir qui ne peut être exercé
qu'avec le consentement du Pontife romain. C'est le seul Simon que le Seigneur a
établi comme rocher et porteur des clefs de l'Eglise (cf. Mt. 16, 18-19)
et qu'il a fait pasteur de tout son troupeau (cf. Jn 21, 15 ss); mais la charge
de lier et de délier qui a été confiée à Pierre (Mi. 16, 19), on la voit
également impartie au collège des Apôtres uni à son chef (28) (cf. Mi.
18, 18; 28, 16-20). Ce Collège, en tant qu'il est composé de plusieurs membres,
reflète la variété et l'universalité du Peuple de Dieu; et en tant qu'il est
rassemblé sous un seul chef, il signifie l'unité du troupeau du Christ. C'est à
l'intérieur de ce Collège que les évêques, tout en respectant fidèlement la
primauté et la prééminence de leur Chef, exercent leur propre pouvoir pour le
bien de leurs fidèles et même de toute l'Église, tandis que le Saint-Esprit en
assure constamment la cohésion et la concorde. Le pouvoir suprême que possède ce
Collège sur toute l'Eglise s'exerce de façon solennelle dans le Concile
oecuménique. Il n'y a aucun Concile oecuménique qui n'ait été confirmé ou du
moins accepté comme tel par le successeur de Pierre; et c'est une prérogative du
Pontife romain de convoquer ces Conciles, de les présider et de les confirmer
(29). Ce même pouvoir collégial peut être exercé, en union avec le Pape, par les
évêques répandus en tous les points du monde à condition que le chef du collège
les appelle à une action collective ou, du moins, approuve ou accepte librement
l'action conjointe des évêques dispersés, en sorte qu'elle constitue un
véritable acte collégial.
Les relations à l'intérieur du collège
23. L'unité collégiale apparaît aussi dans les relations réciproques de chaque
évêque avec les Eglises particulières et avec l'Eglise universelle. Le Pontife
romain, comme successeur de Pierre, est le principe perpétuel et visible, le
fondement de l'unité tant des évêques que de la masse des fidèles (30). Chaque
évêque, de son côté, est le principe visible et le fondement de l'unité de son
Eglise particulière (31), formée à l'image de l'Eglise universelle; et c'est
dans toutes ces Eglises particulières et par elles qu'est constituée l'Eglise
catholique, une et unique (32). Par conséquent chaque évêque représente sa
propre Eglise et tous ensemble avec le Pape représentent l'Eglise entière dans
le lien de la paix, de l'amour et de l'unité.
Chaque évêque, préposé à une Eglise particulière, exerce
son gouvernement pastoral sur la portion du Peuple de Dieu qui lui a été
confiée et non sur les autres Eglises ni sur l'Eglise universelle. Mais, en
tant que membres du Collège épiscopal et successeurs légitimes des Apôtres,
tous les évêques sont tenus, par une disposition et un commandement du
Christ, d'avoir pour toute l'Eglise (33) une sollicitude qui, sans s'exercer
par un acte de juridiction, contribue considérablement au bien de l'Eglise
universelle. Tous les évêques, en effet, doivent promouvoir et défendre
l'unité de la foi et la discipline commune à toute l'Eglise, inculquer aux
fidèles l'amour de tout le Corps mystique du Christ, particulièrement des
membres pauvres et souffrants, l'amour de ceux qui sont persécutés pour la
justice (cf. Mt. 5, 10); et ,enfin, promouvoir toute activité commune
à l'Eglise entière, spécialement celle qui tend à accroître la foi et à
faire briller aux yeux de tous les hommes la lumière de la pleine vérité. Du
reste, il est certain qu'en gouvernant bien leur propre Eglise comme portion
de l'Eglise universelle ils contribuent eux-mêmes efficacement au bien de
tout le corps mystique, qui est également le corps des Eglises (34).
Le soin d'annoncer l'Evangile dans tous les coins du monde
incombe au corps des pasteurs: c'est à lui que le Christ en donna l'ordre,
lui imposant une charge commune, comme déjà le Pape Célestin le soulignait
devant les Pères du Concile d'Ephèse (35). Chaque évêque donc, pour autant
que le permet l'accomplissement de sa charge particulière, est tenu de
collaborer avec ses semblables et avec le successeur de Pierre, auquel tout
spécialement fut confiée la charge suprême de propager le nom chrétien (36).
De toutes leurs forces les évêques doivent procurer aux missions, non
seulement des ouvriers, mais aussi les secours spirituels et matériels aussi
bien directement par eux-mêmes qu'en suscitant de la part des fidèles une
fervente coopération. Enfin, dans une universelle communion de charité, ils
doivent offrir volontiers leur aide fraternelle aux autres Eglises,
principalement aux Eglises limitrophes et aux plus pauvres, suivant en cela
l'exemple vénérable de l'antiquité.
Par la grâce de la divine Providence, il est advenu que
diverses Eglises fondées en différents lieux par les Apôtres et leurs
successeurs se sont constituées à travers les siècles en des groupements
variés, unis en un tout organique. Tout en sauvegardant l'unité de la foi et
de la structure divinement instituée de l'Eglise universelle, ces Eglises
jouissent d'une discipline propre, d'une coutume liturgique particulière,
d'un patrimoine théologique et spirituel qui est le leur. Certaines d'entre
elles, surtout les anciennes Eglises patriarcales, telles des souches de la
foi, en ont suscité d'autres qui sont comme leurs filles et avec lesquelles
elles restent liées jusqu'à nos jours par un tien plus étroit de charité,
dans la vie sacramentelle et dans le respect réciproque des droits et des
devoirs (37). Cette variété d'Eglises locales convergeant dans l'unité
démontre avec plus d'évidence la catholicité de l'Eglise indivisible.
Pareillement les Conférences épiscopales peuvent aujourd'hui contribuer de
façon multiple et efficace à aiguiller le sentiment collégial vers des
réalisations concrètes.
Le ministère épiscopal
24. Les évêques, en tant que successeurs des Apôtres,
reçoivent du Seigneur, à qui tout pouvoir a été donné au ciel et sur la
terre, la mission d'enseigner à toutes les nations et de prêcher l'Évangile
à toute créature, afin que par la foi, le baptême et l'observance des
commandements, tous les hommes parviennent au salut (cf. Mt. 28,
18-20; Mc 16, 15-16; Act. 26, 17 s.). A cette fin,
Notre-Seigneur Jésus-Christ promit aux Apôtres le Saint-Esprit qu'au jour de
la Pentecôte il envoya du ciel, afin qu'avec la force de cet Esprit ils
soient ses témoins jusqu'aux extrémités de la terre devant les nations, les
peuples et les rois (cf. Act. 1, 8; 2, 1 ss.; 9, 15). Cette charge
que le Seigneur confia aux pasteurs de son peuple est un véritable service,
qui dans les saintes Ecritures est précisément appelé diakonia, c'est-à-dire
ministère (cf.
Act. 1, 17 et 25; 21.19; Rom. 11, 13; I Tire. 1, 12).
La mission canonique des évêques se transmet au moyen des
coutumes légitimes non révoquées par la suprême et universelle autorité de
l'Eglise, ou encore au moyen des lois créées ou reconnues par cette même
autorité, ou bien directement par le successeur même de Pierre; et si
celui-ci refuse ou dénie la communion apostolique, les évêques ne pourront
pas entrer en charge (38).
La fonction d'enseignement des évêques
25. Parmi les principaux devoirs des évêques se distingue
la prédication de l'Evangile (39). Les évêques, en effet, sont les hérauts
de la foi qui amènent au Christ de nouveaux disciples; ce sont des docteurs
authentiques, revêtus de l'autorité du Christ, qui prêchent au peuple commis
à leur soin les vérités de foi à croire et à appliquer dans la pratique de
la vie, qui éclairent ces mêmes vérités à la lumière du Saint-Esprit en
tirant du trésor de la Révélation du neuf et de l'ancien (Mt. 13,
52), qui les font fructifier et veillent à écarter de leur troupeau les
erreurs qui le menacent (cf. II Tim. 4, 1-4). Les évêques quand ils
enseignent en communion avec le Pontife romain, doivent être respectés par
tous comme les témoins de la vérité divine catholique; et les fidèles
doivent accepter l'avis donné par leur évêque au nom de Jésus-Christ en
matière de foi et de morale, et y adhérer avec un respect religieux. Mais
cette soumission religieuse de la volonté et de l'intelligence, on doit tout
particulièrement l'offrir au magistère authentique du Pontife romain, même
quand il ne parle pas ex cathedra, de telle sorte que son suprême magistère
soit respectueusement accepté et qu'avec sincérité l'on adhère aux décisions
qui émanent de lui, selon sa propre pensée et sa volonté manifeste;
celles-ci se manifestent spécialement soit par la nature des documents, soit
par de fréquents retours sur la même doctrine, soit dans la manière même de
parler.
Les évêques considérés isolément ne jouissent pas de la
prérogative de l'infaillibilité; cependant, même dispersés à travers le
monde et conservant le lien de la communion entre eux et avec le successeur
de Pierre, lorsque dans leur enseignement authentique concernant des
questions de foi et de morale ils déclarent d'un commun accord qu'il faut
soutenir sans hésiter tel point de doctrine, ils énoncent alors
infailliblement l'enseignement du Christ (40). Cela est encore plus évident
lorsque, rassemblés en Concile oecuménique, ils enseignent et décident pour
toute l'Eglise en matière de foi et de morale; et on doit adhérer à leurs
définitions dans l'obéissance de la foi (41).
Cette infaillibilité, dont le divin Rédempteur voulut que
soit pourvue son Eglise dans la définition de la doctrine concernant la foi
ou les moeurs, s'étend aussi loin que le contenu de la divine Révélation,
qu'il faut garder avec vénération et exposer fidèlement. Cette
infaillibilité, le Pontife romain, Chef du collège des évêques, la possède
en vertu de son office lorsque, en sa qualité de pasteur et de docteur
suprême de tous les fidèles qui confirme dans la foi ses frères (cf. Lc
22, 32), il proclame, en la définissant, une doctrine de foi ou de morale
(42). Voilà pourquoi ses définitions sont dites à juste titre irréformables
par elles-mêmes et non par suite du consentement de l'Eglise; elles sont en
effet prononcées avec l'assistance du Saint-Esprit, qui lui fut promise en
la personne du bienheureux Pierre, elles n'ont besoin d'aucune autre
approbation et ne tolèrent aucun appel à une autre instance. C'est que le
Pontife romain se prononce alors non pas à titre privé, mais expose ou
défend la foi catholique comme docteur suprême de l'Eglise universelle, en
qui réside d'une façon particulière le charisme de l'infaillibilité de
l'Eglise elle-même (43). L'infaillibilité promise à l'Eglise se trouve
également dans le corps des évêques, quand il exerce le magistère suprême
avec le successeur de Pierre. Et ces définitions rencontrent toujours
l'assentiment de l'Eglise, grâce à l'action du même Esprit qui conserve et
fait professer dans l'unité de la foi tout le troupeau du Christ (44).
Lorsque le Pontife romain ou le corps des évêques avec lui
définissent une vérité, ils l'entendent selon la Révélation elle-même, à
laquelle tous doivent adhérer et se conformer; révélation qui est
intégralement transmise par écrit ou par tradition à travers la légitime
succession des évêques et spécialement par les soins du Pontife romain
lui-même, et qui est jalousement conservée et fidèlement exposée dans
l'Eglise grâce à la lumière dont l'inonde l'Esprit de vérité (45). Cette
recherche et ces enseignements sont l'objet de soins attentifs de la part du
Pape et des évêques, selon que le requièrent les devoirs de leur charge et
l'importance même des vérités en cause (46); ceux-ci cependant n'acceptent
pas de nouvelle révélation publique comme appartenant au dépôt divin de la
foi (47).
La fonction de sanctification des évêques
26. L'évêque, revêtu de la plénitude du sacrement de
l'Ordre, est "l'économe de la grâce qui ressortit au suprême sacerdoce" (48)
spécialement en ce qui concerne l'Eucharistie, qu'il offre lui-même ou fait
offrir (49), dont l'Eglise vit continuellement et par laquelle elle
s'accroît. Cette Eglise du Christ est vraiment présente dans toutes les
communautés locales des fidèles, légitimement réunies autour de leurs
pasteurs et que le Nouveau Testament lui-même appelle "églises" (50). En
effet, là où elles se trouvent, se trouve aussi le Peuple nouveau appelé par
Dieu dans le Saint-Esprit et avec une pleine assurance (cf. I Thess.
1, 5). C'est en elles que l'annonce de l'Évangile du Christ rassemble les
fidèles, qu'est célébré le mystère de la Cène du Seigneur "afin que, par la
chair et le sang du Seigneur, soient étroitement unis tous les frères de la
communauté" (51). Toute assemblée eucharistique relevant du ministère sacré
de l'évêque (52) est un signe de cette charité et de cette "unité du Corps
mystique, sans laquelle il ne peut y avoir de salut" (53). Dans ces
assemblées souvent petites, pauvres et éloignées les unes des autres, le
Christ est présent, qui, par sa puissance, rassemble l'Eglise une, sainte,
catholique et apostolique (54). En effet "la participation au corps et au
sang du Christ ne fait rien d'autre que de nous transformer en ce que nous
prenons" (55).
Toute légitime célébration de l'Eucharistie est dirigée
par l'évêque, à qui incombe la charge d'offrir et de régler le culte de la
religion chrétienne dû à la divine Majesté, selon les préceptes du Seigneur
et les lois de l'Eglise, normes qu'il précise pour son diocèse. selon son
propre jugement.
Ainsi les évêques, priant et travaillant pour le peuple,
répandent-ils sous diverses formes et à profusion la plénitude de la
sainteté du Christ. Grâce au ministère de la parole ils font passer dans les
croyants la puissance de Dieu qui apporte le salut (cf. Rom. 1, 16);
et au moyen des sacrements, dont ils déterminent de leur propre autorité
l'administration correcte et fructueuse (56), ils sanctifient les fidèles.
Ils règlent l'administration du baptême qui donne part au sacerdoce royal du
Christ. Ils sont les ministres ordinaires de la confirmation, dispensateurs
des ordres sacrés et modérateurs de la discipline pénitentielle; avec
sollicitude, ils exhortent et instruisent leur peuple afin que dans la
liturgie et spécialement dans le saint sacrifice de la messe celui-ci
s'acquitte de sa fonction avec foi et piété. Ils doivent enfin par l'exemple
de leur vie, aider ceux qu'ils conduisent, garder leur conduite de tout mal
et la rendre bonne autant qu'il leur est possible, avec l'aide de Dieu;
ainsi pourront-ils en union avec le troupeau qui leur est confié, atteindre
la vie éternelle (57).
La fonction de gouvernement des évêques
27. Les évêques gouvernent les Eglises locales qui leur
soin confiées en qualité de vicaires et légats du Christ (58); ils le font
par leurs conseils, leurs paroles persuasives, leurs exemples, mais aussi
par des décisions faisant autorité et par le pouvoir sacré. Ce pouvoir, ils
ne s'en servent cependant que pour élever leur troupeau dans la vérité et
dans la sainteté, se rappelant que quiconque est le plus grand doit se faire
le plus petit, et qui est chef, comme le serviteur (cf. Lc 22,
26-27). Ce pouvoir qu'ils exercent personnellement au nom du Christ est
propre, ordinaire et immédiat, malgré que l'exercice en soit soumis en
dernier ressort à la suprême autorité de l'Eglise et puisse être circonscrit
en de certaines limites, eu égard au bien de l'Eglise ou des fidèles. En
vertu de ce pouvoir, les évêques ont le droit sacré et, aux yeux du
Seigneur, la charge de légiférer pour leurs sujets, de juger et de régler
tout ce qui touche au domaine du culte et de l'apostolat.
C'est à eux qu'est pleinement confiée la charge pastorale,
c'est-à-dire le soin habituel et quotidien de leur bercail; et ils ne
doivent pas être considérés comme vicaires des Pontifes romains, car ils
sont revêtus d'un pouvoir qui leur est propre et sont appelés en toute
vérité chefs spirituels des peuples qu'ils gouvernent (59). Leur pouvoir
donc n'est pas affaibli mais au contraire affermi, corroboré et défendu par
le pouvoir suprême et universel (60), puisque le Saint-Esprit conserve
indéfectiblement la forme de gouvernement établie par Notre-Seigneur
Jésus-Christ dans son Eglise.
L'évêque, envoyé par 1e Père pour gouverner sa famille,
aura devant les yeux l'exemple du Bon Pasteur qui est venu non pour être
servi mais pour servir (cf. Mt. 20, 28; Mc 10, 45) et donner
sa vie pour ses brebis (cf. Jn 10, 11). Pris parmi les hommes et
sujet aux faiblesses, il peut se montrer indulgent à l'égard de ceux qui
sont dans l'ignorance ou l'erreur (cf. Hébr. 5, 1-2). Il ne refusera
aucunement d'écouter ses sujets, qu'il aimera comme de vrais fils; et il les
exhortera à collaborer activement avec lui. Puisqu'il doit rendre compte à
Dieu de leurs âmes (cf. Hébr. 13, 17), il lui faut, par la prière, la
prédication et toutes les ressources de la charité, prendre soin d'eux et
aussi de ceux qui ne sont pas encore dans l'unique troupeau et qu'il
regardera comme lui étant confiés dans le Seigneur. Puisqu'à l'instar de
l'apôtre Paul, il est débiteur envers tous, il se montrera prompt à annoncer
l'Evangile à tous (cf. Rom. 1, 14-15) comme à exhorter ses fidèles à
l'activité apostolique et missionnaire. Les fidèles, de leur côté, doivent
adhérer à l'évêque comme l'Eglise adhère à Jésus-Christ et Jésus-Christ au
Père, afin que toutes les choses concordent par le moyen de l'unité (61) et
fructifient pour la gloire de Dieu (cf. II Cor. 4. 15).
Les prêtres dans leur relation au Christ, aux
évêques, au presbyterium et au peuple chrétien
28. Le Christ, que le Père a sanctifié et envoyé dans le
monde (cf. Jn 10, 36), a rendu participants de sa consécration et de sa
mission les Apôtres et, par eux, les évêques, leurs successeurs (62);
ceux-ci à leur tour ont légitimement transmis dans l'Église, selon divers
degrés et à des sujets différents, la charge pastorale qui leur incombait.
Ainsi le ministère ecclésiastique institué par Dieu est-il exercé, en divers
ordres, par ceux qui déjà dans l'antiquité sont appelés Évêques, Prêtres,
Diacres (63). Les prêtres, bien qu'ils ne possèdent pas la plénitude du
sacerdoce et dépendent des évêques dans l'exercice de leur pouvoir, leur
sont toutefois unis dans la dignité sacerdotale (64); en vertu du sacrement
de l'Ordre (65), ils sont, à l'image du Christ, Grand Prêtre éternel (cf.
Hébr. 5, 1-10; 7, 24; 9, 11-28), consacrés pour prêcher l'Evangile,
paître les fidèles célébrer le culte divin, comme vrais prêtres du Nouveau
Testament (66). Partageant, selon le degré de leur ministère, la mission de
l'unique Médiateur Jésus-Christ (I Tim. 2, 5), ils annoncent à tous la
divine parole. Mais c'est avant tout lors de la synaxe eucharistique qu'ils
exercent leur fonction sacrée; là, tenant la place du Christ (67) et
proclamant son mystère, ils joignent les prières des fidèles au sacrifice de
leur Chef et, dans le sacrifice de la messe, ils rendent présent à nouveau
et appliquent (68) jusqu'à la venue du Sauveur (cf. I Cor. 11, 26)
l'unique sacrifice du Nouveau Testament, celui du Christ, qui s'est offert
une fois pour toutes au Père comme victime immaculée (cf. Hébr. 9,
11-28). Ils exercent en outre le ministère de la réconciliation et du
réconfort auprès des fidèles repentants ou malades et portent à Dieu le Père
les besoins et les prières des fidèles (cf. Hébr. 5, 1-3).
Remplissant selon leur degré l'office du Christ, Pasteur et Chef (69), ils
rassemblent la famille de Dieu en une fraternité tendant vers un seul but
(70); et, par le Christ, dans l'Esprit, ils la conduisent au Père, qu'au
milieu de leur troupeau ils adorent en esprit et vérité (cf. Jn 4,
24). Ils s'adonnent enfin à la prédication et à l'enseignement (cf. I Tim.
5, 17), croyant ce qu'ils ont lu et médité dans la loi du Seigneur,
enseignant ce qu'ils ont cru, vivant ce qu'ils ont enseigné (71).
Les prêtres, collaborateurs vigilants de l'épiscopat (72),
établis pour l'aider et lui servir d'organe, appelés à servir le Peuple de
Dieu, forment avec leur évêque un unique corps sacerdotal (73)
(presbyterium) réparti, bien sûr, dans diverses tâches. Dans chacune des
communautés locales de fidèles ils rendent pour ainsi dire présent, par leur
fidèle et généreuse collaboration, l'évêque dont ils assument, chacun pour
sa part, les devoirs et les préoccupations en en faisant l'objet de leur
constante sollicitude. Sous l'autorité de l'évêque, ils sanctifient et
gouvernent cette portion du troupeau qui leur est confiée; là où ils se
trouvent, ils rendent visible l'Eglise universelle et contribuent à
l'édification de tout le Corps mystique du Christ (cf. Eph. 4, 12).
Toujours attentifs au bien des fils de Dieu, ils essaieront d'orienter leur
activité apostolique en fonction d'une pastorale d'ensemble, au niveau du
diocèse et même de toute l'Eglise. Et en raison de cette participation dans
le sacerdoce et dans le travail apostolique, que les prêtres reconnaissent
dans l'évêque leur père et lui obéissent avec respect. L'évêque, pour sa
part, doit considérer les prêtres, ses collaborateurs, comme des fils et des
amis, à l'instar du Christ qui appelle ses disciples non des serviteurs,
mais des amis (cf. Jn 15, 15). Ainsi, en raison de leur ordre et de
leur ministère, tous les prêtres, tant diocésains que religieux, sont
associés au corps épiscopal et, selon leur vocation et la grâce qui leur est
donnée, ils servent au bien de toute l'Eglise.
En vertu de l'ordination sacrée qui leur est commune ainsi
que par leur mission, tous les prêtres sont liés entre eux par une grande
fraternité, qui doit se manifester spontanément dans l'entraide spirituelle
et matérielle, pastorale et personnelle, au cours des réunions et dans la
communion de vie, de travail et de charité.
Qu'ils prennent soin, comme des pères dans le Christ, des
fidèles qu'ils ont spirituellement engendrés par le baptême et
l'enseignement chrétien (cf. I Cor. 4, 15; I Petr. 1, 23). Se
faisant les modèles du troupeau (I Petr. 5, 3) qu'ils dirigent et
servent leur communauté locale en sorte que celle-ci puisse être dignement
appelée du nom dont s'honore l'unique Peuple de Dieu tout entier,
c'est-à-dire Eglise de Dieu (cf. I Cor. I, 2; II Cor. 1, 1; et
passim). Et ils se rappelleront que, dans leur conduite et leurs occupations
quotidiennes, ils doivent présenter aux fidèles comme aux infidèles, aux
catholiques et aux non catholiques, les traits d'un ministère vraiment
sacerdotal et pastoral, rendre à tous le témoignage de la vérité et de la
vie et, comme de bons pasteurs, rechercher aussi ceux (cf. Lc 15,
4-7) qui, baptisés dans l'Eglise catholique, ont abandonné la pratique des
sacrements ou même la foi.
De nos jours, l'humanité tend de plus en plus à s'unifier
à la fois sur les plans civil, économique et social; il est donc d'autant
plus nécessaire que les prêtres, mettant en commun leur zèle et leur travail
sous l'égide des évêques et du souverain Pontife, suppriment toute cause de
discorde afin que le genre humain tout entier accède à l'unité de la famille
de Dieu.
Les diacres
29. Au degré suivant de la hiérarchie se trouvent les
diacres qui reçoivent l'imposition des mains "non en vue du sacerdoce, mais
du ministère" (74). En effet, soutenus par la grâce sacramentelle, de
concert avec l'évêque et son presbyterium, ils servent le Peuple de Dieu
dans l'office liturgique, le ministère de la prédication, les secours de la
charité. Il revient au diacre, après détermination de l'autorité compétente,
d'administrer solennellement Le baptême, de conserver et de distribuer
l'Eucharistie, d'assister à un mariage et de le bénir au nom de l'Eglise, de
porter le Viatique aux moribonds, de lire la sainte Ecriture aux fidèles,
d'instruire et d'exhorter le peuple, de présider le culte et la prière des
fidèles, d'administrer les sacramentaux, d'accomplir les rites des
funérailles et de la sépulture. Voués aux oeuvres de charité et
d'assistance, les diacres se rappelleront l'avertissement de saint
Polycarpe: "Miséricordieux, empressés, marchant dans la vérité du Seigneur,
qui s'est fait le serviteur de tous" (75).
Aujourd'hui, cependant, ces offices extrêmement
nécessaires à la vie de l'Eglise, peuvent difficilement s'exercer dans la
discipline de l'Eglise latine telle qu'elle existe en de nombreuses régions;
le diaconat pourra donc à l'avenir être rétabli comme degré distinct et
permanent de la hiérarchie. Il appartient aux diverses conférences
territoriales d'évêques ayant compétence en la matière de décider, en accord
avec le souverain Pontife, s'il est ou non opportun pour le bien des âmes
d'instituer un tel diaconat, et en quel endroit la chose peut se faire. Avec
le consentement du Pontife romain, ce diaconat pourra être conféré à des
hommes d'âge mûr, même s'ils vivent dans le mariage, et aussi à des jeunes
hommes jugés aptes à cette fonction, la loi du célibat demeurant pour eux en
vigueur.
CHAPITRE IV
LES LAÏCS
Introduction
30. Après avoir traité des devoirs de la hiérarchie, le saint Concile se penche
avec sollicitude sur la condition de ces fidèles qu'on appelle les laïcs.
Tout ce qui a été dit du Peuple de Dieu s'adresse aussi bien aux laïcs
qu'aux religieux et aux clercs; parmi ces traits cependant, il en est
quelques-uns qui concernent particulièrement les laïcs, hommes ou femmes, eu
égard à leur état de vie et à leur mission. Ces traits, on doit en retracer
avec grand soin les fondements en raison des circonstances propres à notre
temps. Les pasteurs savent parfaitement, en effet, combien les laïcs
contribuent au bien de toute l'Eglise; et ils savent qu'eux-mêmes n'ont pas
été institués par le Christ pour assumer à eux seuls toute la mission
salvatrice de l'Eglise envers le monde, mais qu'ils ont la charge sublime de
paître si bien les fidèles, de si bien reconnaître chez eux les ministères
et les charismes, que tous coopèrent à leur mesure et d'un même coeur à
l'oeuvre commune. Car il faut que tous "vivant selon la vérité et dans la
charité, nous croissions de toute manière vers Celui qui est le Chef, le
Christ, dont le Corps tout entier reçoit concorde et cohésion par toutes
sortes de jointures qui le nourrissent et l'actionnent selon le rôle de
chaque partie, opérant ainsi sa croissance et se construisant lui-même dans
la charité" (Eph. 4, 15-16).
Acception du mot "laïc"
31. Sous le nom de laïcs nous entendons ici tous les fidèles, à l'exclusion des
membres engagés dans un ordre sacré et dans un état religieux reconnu par
l'Eglise; c'est-à-dire les fidèles qui, après avoir été incorporés au Christ par
le baptême, ont été associés au Peuple de Dieu et rendus à leur manière
participants de l'office sacerdotal, prophétique et royal du Christ, et qui
exercent pour leur part la mission dévolue au peuple chrétien tout entier dans
l'Eglise et dans le monde.
Le temporel est un domaine propre aux laïcs et qui les caractérise. Ceux qui en
effet sont dans les ordres sacrés peuvent bien s'occuper de choses
temporelles et même exercer une profession séculière; cependant, de part
leur vocation spéciale, ils sont d'abord et proprement destinés au ministère
sacré, tandis que les religieux, dans leur condition, témoignent avec un
éclat tout particulier du fait que le monde ne saurait être transfiguré ni
offert à Dieu sans l'esprit des béatitudes. De par leur vocation propre, il
revient aux laïcs de chercher le royaume de Dieu en administrant les choses
temporelles et en les ordonnant selon Dieu. Ceux-ci vivent dans le siècle,
engagés dans toutes et chacune des allures du monde, plongés dans l'ambiance
où se meuvent la vie de famille et la vie sociale dont leur existence est
comme tissée. C'est là qu'ils sont appelés par Dieu, jouant ainsi le rôle
qui leur est propre et guidés par l'esprit évangélique, à travailler comme
de l'intérieur, à la manière d'un ferment, à la sanctification du monde et à
manifester ainsi le Christ aux autres, principalement par le témoignage de
leur propre vie, par le rayonnement de leur foi, de leur espérance et de
leur charité. C'est à eux qu'il revient particulièrement d'illuminer et
d'ordonner toutes les choses temporelles auxquelles ils sont étroitement
liés, en sorte qu'elles soient toujours accomplies selon le Christ, qu'elles
croissent et soient à la louange du Créateur et Rédempteur.
La dignité des laïcs, membres du Peuple de Dieu
32. Grâce à son institution divine, la sainte Eglise présente une structure et
un gouvernement admirablement diversifiés. "De même, en effet, que notre
corps en son unité possède beaucoup de membres et que ces membres n'ont pas
tous la même fonction, ainsi nous à plusieurs, nous ne formons qu'un seul
corps dans le Christ, étant, chacun pour sa part, membres les uns des
autres" (Rom. 12, 4-5).
Le peuple élu de Dieu est donc un: "Un seul Seigneur, une seule foi, un seul
baptême" (Eph. 4, 5). La dignité des membres est commune à tous par
le fait de leur régénération dans le Christ; commune est la grâce des fils,
commune la vocation à la perfection, unique est le salut, unique l'espérance
et indivise la charité. Il n'existe donc pas d'inégalité dans le Christ et
dans l'Église en raison de la race ou de la nation, de la condition sociale
ou du sexe, car "il n'y a plus ni juifs ni gentils, il n'y a plus ni
esclaves ni hommes libres, il n'y a plus ni hommes ni femmes: vous êtes tous
un dans le Christ Jésus" (G. 3, 28 gr., cf. Col. 3, 11).
Si donc dans l'Eglise tous ne cheminent pas en suivant la même voie, tous
cependant sont appelés à la sainteté et ont reçu en partage une foi du même
prix par la justice de Dieu (cf. II Petr. 1, 1). Même si certains.
par la volonté du Christ, sont mis à la tête des autres comme docteurs,
dispensateurs des mystères et pasteurs, il existe cependant entre tous une
véritable égalité, sur les plans de la dignité et de l'action commune, en ce
qui regarde l'édification du Corps du Christ. En effet, la distinction posée
par le Seigneur entre les ministres sacrés et le reste du Peuple de Dieu
comporte l'union que des devoirs communs aux pasteurs et aux autres fidèles
créent entre eux: devoir pour les pasteurs de l'Eglise, à l'exemple du
Christ, de se mettre au service les uns des autres et au service des
fidèles; et pour ces derniers de prêter volontiers leur concours aux
pasteurs et aux docteurs. Ainsi, dans la diversité, tous rendent témoignage
de l'admirable unité qui existe dans le Corps du Christ; car la diversité
même des grâces, des ministères et de l'action rassemble en un seul tout les
fils de Dieu, puisque "c'est un seul et même esprit qui opère toutes ces
choses" (1 Cor. 12, 11).
Par la bienveillance divine, les laïcs ont donc pour frère le Christ qui, étant
le Seigneur de toutes choses, n'est pourtant pas venu pour être servi, mais
pour servir (cf. Mt. 20, 28); ainsi, ont-ils également pour frères
ceux qui, préposés aux fonctions sacrées, enseignent, sanctifient et
régissent, paissant la famille de Dieu de par l'autorité du Christ, en sorte
que le précepte nouveau de la charité soit accompli par tous. Saint Augustin
dit fort bien à ce sujet: "Si ce que je suis pour vous m'effraie, être avec
vous me console. Car pour vous je suis évêque et avec vous je suis chrétien.
Le premier titre est celui de la dignité dont je suis revêtu, et le second,
celui de la grâce. L'un ne me présente que des dangers, l'autre est pour moi
un gage de salut" (1).
La vie par rapport au salut et à l'apostolat
33. Les laïcs, rassemblés dans le Peuple de Dieu et constitués en Corps unique
du Christ sous un seul chef, sont tous appelés, quels qu'ils soient, à
contribuer comme des membres vivants et de toutes les forces qu'ils ont
reçues de la bonté du Créateur et de la grâce du Rédempteur, à
l'accroissement de l'Eglise et à son ascension continuelle dans la
sainteté.
L'apostolat des laïcs est donc une participation à la mission salvatrice de
l'Eglise elle-même. Cet apostolat, tous y sont destinés par le Seigneur
lui-même en vertu de leur baptême et de leur confirmation. Les sacrements,
et en particulier la sainte Eucharistie, communiquent et alimentent cet
amour envers Dieu et envers les hommes qui est l'âme de tout l'apostolat.
Cependant, les laïcs sont par-dessus tout appelés à rendre l'Eglise présente
et agissante en tout lieu et en toute circonstance où elle ne peut devenir
le sel de la terre que par leur intermédiaire (2). Ainsi tout laïc, en vertu
des dons qu'il a reçus, est le témoin et, en même ,temps, l'instrument
vivant de la mission de l'Eglise "selon la mesure du don du Christ" (Eph.
4, 7).
Outre cet apostolat qui incombe à tous les fidèles sans exception, les laïcs
peuvent également être appelés, de diverses manières, à collaborer plus
immédiatement à l'apostolat de la hiérarchie (3), à l'instar des hommes et
des femmes qui aidaient l'apôtre Paul à évangéliser, et peinaient beaucoup
dans le Seigneur (cf. Phil. 4, 3;
Rom. 16, 3 ss). Ils sont, en outre, susceptibles d'être appelés par la
hiérarchie à exercer certaines tâches ecclésiastiques dans un but
spirituel.
C'est donc une magnifique tâche qui attend tous les laïcs: celle de travailler à
ce que le plan divin du salut se réalise toujours davantage dans chacun des
hommes en tous les temps et par toute la terre. Que de toutes parts donc, la
voie leur soit ouverte afin que, selon leurs forces et les besoins actuels, ils
puissent, eux aussi, travailler avec ardeur à l'oeuvre salvatrice de l'Eglise.
Participation des laïcs au sacerdoce commun et au culte
34. Le Christ Jésus, Grand Prêtre éternel, voulant poursuivre également par le
moyen des laïcs son témoignage et son service auprès des hommes, les vivifie par
son Esprit et les invite sans cesse à toute oeuvre bonne et parfaite.
En effet, ceux qu'il unit intimement à sa vie et à sa mission, il leur donne
également part à son office sacerdotal pour qu'ils exercent un culte
spirituel, afin que Dieu soit glorifié et les hommes sauvés. En conséquence,
les laïcs voués au Christ et commis par l'Esprit-Saint sont admirablement
appelés et merveilleusement pourvus, en sorte que les fruits de l'Esprit
croissent toujours en eux en plus grande abondance. En effet, toutes leurs
actions, leurs prières, leurs initiatives apostoliques, leur vie conjugale
et familiale, leur travail journalier, leurs loisirs et leurs
divertissements, s'ils sont vécus dans l'Esprit, et même les épreuves de la
vie supportées avec patience deviennent "des sacrifices spirituels agréables
à Dieu par Jésus-Christ" (I Petr. 2, 5); et ces sacrifices sont
pieusement offerts au Père dans la célébration eucharistique avec l'oblation
du Corps du Seigneur. De cette manière, les laïcs, en une sainte et
universelle adoration, consacrent à Dieu le monde même.
Participation des laïcs à la l'onction prophétique du Christ et au
témoignage
35. Le Christ, notre grand Prophète, qui, par le témoignage de sa vie et la
puissance de sa parole, a proclamé le Royaume du Père, accomplit son office
prophétique jusqu'à la pleine manifestation de la gloire, non seulement par
le moyen de la hiérarchie qui enseigne en son nom et en vertu de son
pouvoir, mais aussi par le moyen des laïcs dont il fait aussi ses témoins et
qu'il remplit du sens de la foi et du don de sa parole (cf. Act. 2,
17-18;
Apoc. 19, 10), afin que la force de l'Evangile resplendisse dans la vie
quotidienne, familiale et sociale. Les laïcs se montrent fils de la
promesse, si, persévérant dans la foi et dans l'espérance, ils mettent à
profit le temps présent (cf. Eph. 5, 16; Col. 4, 5) et
attendent avec patience la gloire future (cf. Rom. 8, 25). Cette
espérance ils ne doivent pas l'enfouir au fond de leurs âmes, mais, par une
conversion continuelle et la lutte "contre les dominateurs de ce monde de
ténèbres, contre les esprits malins" (Eph. 6, 12), ils doivent la
faire passer aussi dans les structures de la vie terrestre.
Les sacrements de la Nouvelle Loi, qui soutiennent la vie et l'apostolat des
fidèles, annoncent un ciel nouveau et une terre nouvelle (cf. Apoc.
21, 1); de même les laïcs deviennent les hérauts de la foi aux choses que
l'on espère (cf. Hébr. 11, 1), s'ils joignent résolument une vie de
foi à la profession de cette foi. Cette évangélisation, véritable annonce du
Christ proclamée par la parole et le témoignage de la vie, présente un
aspect tout à fait caractéristique et possède une efficacité particulière du
seul fait qu'elle est accomplie dans les conditions ordinaires de la vie
courante.
Cette vocation du laïc laisse apparaître la grande valeur d'un état de vie
sanctifié par un sacrement particulier, savoir la vie matrimoniale et
familiale. C'est là où la religion chrétienne pénètre la vie tout entière et
la transforme que se trouve la meilleure école préparant à l'apostolat laïc.
Là, les conjoints ont pour vocation propre d'être l'un pour l'autre, et
aussi pour leurs enfants, des témoins de la foi et de l'amour du Christ. La
famille chrétienne proclame à haute voix la puissance actuelle du Royaume de
Dieu et l'espérance de la vie bienheureuse. Ainsi, par son exemple et par
son témoignage, elle convainc le monde de péché et illumine les hommes en
quête de vérité.
Les laïcs donc, même lorsqu'ils sont accaparés par des soucis temporels,
peuvent et doivent exercer une action importante eu égard à l'évangélisation
du monde. Certains d'entre eux, à défaut de ministres sacrés ou lorsque
ceux-ci en sont empêchés par la persécution, emplissent une suppléance,
selon leurs pouvoirs, en certains offices sacrés. Nombre d'entre eux
consacrent toutes leurs forces au travail apostolique. Tous cependant se
doivent de coopérer à l'extension et à la croissance du Royaume du Christ
dans le monde. Aussi les laïcs s'attacheront-ils avec diligence à
approfondir la vérité révélée et demanderont-ils à Dieu, avec insistance, le
don de sagesse.
Participation des laïcs au service royal
36. Le Christ qui s'est fait obéissant jusqu'à la mort et qui, à cause de cela,
a été exalté par le Père (cf. Phil. 2, 8-9) et est entré dans la
gloire de son royaume, à qui toute chose est soumise jusqu'à ce que lui-même
se soumette au Père et avec lui toutes les créatures, afin que Dieu soit
tout en tous (cf. I Cor. 15, 27-28), a communiqué sa puissance à ses
disciples afin qu'ils soient, eux aussi, établis dans la liberté royale, que
par l'abnégation d'eux-mêmes et une vie sainte, ils puissent vaincre en eux
la domination du péché (cf. Rom. 6, 12), et que, servant le Christ
même dans les autres, ils conduisent avec humilité et patience, leurs frères
au Roi dont il est dit que le servir c'est régner. Le Seigneur, en effet,
désire, même avec la collaboration des fidèles laïcs, étendre son royaume,
royaume "de vérité et de vie, royaume de sainteté et de grâce, royaume de
justice, d'amour et de paix" (4). Dans ce royaume la créature elle-même sera
libérée de l'esclavage de la corruption pour participer à la glorieuse
liberté des fils de Dieu (cf. Rom. 8, 21). C'est, à la vérité, une
grande promesse et un grand commandement qui sont donnés aux disciples par
ces paroles: "Tout est à vous, mais vous êtes au Christ et le Christ est à
Dieu" (I Cor. 3, 23).
Les fidèles doivent, en conséquence, reconnaître la nature intime de toute la
création, sa valeur et sa destination à la louange de Dieu. Ils doivent
aussi s'aider les uns les autres en vue d'une vie plus sainte, même par des
oeuvres proprement profanes, afin que le monde soit imprégné de l'esprit du
Christ et atteigne plus efficacement son but dans la justice, la charité et
la paix. C'est en remplissant universellement cet office que les laïcs
occupent un poste de premier plan. Par leur compétence dans les disciplines
profanes et grâce à leur action, élevée à une valeur surnaturelle par la
grâce du Christ, ils doivent de toutes leurs forces contribuer à la mise en
valeur des biens créés, selon le commandement donné par le Créateur et à la
lumière de sa Parole; et cela grâce au travail humain, à la technique et à
l'oeuvre civilisatrice, pour l'utilité de tous les hommes sans exception.
Ils travailleront aussi à répartir plus équitablement ces biens entre les
hommes et à faire servir ces mêmes biens au progrès universel, dans la
liberté humaine et chrétienne. Ainsi le Christ, par les membres de l'Eglise,
illuminera toujours davantage la société humaine tout entière de sa lumière
salvifique.
Au reste, les laïcs s'efforceront tous ensemble d'assainir les institutions
humaines et les conditions de vie, si les moeurs qu'elles comportent
entraînent tant soit peu au péché; ainsi tout cela sera-t-il rendu conforme
aux normes de la justice et favorable, plutôt que nuisible, à la pratique
des vertus chrétiennes.
En agissant ainsi, les laïcs imprégneront de valeur morale la culture et les
oeuvres humaines. De cette manière, le champ du monde sera mieux préparé à
recevoir la semence de la parole divine et, en même temps, les portes
s'ouvriront davantage à l'Eglise pour laisser passer dans ce monde le
message de la paix.
En raison même de l'économie du salut, les fidèles apprendront à bien
distinguer entre les droits et les devoirs qui leur incombent du fait de
leur appartenance à l'Eglise, et ceux qui leur reviennent en tant que
membres de la société humaine. Ils doivent s'efforcer de les mettre en
harmonie les uns avec les autres, se rappelant que, dans toute chose
temporelle, ils doivent se guider d'après la conscience chrétienne: car
aucune activité humaine, même dans les choses temporelles, ne peut être
soustraite à l'autorité de Dieu. A notre époque, il est extrêmement
important que cette distinction et cette harmonie resplendissent toutes deux
avec le plus grand éclat dans la façon d'agir des fidèles, afin que la
mission de l'Eglise puisse répondre plus pleinement aux conditions
particulières du monde d'aujourd'hui. De même qu'on doit reconnaître qu'une
cité terrestre, aux prises - et à juste titre - avec des problèmes
terrestres, obéisse à des lois qui lui sont propres, de même faut-il, et au
même titre, rejeter la théorie néfaste qui prétend construire la société
sans tenir aucun compte de la religion et qui combat ou détruit la liberté
religieuse des citoyens(5).
Relation à la hiérarchie
37. Les laïcs, comme tous les fidèles, ont le droit de recevoir en abondance
des pasteurs les biens spirituels de l'Eglise, surtout le réconfort que
procurent la parole de Dieu et les sacrements (6). Que les laïcs manifestent
donc aux pasteurs leurs besoins et leurs désirs avec cette liberté et cette
confiance qui conviennent à des fils de Dieu et à des frères dans le Christ.
Selon la science, la compétence et l'autorité dont ils jouissent, ils
peuvent, et même parfois ils doivent donner leur avis en ce qui concerne le
bien de l'Eglise (7). Si tel est le cas, qu'on procède par le moyen des
organes institués à cette fin par l'Eglise et toujours dans le respect de la
vérité, avec courage et prudence, et avec le respect et la charité qui sont
dus à ceux qui, en raison de leur fonction sacrée, représentent le Christ.
Les laïcs, comme tous les fidèles, accueilleront avec promptitude et dans
l'obéissance chrétienne ce que les pasteurs, représentants du Christ, auront
décidé en tant que docteurs et chefs de l'Eglise; ils suivront alors
l'exemple du Christ qui, par son obéissance jusqu'à la mort, a ouvert à tous
les hommes la voie bienheureuse de la liberté des fils de Dieu. Et ils ne
négligeront pas de recommander à Dieu dans leurs prières leurs supérieurs,
qui veillent sur nos âmes, comme devant en rendre compte, afin que ceux-ci
s'acquittent allègrement de leur tâche et non pas en gémissant (cf. Hébr.
13, 17).
D'autre part, les pasteurs doivent reconnaître et promouvoir la dignité et la
responsabilité des laïcs dans l'Eglise, utiliser volontiers leurs avis
prudents, leur assigner des postes de confiance au service de l'Eglise, leur
accorder la liberté d'action et un champ où ils puissent l'exercer, et même
les encourager à entreprendre des oeuvres de leur propre initiative. Ils
doivent aussi considérer avec attention et affection paternelle dans le
Christ les projets, les demandes et les désirs proposés par les laïcs (8).
En outre, les pasteurs auront soin de reconnaître la juste liberté dont
chacun doit jouir dans la cité terrestre.
De ces rapports familiers entre laïcs et pasteurs, on doit attendre pour
l'Eglise de nombreux et d'heureux résultats. De cette manière, en effet, les
laïcs acquerront davantage le sens de leur propre responsabilité; leur élan
sera soutenu et leurs forces plus facilement associées à l'oeuvre des
pasteurs. Ceux-ci, aidés par l'expérience des laïcs, pourront juger avec
plus de clarté et d'opportunité dans le domaine spirituel aussi bien que
dans le domaine temporel. Et ainsi, l'Eglise entière, fortifiée par tous ses
membres, accomplira avec une plus grande efficacité sa mission pour la vie
du monde.
Conclusion
38. Tout laïc doit être, à la face du monde, un témoin de la résurrection et de
la vie du Seigneur Jésus, un signe du Dieu vivant. Tous ensemble, et chacun
pour sa part, ils doivent nourrir le monde de fruits spirituels (cf. Gal.
5, 22) et répandre en lui l'esprit dont sont animés ces pauvres, ces doux et
ces pacifiques que le Seigneur a proclamés bienheureux dans l'Evangile (cf.
Mt. 5, 3-9). En un mot: "Ce qu'est l'âme dans le corps, que les
chrétiens le soient dans le monde" (9).
CHAPITRE V
LA VOCATION UNIVERSELLE À LA SAINTETÉ
DANS L'ÉGLISE
Introduction
39. Cette Eglise, dont le saint Concile expose le mystère,
la foi lui reconnaît une sainteté sans défaillance. En effet, le Christ,
Fils de Dieu, qui avec le Père et le Saint-Esprit est proclamé "le seul
Saint" (1), a aimé l'Eglise comme son épouse et s'est donné pour elle afin
de la sanctifier (cf. Eph. 5, 25-26). Il l'a unie à lui comme son
corps et l'a comblée du don de l'Esprit-Saint, pour la gloire de Dieu. Voilà
pourquoi tous les membres de l'Eglise, tant ceux qui appartiennent à la
hiérarchie que ceux qui sont dirigés par elle, sont appelés à la sainteté,
selon l'expression de l'Apôtre: "La volonté de Dieu c'est votre
sanctification" (I Thess. 4, 3; Eph. 1, 4). Cette sainteté de
l'Eglise se manifeste constamment et doit se manifester par les richesses de
la grâce que l'Esprit-Saint produit chez les fidèles; elle s'exprime
différemment en chacun de ceux qui, dans la conduite de leur vie,
parviennent, en édifiant le prochain, à la perfection de la charité; elle
apparaît en quelque sorte proprement dans la pratique des conseils qu'on
appelle d'ordinaire "évangéliques". Cette pratique des conseils, embrassée
par beaucoup de chrétiens sous l'impulsion du Saint-Esprit, soit privément,
soit dans une condition ou un état reconnus dans l'Eglise, porte et doit
porter dans le monde un témoignage remarquable et un éclatant exemple de
cette sainteté.
L'appel universel à la sainteté
40. Le Seigneur Jésus, Maître et Modèle divin de toute perfection, a prêché
cette sainteté de la vie, dont lui-même est l'auteur et qu'il conduit à son
achèvement, à tous et à chacun de ses disciples, quelle que soit sa condition:
"Soyez donc parfaits comme votre Père céleste est parfait"(2) (Mt. 5,
48). En effet, il envoya à tous le Saint-Esprit qui les incite intérieurement à
aimer Dieu de tout leur coeur, de toute leur âme, de tout leur esprit et de
toutes leurs forces (cf. Mc 12, 30), et à s'aimer les uns les autres
comme le Christ les a aimés (cf. Jn 13, 34; 15, 12). Les adeptes du
Christ, appelés par Dieu et justifiés en Jésus-Christ non à cause de leurs
oeuvres, mais selon le dessein et la grâce de Dieu, sont vraiment devenus, dans
le baptême de la foi, fils de Dieu et participants de la nature divine et ont
été, par conséquent, réellement sanctifiés. Ils doivent donc, avec l'aide de
Dieu, maintenir et perfectionner dans leur vie cette sainteté qu'ils ont reçue.
L'Apôtre les exhorte à vivre "comme il convient à des saints" (Eph. 5,
3), à se revêtir, "comme il convient à des élus de Dieu, saints et agréables, de
sentiments de miséricorde, de bonté, d'humilité, de mansuétude et de patience" (Col.
3, 12), et à recueillir les fruits de l'Esprit en vue de leur sanctification
(cf. Gal. 5, 22; Rom. 6, 22). Et puisque tous nous commettons bien
des fautes (cf. Jac. 3, 2), nous avons continuellement besoin de la
miséricorde de Dieu et devons demander chaque jour: "Remets-nous nos dettes" (3)
(Mt. 6, 12).
Il est donc clair pour tous que chacun des fidèles, peu importe son état ou son
rang, est appelé à la plénitude de la vie chrétienne et à la perfection de la
charité (4). Au reste, par une telle sainteté il contribue à rendre plus humaine
la manière de vivre dans la société terrestre elle-même. A l'acquisition de
cette perfection les fidèles emploieront leurs forces, salon la mesure du don du
Christ; si bien que, suivant ses traces, devenus conformes à son image et soumis
en tout à la volonté du Père, ils se consacreront de tout coeur à la gloire de
Dieu et au service du prochain. Ainsi la sainteté du Peuple de Dieu donnera des
fruits abondants, comme la vie de tant de saints le manifeste excellemment dans
l'histoire de l'Eglise.
La pratique multiforme de l'unique sainteté
41. En divers genres de vie et parmi des occupations différentes, c'est une
unique sainteté que cultivent ceux qui sont mus par l'Esprit de Dieu;
obéissant à la voix du Père et adorant le Père en esprit et en vérité, ils
suivent le Christ pauvre, humble et chargé de la croix, pour mériter de
participer à sa gloire. Chacun doit, selon ses capacités et sans aucune
hésitation, s'engager dans la voie de la foi vive qui éveille l'espérance et
opère par la charité.
A l'image du Grand-Prêtre éternel, pasteur et évêque de nos âmes, les pasteurs
du troupeau du Christ doivent, avant toutes choses, accomplir leur ministère
dans la sainteté, avec élan, humilité et courage. Un tel ministère ainsi
rempli sera pour eux un moyen idéal de sanctification. Élus à la plénitude
du sacerdoce, ils reçoivent une grâce sacramentelle qui leur permet
d'exercer parfaitement le devoir de la charité pastorale par la prière,
l'offrande du saint sacrifice et la prédication, par tout ce qui sollicite
l'attention et requiert l'activité d'un évêque (5). Qu'ils ne craignent pas
de donner leur propre vie pour les brebis et, se faisant les modèles de leur
troupeau (cf. I Petr. 5, 3), qu'ils suscitent également par leur
exemple, au sein de leur Eglise, une sainteté sans cesse grandissante.
A l'instar des évêques, dont ils forment la couronne spirituelle (6), et ayant
part grâce au Christ, éternel et unique Médiateur, à la grâce que comporte
la charge d'évêque, les prêtres doivent, par l'accomplissement quotidien de
leur devoir, grandir dans l'amour de Dieu et du prochain, conserver intact
le lien de la communion sacerdotale, abonder en toutes sortes de biens
spirituels et donner à tous le vivant témoignage de Dieu (7); tels ces
prêtres qui, au cours des siècles, dans un ministère souvent humble et
obscur, ont laissé un magnifique exemple de sainteté, et dont l'Eglise de
Dieu fait la louange. En s'acquittant du devoir de la prière et du saint
sacrifice en faveur de leurs ouailles et pour toue le peuple de Dieu, en
ayant conscience de ce qu'ils font et en imitant ce qu'ils touchent (8),
loin d'être arrêtés par les soucis, les périls et les fatigues de
l'apostolat, ils parviendront, au contraire, par ces moyens, à une haute
sainteté, s'ils ont soin de nourrir et d'alimenter leur action aux sources
inépuisables de la contemplation pour la joie de l'Eglise de Dieu tout
entière. Tous les prêtres, et principalement ceux qui, d'après le titre
spécial de leur ordination, sont appelés prêtres diocésains, se rappelleront
combien la fidélité à leur évêque, leur généreuse coopération avec lui
contribuent grandement à leur sanctification.
Cette mission et cette grâce du sacerdoce suprême, les ministres d'ordre
inférieur et, en premier lieu, les diacres y participent également de façon
particulière. Officiant aux mystères du Christ et de l'Eglise (9), ceux-ci
doivent se maintenir purs de tout vice, plaire à Dieu et s'employer à toutes
sortes de bonnes oeuvres devant les hommes (cf. I Tim. 3, 8-10 et
12-13). Les clercs, appelés par le Seigneur, mis à part pour son service et
qui se préparent sous la vigilance des pasteurs, à la charge de ministres
sacrés, doivent conformer leurs esprits et leurs coeurs à une élection aussi
sublime. Adonnés à l'oraison, fervents dans la charité, qu'ils soient
attentifs à tout ce qui est vrai, juste et de bonne renommée, agissant
uniquement pour la gloire et l'honneur de Dieu. A ces clercs il faut joindre
les laïcs choisis par Dieu et que l'évêque invite à s'adonner plus
complètement aux oeuvres apostoliques et à travailler fructueusement dans la
vigne du Seigneur (10).
Les époux et les parents chrétiens, engagés dans la voie qui leur est propre et
fidèles à leur amour, doivent s'aider mutuellement dans la grâce durant
toute leur vie. Les enfants, qu'ils ont généreusement acceptés de la main de
Dieu, ils les élèveront dans la doctrine chrétienne et leur inculqueront le
sens des vertus évangéliques. Ils offriront ainsi à tous l'exemple d'un
amour inlassable et généreux, ils édifieront la communauté fraternelle de la
charité et deviendront témoins et coopérateurs de la fécondité de la Mère
Eglise, en signe et en participation de l'amour dont le Christ a aimé son
Epouse, avec lequel il s'est livré pour elle (11). Un exemple analogue nous
est encore proposé par les personnes veuves et les gens non mariés qui
peuvent, eux aussi, contribuer notablement à la sainteté et à l'activité de
l'Eglise. Quant à ceux qui se livrent à des travaux souvent pénibles, ils
doivent par ces réalisations humaines se perfectionner, aider leurs
concitoyens, améliorer les conditions sociales et celles de la création tout
entière; et mieux encore, par une charité active, une joyeuse espérance, par
le support mutuel des épreuves, imiter le Christ, lui dont les mains
s'exercèrent aux travaux manuels et qui travaille continuellement avec le
Père au salut de tous les hommes. Enfin, par leur travail de chaque jour,
ils doivent s'élever à une plus haute sainteté qui fera d'eux aussi des
apôtres.
Quant à ceux qui sont accablés par la pauvreté, la faiblesse, la maladie et
l'adversité, ou qui souffrent persécution pour la justice, qu'ils se sachant
unis de façon particulière au Christ souffrant pour le salut du monde. Le
Seigneur dans son Evangile les a proclamés bienheureux et "le Dieu... de
toute grâce, qui nous a appelés à sa gloire éternelle dans le Christ, après
ces quelques souffrances, achèvera son oeuvre, vous affermira, vous
fortifiera, vous rendra inébranlables" (I Petr. 5, 10).
Tous les fidèles donc se sanctifieront davantage chaque jour dans leur
condition, dans les devoirs de leur état ou les circonstances de leur vie et
par tout ce dont nous venons de parler, à condition de tout accueillir avec
foi de la main du Père céleste et de coopérer avec la volonté divine en
manifestant à tous, dans l'accomplissement de leur tâche temporelle, la
charité dont Dieu a aimé le monde.
Voie et moyens de la sainteté
42. "Dieu est amour; et celui qui demeure dans l'amour demeure en Dieu, et Dieu
demeure en lui" (I Jn 4, 16). Or Dieu a répandu son amour dans nos
coeurs par l'Esprit-Saint qui nous a été donné (cf. Rom. 5, 5); voilà
pourquoi le don primordial et souverainement nécessaire est la charité, par
laquelle nous aimons Dieu par-dessus toute chose et le prochain par amour
pour lui. Mais pour que la charité, comme le bon grain, croisse et produise
des fruits, chacun des fidèles doit s'ouvrir à la parole de Dieu et, avec
l'aide de la grâce, accomplir effectivement la volonté divine, recevoir
fréquemment les sacrements, surtout l'Eucharistie, et participer souvent aux
célébrations liturgiques. Ils s'appliqueront constamment à la prière, à
l'abnégation d'eux-mêmes, à servir assidûment leurs frères et à la pratique
de toutes les vertus. La charité, en effet, en tant que lien de la
perfection et accomplissement de la loi (cf. Col. 3. 14; Rom.
13, 10), règle, informe et conduit à leur fin tous les moyens de
sanctification (12). Ainsi la charité envers Dieu et envers le prochain
est-elle la marque distinctive qui caractérise le vrai disciple du Christ.
Jésus, le Fils de Dieu, a manifesté sa charité en offrant sa vie pour nous: nul
donc n'a un plus grand amour que celui qui donne sa vie pour lui et pour ses
frères (cf. I Jn 3, 16; Jn 15, 13). Dès l'origine, des
chrétiens ont été appelés - et toujours certains le seront, - à rendre à la
face de tous, et surtout des persécuteurs, ce suprême témoignage de l'amour.
Aussi le martyre, où le disciple devient semblable au Maître, en acceptant
volontiers la mort pour le salut du monde, où il lui devient conforme par
l'effusion du sang, est-il estimé par l'Eglise comme une faveur du plus haut
prix et la marque de la suprême charité. Et si ce privilège échoit au petit
nombre, tous doivent cependant être prêts à confesser le Christ devant les
hommes et à le suivre sur le chemin de la croix, dans les persécutions qui
ne manquent jamais à l'Eglise.
Pareillement la sainteté de l'Eglise affectionne particulièrement les multiples
conseils dont le Seigneur dans l'Evangile propose l'observance à ses
disciples (13). En tête de ces conseils il faut placer le don précieux de la
grâce, que le Père accorde à quelques-uns (cf. Mt. 19, 11; I Cor.
7, 7), de se consacrer à Dieu seul (14) par la virginité ou le célibat, avec
un coeur plus facilement intègre (cf. I Cor. 7, 32-34). Cette
parfaite continence en vue du Royaume des cieux, l'Eglise, qui en a toujours
eu une très haute idée, la considère comme un signe et un stimulant de la
charité et comme une source peu commune de fécondité spirituelle dans le
monde.
L'Eglise se souvient aussi de l'avertissement de l'Apôtre invitant les fidèles à
la charité, les exhortant à avoir en eux les mêmes sentiments qui furent en
Jésus-Christ, lequel "s'est anéanti lui-même en prenant la nature d'esclave...
en se faisant obéissant jusqu'à la mort (Phil. 2, 7-8), et pour nous "de
riche qu'il était se fit pauvre" (II Cor. 8, 9). Cette charité et cette
humilité du Christ ne peuvent en aucun moment se passer de l'imitation ou du
témoignage qu'en donnent ses disciples. Notre Mère l'Eglise se réjouit donc de
constater qu'en son sein beaucoup d'hommes et de femmes suivent de plus près cet
anéantissement du Sauveur et le manifestent de façon plus éclatante en
embrassant la pauvreté dans la liberté des fils de Dieu et en renonçant à leur
propre volonté; en d'autres termes, que des chrétiens se soumettent à un homme
pour l'amour de Dieu, en ce qui regarde la perfection, au-delà de l'étroite
mesure du précepte, afin de se conformer davantage au Christ obéissant (15).
Tous les fidèles donc sont invités - et même tenus - à rechercher la sainteté
et la perfection de leur état. A cette fin, qu'ils s'efforcent d'orienter
leurs tendances dans la voie droite, de peur que l'usage des choses de ce
monde et un attachement aux richesses contraire à l'esprit de la pauvreté
évangélique n'entravent chez eux la poursuite de la charité parfaite. C'est
ainsi en effet que l'Apôtre nous met en garde: Ceux qui usent de ce monde ne
doivent pas s'y arrêter; car elle passe, la figure de ce monde (16) (Cf. I
Cor. 7, 31 gr.).
CHAPITRE VI
LES RELIGIEUX
La profession des conseils évangéliques dans l'Eglise
43. Les conseils évangéliques de la chasteté consacrée à Dieu, de la pauvreté et
de l'obéissance, fondés sur les paroles et les exemples du Seigneur et
recommandés par les Apôtres, les Pères, les docteurs et les pasteurs de
l'Eglise, sont un don divin que l'Eglise a reçu de son Seigneur et qu'elle
conserve toujours avec sa grâce. Guidée par l'Esprit-Saint, l'autorité de
l'Eglise s'est, pour sa part, employée à les interpréter, à en régler la
pratique et, en s'inspirant d'eux, à constituer même des états de vie stables.
Tel un arbre dont la semence divine éclate, dans le champ du Seigneur, en
ramifications aussi diverses qu'admirables, il en est résulté une efflorescence
de genres de vie - vie solitaire ou vie commune - et de familles de toute
espèce, qui développent leurs ressources tant pour le bien de leurs membres que
pour celui de tout le Corps du Christ (1). En effet, ces familles procurent à
leurs membres le soutien d'une plus grande stabilité dans la manière de vivre,
d'une doctrine éprouvée capable de conduire à la perfection, d'une communion
fraternelle dans la milice du Christ et d'une liberté fortifiée par
l'obéissance. Ceux-ci pourront alors remplir en sécurité et garder avec fidélité
l'engagement de leur profession, et marcher joyeusement dans la voie de la
charité (2).
Si l'on considère la constitution divine et hiérarchique
de l'Eglise, un tel état n'est pas intermédiaire entre la condition
cléricale et la condition laïque; mais, à partir de ces deux conditions,
quelques fidèles sont appelés par Dieu à jouir d'un don spécial dans la vie
de l'Eglise et, chacun à sa manière, à aider celle-ci dans sa mission
salvatrice (3).
Nature et importance de l'état religieux dans
l'Eglise
44. Par les voeux ou d'autres liens sacrés qui, de soi,
s'en rapprochent et par lesquels il s'obligent à observer les trois conseils
évangéliques déjà mentionnés, le fidèle se donne totalement à Dieu dans un
suprême acte d'amour; si bien que c'est à un titre nouveau et tout à fait
particulier qu'il s'attache au service de Dieu et à son honneur. Sans doute
par le baptême il est mort au péché et consacré à Dieu; cependant il cherche
à recueillir des fruits plus abondants de la grâce baptismale et, par la
profession des conseils évangéliques dans l'Eglise, il entend se libérer des
entraves qui pourraient diminuer chez lui la ferveur de la charité autant
que la perfection du culte divin, et il se consacre plus intimement au
service de Dieu (4). Au reste, la consécration sera d'autant plus parfaite
que des liens plus solides et plus stables signifieront davantage l'union
indissoluble du Christ avec l'Eglise, son Epouse.
Par la charité à laquelle ils conduisent (5), les conseils
évangéliques unissent d'une manière spéciale leurs adeptes à l'Eglise et à
son mystère; aussi convient-il que la vie spirituelle de ces derniers soit
consacrée au bien de toute l'Eglise. De là vient pour eux le devoir de
travailler, dans la mesure de leurs forces et selon la vocation qui est la
leur, soit par la prière, soit par d'autres activités, à enraciner et à
consolider dans les âmes le Règne du Christ et à l'étendre à toutes les
parties du monde. Pour ce motif l'Eglise protège et soutient, elle aussi, le
caractère particulier des divers Instituts religieux.
Ainsi, la profession des conseils évangéliques
apparaît-elle comme un signe qui peut et doit inciter efficacement tous les
membres de l'Eglise à l'accomplissement joyeux des devoirs inhérents à leur
vocation chrétienne. En effet, le Peuple de Dieu ne possède pas ici de cité
permanente, mais chemine, en quête de ta cité future; l'état religieux, qui
rend ses adeptes plus libres à l'égard des soucis terrestres, manifeste donc
davantage à tous les croyants les biens célestes déjà présents en ce monde,
témoigne plus éloquemment de la vie nouvelle et éternelle acquise par la
Rédemption du Christ et annonce avec plus de force la future résurrection et
la gloire du Royaume céleste. De même l'état religieux imite plus fidèlement
et sans cesse représente dans l'Eglise le genre de vie que le Fils de Dieu a
embrassé, quand il est venu dans le monde pour faire la volonté du Père, et
qu'il a lui-même proposé aux disciples qui l'accompagnaient. Enfin, cet état
manifeste d'une manière spéciale que le Royaume de Dieu l'emporte sur toutes
les choses terrestres et en découvre les exigences suprêmes; il fait éclater
aux yeux de tous les hommes la grandeur incomparable de la puissance du
Christ-Roi et la richesse infinie de l'Esprit-Saint qui opère admirablement
dans l'Eglise.
Aussi un tel état, qui est constitué par la profession des
conseils évangéliques, s'il n'appartient pas à la structure hiérarchique de
l'Eglise, est cependant lié de près à sa vie et à sa sainteté.
L'autorité de l'Eglise à l'égard des religieux
45. La hiérarchie ecclésiastique a pour mission de paître
le Peuple de Dieu et de le conduire vers des pâturages fertiles (cf.
Ezéch. 34, 14). Il lui appartient donc de régler avec sagesse par ses
lois la pratique des conseils évangé1iques, source abondante de charité
envers Dieu et envers le prochain (6). En outre c'est elle qui, docile aux
impulsions de l'Esprit-Saint, accueille les règles proposées par des hommes
et des femmes éminents et, une fois terminée la révision de ces règles, les
approuve authentiquement. Avec son autorité vigilante, elle accorde sa
protection et son assistance aux instituts érigés en tous lieux pour
l'édification du Corps du Christ, afin qu'ils croissent, se développent et
fleurissent selon l'esprit des fondateurs.
Afin de pourvoir le mieux possible aux besoins de tout le
troupeau du Seigneur, chaque institut de perfection et chacun de ses membres
peuvent être soustraits par le souverain Pontife, en raison de sa primauté
sur l'Eglise universelle et en considération du bien général, à la
juridiction de l'Ordinaire du lieu et n'être soumis qu'à lui seul (7). De
même ceux-ci peuvent-ils être laissés ou confiés à leur propre autorité
patriarcale. Tout en servant l'Eglise selon le genre de vie qui leur est
particulier. les religieux doivent aux évêques, conformément aux lois
canoniques, respect et obéissance en raison de l'autorité pastorale qui
appartient aux évêques dans les églises particulières et en vue de l'unité
et de la concorde nécessaires dans le travail apostolique (8).
L'Eglise, par la sanction de sa loi, ne se contente pas
d'élever la profession religieuse à la dignité d'un état canonique; par son
action liturgique, elle la présente comme un état consacré à Dieu. L'Eglise
elle-même, en effet, de par l'autorité que Dieu lui a confiée, reçoit les
voeux de ceux qui font la profession, elle supplie Dieu, par sa prière
publique, de les aider et de leur accorder ses grâces, elle les recommande à
Dieu et leur impartit la bénédiction spirituelle, en associant leur offrande
au sacrifice eucharistique.
Grandeur de la consécration religieuse
46. Avec une grande sollicitude, les religieux mettront
l'Eglise à même de manifester chaque jour davantage, grâce à eux et en toute
vérité, aux infidèles comme aux fidèles, le Christ en contemplation sur la
montagne, le Christ annonçant le royaume de Dieu aux foules, le Christ
guérissant les malades et les blessés, convertissant les pécheurs à une
meilleure vie, bénissant les enfants, faisant du bien à tous, et obéissant
toujours à la volonté du Père qui l'a envoyé (9).
Enfin tous auront égard au fait que la profession des
conseils évangéliques, qui comporte le renoncement à des biens sans doute
très estimables, loin de s'opposer au progrès véritable de la personne
humaine, cherche plutôt, par sa nature même, à le promouvoir au plus haut
point. Les conseils volontairement embrassés selon la vocation propre à
chacun aident considérablement, en effet, à la purification du coeur et à la
liberté spirituelle. Ils tiennent continuellement en éveil la ferveur de la
charité et, ainsi qu'il est prouvé par l'exemple de tant de saints
fondateurs, ils sont davantage capables de conformer le chrétien à cette vie
de virginité et de pauvreté que le Christ Notre-Seigneur a choisie pour lui
et que la Vierge, sa Mère, embrassa. Il ne faut pas penser que les
religieux, du fait de leur consécration, deviennent étrangers aux hommes et
inutiles dans la cité terrestre. Même si parfois ils n'apportent pas une
aide directe à leurs contemporains, ils leur sont cependant présents d'une
manière plus profonde dans la tendresse du Christ, et ils collaborent
spirituellement avec eux, afin que l'édification de la cité terrestre soit
toujours fondée dans le Seigneur et dirigée vers lui, et que ceux qui
l'édifient ne travaillent pas en vain (10).
En conséquence, le saint Concile encourage et loue les
hommes et les femmes, Frères et Soeurs qui, dans les monastères, les écoles
les hôpitaux ou les missions, embellissent l'Epouse du Christ par leur
persévérante et humble fidélité à la consécration dont on vient de parler,
et qui rendent généreusement à tous les hommes les services les plus
divers.
Conclusion
47. Chacun de ceux qui sont appelés à la profession des
conseils s'emploiera avec le plus grand soin à persévérer et à exceller
davantage dans la vocation à laquelle Dieu l'a appelé. Il en résultera pour
l'Eglise une plus abondante sainteté et pour l'unique et indivisible
Trinité, qui est dans le Christ et par lui la source de toute sainteté, une
gloire toujours plus grande.
CHAPITRE VII
L'ÉGLISE EN MARCHE: SON CARACTÈRE ESCHATOLOGIQUE
ET
SON UNION AVEC L'ÉGLISE DU CIEL
Caractère eschatologique de la vocation chrétienne
48. L'Eglise, à laquelle nous sommes tout appelés en Jésus-Christ et dans
laquelle nous acquérons la sainteté par la grâce de Dieu, ne recevra son
achèvement que dans la gloire céleste, lorsque viendra le temps de la
restauration universelle (cf. Act. 3, 21) et que tout l'univers,
intimement uni à l'homme grâce auquel il parvient à sa fin, sera, lui aussi,
parfaitement restauré dans le Christ avec le genre humain (cf. Eph.
1.10; Col. 1, 20; II Petr. 3, 10-13).
En vérité le Christ, au jour de son exaltation, attira tout à lui (cf. Jn
12, 32 gr.). Ressuscité des morts (cf. Rem. 6, 9), il envoya aux
Apôtres son Esprit vivifiant et, par lui, se constitua un Corps, l'Eglise,
sacrement universel du salut. Assis à la droite du Père, il opère
continuellement dans le monde pour conduire les hommes à l'Eglise et, par
elle, les unir plus étroitement à lui; pour les rendre enfin participants de
sa vie glorieuse en les nourrissant de son Corps et de son Sang. Ainsi, la
restauration promise que nous attendons a déjà commencé dans le Christ; elle
progresse avec l'envoi du Saint-Esprit et, grâce à lui, continue dans
l'Eglise dont la foi nous apprend aussi le sens de notre vie temporelle,
tandis que nous accomplissons, dans l'espérance des biens futurs, l'oeuvre
que le Père nous a donné à faire en ce monde et que nous opérons notre salut
(cf. Phil. 2, 12).
Nous voilà donc déjà parvenus à la fin des temps (cf. I Cor. I0, 11); le
renouvellement de l'univers est irrévocablement établi et, en un certain
sens, il a vraiment commencé dès ici-bas. Dès ici-bas l'Eglise est, en
effet, auréolée d'une sainteté véritable, si imparfaite qu'elle soit. Mais
tant qu'il n'y aura pas de nouveaux cieux et de terre nouvelle où habite la
justice (cf. II Petr. 3, 13), l'Eglise voyageuse portera, dans ses
sacrements et dans ses institutions, qui appartiennent à l'ère présente, le
reflet de ce monde qui passe; elle-même vit au milieu des créatures, qui
jusqu'à présent soupirent et souffrent les douleurs de l'enfantement en
attendant la révélation des fils de Dieu (cf. Rom. 8, 22 et 19).
Unis donc avec le Christ dans l'Eglise et marqués par le Saint-Esprit "qui est
la garantie de notre héritage" (Eph. 1, 14), nous sommes appelés fils
de Dieu et en vérité nous le sommes (cf. I Jn 3, 1); mis nous
n'avons pas encore paru avec le Christ, dans la gloire (cf. Col. 3,
4). C'est là que nous serons semblables à Dieu, car nous le verrons tel
qu'il est (cf. I Jn 3, 2). Ainsi donc, "tant que nous demeurons dans
ce corps, nous vivons exilés loin du Seigneur" (II Cor. 5, 6) et,
possédant les prémices de l'Esprit, nous gémissons au fond de nous-mêmes
(cf. Rom. 8, 23) et nous souhaitons être avec le Christ (cf. Phil.
1, 23). C'est la même charité qui nous presse de vivre plus intensément pour
lui, qui est mort et ressuscité pour nous (cf. II Cor. 5, 15). Aussi
nous efforçons-nous de plaire au Seigneur (cf. II Cor. 5, 9) et nous
revêtons-nous des armes de Dieu afin de pouvoir tenir ferme contre les ruses
du diable et, au jour mauvais, résister (cf. Eph. 6, 11-13). Mais
comme nous ne connaissons ni le jour ni l'heure, il nous faut, selon
l'avertissement du Seigneur, veiller assidûment afin qu'au terme de notre
unique vie terrestre (cf. Hébr. 9, 27), nous méritions d'avoir avec
lui accès au festin nuptial et d'être comptés parmi les bienheureux (cf.
Mt. 25, 31-46), plutôt que d'être jetés, sur son ordre, dans le feu
éternel (cf. Mt. 25, 41), comme il arriva aux serviteurs mauvais et
paresseux (cf. Mt. 25, 26), dans les ténèbres extérieures où "il y
aura des pleurs et des grincements de dents" (Mt. 22, 13 et 25, 30).
En effet, avant de régner avec le Christ glorieux, nous comparaîtrons tous
"devant le tribunal du Christ, pour recevoir chacun le salaire du bien ou du
mal que nous aurons accompli durant notre vie corporelle" (II Cor. 5,
I0); et à la fin du monde "ceux qui auront fait le bien en sortiront pour la
résurrection de la vie, et ceux qui auront fait le mal, pour la résurrection
de la damnation" (Jn 5, 29; cf. Mt. 25, 46). Estimant donc que
"les souffrances de cette vie ne peuvent se comparer à la gloire qui doit un
jour nous être révélée" (Rom. 8, 18; cf. II Tim. 2, 11-12),
nous attendons, fermes dans la foi, "le bienheureux objet de notre espérance
et la glorieuse manifestation de notre grand Dieu et Sauveur le Christ
Jésus" (Tim. 2, 13), "qui viendra transformer notre corps humilié, en
le rendant .semblable à son corps glorieux" (Phil. 3, 21), qui
"viendra peur être glorifié dans ses saints et être admiré en tous ceux qui
auront cru" (II Thess., 1, 10).
La Communion entre l'Eglise du ciel et l'Eglise de la
terre
49. Ainsi, en attendant que le Seigneur, escorté de tous
ses Anges (cf. Mt. 25, 31), revienne dans sa gloire et que, la mort
une fois détruite, toutes choses lui soient soumises (cf. I Cor. 15,
26-27), certains de ses disciples cheminent sur la terre tandis que
d'autres, après cette vie, subissent la purification et que d'autres enfin,
jouissant de la gloire, contemplent "clairement Dieu un et trine, tel qu'il
est" (1) Tous cependant, bien qu'à des degrés divers et de façon différente,
nous communions dans le même amour de Dieu et du prochain et nous chantons à
notre Dieu la même hymne de gloire. En effet, tous ceux qui sont du Christ,
pour avoir reçu son Esprit, sont unis en une seule Eglise et adhèrent les
uns aux autres en lui (cf. Eph. 4, 16). L'union de ceux qui sont en
route avec les frères qui se sont endormis dans la paix du Christ, loin donc
d'être rompue, se trouve au contraire renforcée par la communication des
biens spirituels, selon la croyance immuable reçue dans l'Eglise (2). Du
fait de leur union très intime avec le Christ, les bienheureux affermissent
davantage dans la sainteté l'Eglise tout entière; ils ennoblissent le culte
qu'elle rend à Dieu sur cette terre et contribuent de plusieurs manières à
l'oeuvre grandissante de son édification (3) (cf. I Cor. 12, 12-27).
En effet, une fois accueillis dans la patrie céleste et demeurant auprès du
Seigneur (cf. II Cor. 5, 8), par Lui, avec Lui et en Lui ils ne
cessent d'intercéder pour nous auprès du Père (4), d'offrir les mérites
qu'ils ont acquis sur terre grâce au Christ Jésus, unique Médiateur entre
Dieu et les hommes (cf. I Tim. 2, 5), en servant le Seigneur en toute
chose et en achevant ce qui manque aux tribulations du Christ dans leur
chair en faveur de son Corps, qui est l'Eglise (5) (cf. Col. 1, 24).
C'est donc une aide très appréciable que leur fraternelle sollicitude
apporte à notre faiblesse.
Les rapports de l'Eglise de la terre avec l'Eglise du
ciel
50. Consciente de cette communion qui unit tous les
membres du Corps mystique de Jésus-Christ, l'Eglise en marche vers Dieu a
honoré avec une grande piété la mémoire des défunts, et cela dès les
premiers siècles de l'ère chrétienne (6); et "puisqu'il est saint et
salutaire de prier pour les défunts afin qu'ils soient absous de leurs
péchés" (II Macc. 12, 46), elle a même offert pour eux des suffrages.
Que les apôtres et les martyrs du Christ, qui par l'effusion de leur sang
ont donné le témoignage suprême de la foi et de la charité, nous soient plus
étroitement unis dans le Christ, l'Eglise l'a toujours cru; elle les a
vénérés avec une ferveur particulière en même temps que la bienheureuse
Vierge Marie et les saints Anges (7), et elle a pieusement imploré le
secours de leur intercession. Très tôt elle leur associa d'autres hommes qui
avaient de plus près imité la virginité et la pauvreté du Christ (8), et
finalement tous ceux que leur remarquable exercice des vertus chrétiennes
(9) et les charismes divins recommandaient à la pieuse dévotion et à
l'imitation des fidèles (10).
Lors donc que nous considérons la vie de ceux qui ont
fidèlement suivi le Christ, nous découvrons un nouveau motif de rechercher
la Cité future (cf. Hébr. 13, 14 et I1, I0) et tout d'un coup nous
apprenons la voie sûre par laquelle, au milieu de l'agitation du monde, nous
pourrons, chacun selon son état de vie et sa condition particulière, arriver
à l'union parfaite avec le Christ, ou, si l'on veut, à ta sainteté (11).
C'est en effet dans la vie de ceux qui, tout en partageant notre condition
humaine, reflètent pourtant davantage les traits du Christ (cf. II Cor.
3, 18), que Dieu se fait présent, qu'il manifeste avec éclat son visage. En
eux c'est lui-même qui nous parle et nous montre le signe de son Royaume
(12); et c'est vers ce Royaume que, guidés par ces hommes, témoins de la
vérité de l'Evangile (cf. H6br. 12, 1), nous nous sentons puissamment
attirés.
Cependant nous ne vénérons pas la mémoire des saints
uniquement pour leur exemple, mais plus encore pour que l'union de toute
l'Eglise dans l'Esprit se fortifie par la pratique de la charité fraternelle
(cf. Eph. 4, 1-6). Car, de même que notre communion de chrétiens en
marche vers Dieu nous rapproche davantage du Christ, ainsi la fraternité
entre nous et les saints nous unit au Christ, Source et Tête, qui dispense
toute grâce et la vie du Peuple même de Dieu (13) Il convient donc au plus
haut point que nous aimions ces amis et cohéritiers de Jésus-Christ, qui
sont aussi nos frères et d'éminents bienfaiteurs, et que pour eux nous
rendions à Dieu de dignes actions de grâces (14), "que nous leur adressions
des supplications et recourions à leurs prières et à leur aide puissante
pour obtenir de Dieu des grâces par son Fils Jésus-Christ, qui seul est
notre Rédempteur et Sauveur" (15). En effet, tout témoignage authentique
d'amour que nous donnons aux saints, par sa nature tend et aboutit au
Christ, qui est "la couronne de tous les saints" (16) et par lui à Dieu, qui
est admirable dans ses saints et glorifié en eux (17).
Mais notre union avec l'Eglise céleste se réalise de la
manière la plus éclatante - et avant tout dans la sainte Liturgie où la
vertu du Saint-Esprit agit sur nous par les signes sacramentels, - lorsque
nous célébrons dans une commune allégresse, les louanges de la divine
majesté (18) et que tous, de quelque tribu, langue, peuple et nation que
nous soyons, rachetés par le sang du Christ (cf. Apoc. 5, 9) et rassemblés
en une Eglise unique, nous chantons d'une même voix les louanges du Dieu un
et trine. Ainsi quand nous célébrons le sacrifice eucharistique, nous nous
unissons très intimement au culte de l'Eglise céleste; réunis dans une même
assemblée, nous vénérons d'abord la mémoire de la glorieuse Marie, toujours
Vierge, mais aussi du bienheureux Joseph, des bienheureux apôtres et martyrs
et de tous les saints (19).
Directives pastorales
51. Cette vénérable croyance qu'avaient nos aînés en une
communion de vie avec nos frères qui jouissent de la gloire céleste ou avec
ceux qui après la mort sont encore en état de purification, ce saint Concile
la recueille avec grand respect; et, de nouveau, il propose les décrets du
deuxième Concile de Nicée (20), du Concile de Florence (21) et de celui de
Trente (22) recommande à tous ceux que la chose concerne de s'employer à
écarter ou à corriger les abus, les excès ou les défauts qui se seraient
glissés ici ou là, et à tout rétablir pour une plus grande gloire du Christ
et de Dieu. Qu'ils enseignent donc aux fidèles que le vrai culte des saints
ne consiste pas tant dans la multiplicité des actes extérieurs que dans
l'intensité de notre amour effectif, amour qui, pour notre plus grand bien
et celui de l'Eglise, nous fait chercher "dans la vie des saints un exemple,
dans leur communion une participation à leurs biens et dans leur
intercession un secours" (23). D'autre part, qu'ils enseignent aux fidèles
que nos relations avec les bienheureux, à condition de concevoir celles-ci
dans la lumière plus pleine de la foi, ne diminuent en rien le cuite
d'adoration rendu à Dieu le Père par le Christ dans l'Esprit, mais au
contraire l'enrichissent davantage (24).
Nous tous, en effet, qui sommes fils de Dieu et
constituons dans le Christ une seule famille (cf. Hébr. 3, 6), tant
que nous communions entre nous dans la charité mutuelle et dans l'unique
louange de la très sainte Trinité, nous correspondons à la vocation infime
de l'Eglise et nous participons, comme par un avant-goût, à la liturgie de
la parfaite gloire (25). Quand le Christ apparaîtra et que se produira la
glorieuse résurrection des morts, la Cité céleste, dont l'Agneau sera la
lampe, s'illuminera de la clarté de Dieu (cf. Apoc. 21, 23). Alors
toute l'Eglise des saints, dans la suprême félicité de la charité, adorera
Dieu et "l'Agneau qui a été immolé" (Apoc. 5, 12), en proclamant
d'une voix unanime: "A Celui qui siège sur le trône et à l'Agneau, louange,
honneur, gloire et puissance aux siècles des siècles" (Apoc, 5, 13).
CHAPITRE VIII
LA BIENHEUREUSE VIERGE MARIE
MÈRE DE DIEU DANS LE
MYSTÈRE DU CHRIST ET DE L'ÉGLISE
1 -- PRÉAMBULE
La sainte Vierge dans le mystère du Christ
52. Dieu, très bienveillant et très sage, voulant accomplir la rédemption du
monde, "lorsque les temps ont été révolus, a envoyé son Fils, qui est né d'une
femme... afin de faire de nous des fils adoptifs" (Gal. 4, 4-5). "Pour
nous hommes et pour notre salut il est descendu du ciel et s'est incarné par
l'oeuvre de l'Esprit-Saint dans la Vierge Marie" (1). Ce divin mystère du salut
nous est révélé et se continue dans l'Église, que le Sauveur a constituée comme
son corps et dans laquelle les fidèles, adhérant au Christ comme à leur Tête et
vivant en communion avec tous ses saints, doivent également vénérer le souvenir
"avant tout de la glorieuse et toujours Vierge Marie, Mère de Dieu,
Notre-Seigneur Jésus-Christ" (2).
La sainte Vierge et l'Eglise
53. En effet, la Vierge Marie, qui, à l'annonce de l'Ange, accueillit dans son
coeur et dans son corps .le Verbe de Dieu et apporta la vie au monde, est
reconnue et honorée comme la vraie Mère de Dieu et du Rédempteur. Rachetée
d'une manière très sublime en considération des mérites de son Fils et unie
à lui par un lien étroit et indissoluble, elle est revêtue de la fonction et
de la dignité suprême de Mère du Fils de Dieu. Aussi est-elle la fille
préférée du Père et le temple de l'Esprit-Saint, par le don de cette grâce
suprême, elle dépasse de loin toutes les autres créatures célestes et
terrestres.
Cependant, elle est en même temps, de par sa descendance d'Adam unie à tous les
hommes, qui ont besoin du salut; bien plus, elle est "vraiment Mère des
membres (du Christ)... parce qu'elle a coopéré par sa charité à la
naissance, dans l'Eglise, des fidèles, qui sont les membres de ce Chef" (3).
Aussi est-elle encore saluée du nom de membre suréminent et tout à fait
singulier de l'Eglise, de figure et de modèle admirable de l'Eglise dans la
foi et dans la charité l'Eglise catholique, docile à l'Esprit-Saint, la
vénère avec une piété et une affection filiale comme une mère très aimante.
Intention du Concile
54. En conséquence, le saint Concile, au moment où il expose la doctrine
relative à l'Eglise, en qui le divin Rédempteur opère le salut entend mettre
soigneusement en lumière la fonction de la bienheureuse Vierge dans le
mystère du Verbe incarné et du Corps mystique, et d'autre part, les devoirs
des hommes rachetés envers la Vierge, Mère du Christ et mère des hommes,
spécialement celle des fidèles. Il n'a pas cependant l'intention de proposer
un enseignement complet au sujet de Marie, ni de dirimer des questions que
le travail des théologiens n'a pas encore complètement élucidées. Aussi,
gardent leurs droits les opinions qui sont librement proposées dans les
écoles catholiques au sujet de celle qui, dans la sainte Eglise, tient la
place la plus élevée après le Christ, et en même temps la plus proche de
nous (4).
II - RÔLE DE LA SAINTE VIERGE DANS L'ÉCONOMIE DU SALUT
La Mère du Messie dans l'Ancien Testament
55. Les saintes Lettres de l'Ancien et du Nouveau Testament, ainsi que la
vénérable Tradition, montrent, avec une clarté grandissante, le rôle de la
Mère du Sauveur dans l'économie du salut et nous la mettent, pour ainsi
dire, sous les yeux. Les livres de l'Ancien Testament décrivent l'histoire
du salut, où lentement se prépara la venue du Christ dans le monde. Ces
documents des premiers âges, selon l'intelligence qu'en a l'Église à la
lumière de la révélation parfaite qui devait suivre, mettent peu à peu en
une lumière toujours plus claire la figure d'une femme: la Mère du
Rédempteur. C'est elle qu'on devine déjà prophétiquement présentée sons
cette lumière dans la promesse, qui est faite à nos premiers parents tombés
dans le péché, de la victoire sur le serpent (cf. Gen. 3, 15).
Pareillement, c'est elle, la Vierge qui concevra et mettra au monde un Fils
dont le nom sera Emmanuel (cf. Is. 7, 14; cf. Mich. 5, 2-3;
Mt. 1, 22-23). Elle est au premier rang de ces humbles et de ces pauvres
du Seigneur qui attendent le salut avec confiance, et reçoivent de lui le
salut. Et enfin, avec elle, fille sublime de Sion, après la longue attente
de la promesse, les temps s'accomplissent et une nouvelle économie
s'instaure lorsque le Fils de Dieu prend d'elle la nature humaine pour
libérer l'homme du péché par les mystères de sa chair.
Marie à l'Annonciation
56. Le Père des miséricordes a voulu que l'acceptation de la mère prédestinée
précédât l'Incarnation; il voulait que de même qu'une femme avait contribué à
donner la mort, de même une femme servît à donner la vie. Et cela vaut d'une
manière extraordinaire pour la Mère de Jésus: elle a donné au monde la Vie même
qui renouvelle tout, et elle a été enrichie par Dieu de dons correspondant à une
si haute fonction. Il n'est pas étonnant que les saints Pères appellent
communément la Mère de Dieu la Toute Sainte, celle qui est indemne de toute
tache du péché, celle qui est façonnée et formée comme une nouvelle créature par
l'Esprit-Saint (5). Ornée dès le premier instant de sa conception des splendeurs
d'une sainteté tout à fait singulière, la Vierge de Nazareth est, sur l'ordre de
Dieu, saluée par l'Ange de l'Annonciation comme "pleine de grâces" (cf. Lc
1, 28); et elle répond au messager céleste: "Voici la servante du Seigneur,
qu'il me soit fait selon ta parole" (Lc 1, 38). Ainsi Marie, fille
d'Adam, acquiesçant au verbe de Dieu, est devenue Mère de Jésus et embrassant de
plein coeur, sans être entravée par aucun péché, la volonté salvatrice de Dieu,
elle s'est consacrée totalement comme servante du Seigneur à la personne et à
l'oeuvre de son Fils, toute au service du mystère de la Rédemption en dépendance
de son Fils et en union avec lui, par la grâce de Dieu Tout Puissant. C'est donc
à juste titre que les saints Pères estiment que Marie ne fut pas un instrument
purement passif dans les mains de Dieu, mais qu'elle coopéra au salut de l'homme
dans la liberté de sa foi et de son obéissance. En fait, comme le dit saint
Irénée, "en obéissant, elle est devenue cause du salut pour elle-même et pour
tout le genre humain" (6). Et, avec Irénée, bien des anciens Pères affirment
volontiers, dans leur prédication, que "le noeud de la désobéissance d'Eve a été
dénoué par l'obéissance de Marie; ce que la vierge Eve lia par son incrédulité,
la foi de la Vierge Marie le délia" (7); et par comparaison avec Eve ils
appellent Marie "Mère des vivants" (8), et affirment très souvent : "la mort
nous est venue par le moyen d'Eve, la vie par celui de Marie" (9).
La sainte Vierge et l'enfance de Jésus
57. Cette union de la Mère et de son Fils dans l'oeuvre de la Rédemption se
manifeste depuis le moment de la conception virginale du Christ jusqu'à sa
mort. C'est d'abord lorsque Marie, qui se porte en hâte vers Elisabeth, est
proclamée par celle-ci bienheureuse à cause de sa foi dans la promesse du
salut; le précurseur se réjouit alors dans le sein de sa mère (cf. Lc
I, 41-45).
Cette union se manifeste ensuite à la nativité, lorsque la Mère de Dieu, toute
joyeuse, montra aux bergers et aux Mages son Fils premier-né, lui qui n'a
pas lésé sa virginité, mais l'a consacrée (10). Quand elle le présenta au
Seigneur dans le temple une fois présentée l'offrande des pauvres, elle
entendit Siméon annoncer à la fois que le Fils serait un signe de
contradiction et qu'une épée transpercerait l'âme de la mère, pour que se
révèlent les pensées d'un grand nombre de coeurs (cf. Lc 2, 34-35).
Après avoir perdu l'enfant Jésus et l'avoir cherché avec angoisse, ses
parents le trouvèrent au temple, aux choses de son Père, et ils ne
comprirent pas les paroles du Fils. Sa mère méditait et conservait toutes
ces choses en son coeur (cf. Le 2, 41-51).
La sainte Vierge et le ministère public de Jésus
58. Durant la vie publique de Jésus, sa Mère fait des apparitions qui sont
pleines de sens. Dès le début, quand, aux noces de Cana de Galilée, émue de
compassion, elle provoque par son intercession le premier des miracles de
Jésus-Messie (cf. Jn 2, 1-11). Pendant la prédication de Jésus, elle
entendit les paroles où son Fils, plaçant le Royaume au-dessus des rapports
et des liens de la chair et du sang, proclama bienheureux ceux qui écoutent
et gardent la parole de Dieu (cf. Mc 3, 35; Lc 11, 27-28),
ainsi qu'elle le faisait avec fidélité (cf. Lc 2, 19 et 51). Ainsi
même la bienheureuse Vierge progressa sur le chemin de la foi, et elle resta
fidèlement unie à son Fils jusqu'à la croix. Là, ce n'est pas sans réaliser
un dessein divin qu'elle se tint debout (cf. Jn 19, 25); elle
souffrit Profondément avec son Fils unique et s'associa de toute son âme
maternelle à son sacrifice, acquiesçant avec amour à l'immolation de la
victime qu'elle avait engendrée. Finalement, le même Christ Jésus, mourant
sur la croix, la donna pour mère au disciple, en disant: "Femme, voici ton
fils"(11) (Cf. Jn 19, 26-27).
La sainte Vierge après l'Ascension
59. Comme il avait plu à Dieu de ne pas manifester solennellement le mystère du
salut de l'humanité avant d'avoir envoyé l'Esprit, que le Christ avait promis,
nous voyons les Apôtres, avant le jour de la Pentecôte, "Persévérant d'un seul
coeur dans la prière, en compagnie de quelques femmes, de Marie Mère de Jésus et
des frères de celui-ci" (Act. 1, 14), et nous voyons aussi Marie implorer
par ses prières le don de l'Esprit, cet Esprit qui l'avait déjà couverte
elle-même de son ombre à l'Annonciation. Enfin, la Vierge Immaculée, préservée
de toute tache de la faute originelle (12), au terme de sa vie terrestre, fut
élevée à la gloire du ciel en son âme et en son corps (13) et elle fut exaltée
par le Seigneur comme Reine de l'univers afin de ressembler plus parfaitement à
son Fils, Seigneur des seigneurs (cf. Apoc. 19, 16) et vainqueur du péché
et de la mort (14).
III - LA BIENHEUREUSE VIERGE ET L'ÉGLISE
Marie, servante du Seigneur
60. Nous n'avons qu'un Médiateur, selon la parole de l'Apôtre: "Il n'y a qu'un
Dieu et qu'un Médiateur entre Dieu et les hommes, l'homme-Christ Jésus, qui
s'est lui-même donné pour tous comme rançon" (I Tim. 2, 5-6). Le rôle
maternel de Marie envers les hommes ne voile ou ne diminue en aucune manière
cette médiation unique du Christ, mais elle en montre l'efficacité. En
effet, toute l'action de la bienheureuse Vierge sur les hommes dans l'ordre
du salut ne provient pas d'une quelconque nécessité: elle naît du bon
plaisir de Dieu et découle de la surabondance des mérites du Christ. Elle
s'appuie sur la médiation du Christ, elle en dépend et en tire toute sa
vertu. Ainsi cette action, loin d'empêcher de quelque manière une union
immédiate des croyants avec le Christ. la facilite bien plutôt.
61. La bienheureuse Vierge, dont la prédestination à la maternité divine, est
allée de pair, de toute éternité, avec celle de l'Incarnation du Verbe de
Dieu, fut sur cette terre, par disposition de la divine Providence, la noble
Mère du divin Rédempteur, l'associée du Seigneur la plus généreuse qui fut,
et son humble servante. Elle, qui a conçu le Christ, l'a enfanté, l'a
nourri, l'a présenté au Père dans le temple, qui a souffert avec son Fils
mourant sur la croix, elle a coopéré, d'une manière toute spéciale, à
l'oeuvre du Sauveur par obéissance, sa foi, son espérance et son ardente
charité. Elle a vraiment collaboré à la restauration de la vie surnaturelle
dans les âmes. Voilà pourquoi elle fut pour nous une mère dans l'ordre de la
grâce.
62. Cette maternité de Marie, elle dure sans cesse, dans l'économie de la
grâce, depuis le consentement que sa foi lui fit donner à l'Annonciation et
qu'elle maintint sans hésitation sous la croix, jusqu'à l'accession de tous
les élus à la gloire éternelle. En effet, au ciel, elle n'a pas déposé cette
fonction salvifique, mais elle continue, par son instante intercession, à
nous obtenir des grâces en vue de notre salut éternel (15). Dans sa charité
maternelle, elle s'occupe, jusqu'à ce qu'ils soient parvenus à la félicité
de la patrie, des frères de son Fils qui sont encore des pèlerins et qui
sont en butte aux dangers et aux misères. Aussi la bienheureuse Vierge
est-elle invoquée dans l'Eglise sous les titres d'Avocate, d'Auxiliatrice,
d'Aide et de Médiatrice(16). Tout cela doit pourtant s'entendre de manière
qu'on n'enlève ni n'ajoute rien à la dignité et à l'action du Christ, seul
Médiateur (17).
En fait, aucune créature ne peut jamais figurer sur le même plan que le Verbe
incarné, notre Rédempteur. Mais, de même que les ministres sacrés et le peuple
fidèle participent, selon des façons variées, au sacerdoce du Christ, et que la
bonté unique de Dieu est réellement répandue selon une grande variété de
manières, dans les créatures, de même également la médiation unique du
Rédempteur n'exclut pas, mais suscite plutôt chez les créatures une coopération
variée, qui provient de la source unique.
C'est cette fonction subordonnée de Marie que l'Eglise n'hésite pas à
professer, dont elle fait continuellement l'expérience et qu'elle recommande
à la piété des fidèles, pour que, soutenus par cette aide maternelle, ils
s'attachent plus étroitement au Médiateur et Sauveur.
Marie, modèle de l'Eglise
63. En outre, la bienheureuse Vierge est liée intimement à l'Eglise par le don
et la charge de la maternité divine qui l'unit à son Fils, le Rédempteur, de
même que par les grâces et les fonctions singulières dont elle est investie. La
Mère de Dieu est la figure de l'Eglise, comme l'enseignait déjà saint Ambroise,
et cela dans l'ordre de la foi, de la charité et de l'union parfaite avec le
Christ (18). En effet, dans le mystère de l'Eglise, qui reçoit, elle aussi, avec
raison, les noms de Mère et de Vierge, la bienheureuse Vierge Marie est venue la
première, offrant d'une manière éminente et singulière le modèle de la Vierge et
de la Mère (19). Car, dans la foi et l'obéissance, elle engendra sur terre le
Fils même de Dieu, sans commerce charnel, mais sous l'action de l'Esprit-Saint;
nouvelle Eve, elle a cru, non plus au serpent ancien, mais au messager de Dieu,
d'une foi qu'aucun doute n'altéra. Elle enfanta le Fils que Dieu a établi
premier-né d'un grand nombre de frères (Rom. 8, 29), c'est-à-dire des
fidèles. Aussi coopère-t-elle, dans son amour de mère, à les engendrer et à les
éduquer.
64. L'Eglise, qui contemple la sainteté mystérieuse et imite la charité de
Marie, l'Eglise, qui accomplit fidèlement la volonté du Père, devient mère,
elle aussi, par l'accueil plein de foi qu'elle offre au Verbe de Dieu. Car,
par la prédication et le baptême, elle engendre à la vie nouvelle et
immortelle des fils conçus du Saint-Esprit nés de Dieu. Elle est aussi la
vierge qui maintient intègre et pure foi qu'elle a donnée à l'Epoux. A
l'imitation de la Mère de son Seigneur, elle conserve d'une façon virginale,
par la vertu de l'Esprit-Saint, une foi intacte, une espérance ferme et une
charité sincère (20).
Les vertus de Marie, modèle pour l'Eglise
65. Tandis que l'Eglise a déjà atteint dans la très bienheureuse Vierge la
perfection, par quoi elle est sans tache et sans ride (cf. Eph. 5,
27), les fidèles tâchent encore de croître en sainteté en triomphant du
péché. Aussi lèvent-ils les yeux vers Marie: elle brille comme un modèle de
vertu pour toute la communauté des élus. L'Eglise, en songeant pieusement à
elle et en la contemplant dans la lumière du Verbe fait homme, pénètre plus
avant, pleine de respect, dans les profondeurs du mystère de l'Incarnation,
et se conforme toujours davantage à son Époux. Marie, en effet, qui, par son
étroite participation à l'histoire du salut, unit en elle et reflète pour
ainsi dire les données les plus élevées de la foi, amène les croyants, quand
elle est l'objet de la prédication et du culte, à considérer son Fils, le
sacrifice qu'il a offert, et aussi l'amour du Père. Quant à l'Eglise, en
cherchant à procurer la gloire du Christ, elle devient plus semblable à son
très haut modèle: elle progresse alors sans cesse dans la foi, l'espérance
et la charité, elle cherche et suit en toutes choses la volonté de Dieu.
Aussi, l'Eglise, en son travail apostolique également, regarde-t-elle avec
raison vers celle qui engendra le Christ, conçu donc de l'Esprit-Saint et né
de la Vierge, afin qu'il naisse et grandisse également dans le coeur des
fidèles par le moyen de l'Eglise. La Vierge fut dans sa vie un modèle de cet
amour maternel dont doivent être animés tous ceux qui, associés à la mission
apostolique de l'Église, coopèrent à la régénération des hommes.
IV - LE CULTE DE LA SAINTE VIERGE DANS L'ÉGLISE
Nature et fondement du culte de la sainte Vierge
66. L'Eglise honore à juste titre d'un culte spécial celle que la grâce de Dieu
a faite inférieure à son Fils certes, mais supérieure à tous les anges et à
tous les hommes, en raison de son rôle de Mère très sainte de Dieu, et de
son association aux mystères du Christ. Déjà, depuis les temps les plus
reculés, la bienheureuse Vierge est vénérée sous le titre de "Mère de Dieu",
et les fidèles, en leurs prières, se réfugient sous sa protection au milieu
de tous les périls et des difficultés qu'ils rencontrent (21). C'est surtout
à partir du Concile d'Ephèse que le culte du peuple de Dieu envers Marie, à
la fois vénération et amour, prière et imitation, grandit admirablement,
selon la prophétie de Marie elle-même: "Toutes les générations m'appelleront
bienheureuse, parce que le Tout-Puissant a fait en moi de grandes choses" (Le
1, 48-49). Ce culte, qui existe toujours dans l'Eglise, bien qu'il soit de
caractère tout à fait singulier, diffère essentiellement du culte
d'adoration rendu au Verbe incarné ainsi qu'au Père et à l'Esprit-Saint et
il favorise fortement celui-ci. En effet, grâce aux diverses formes de
dévotion mariale que l'Eglise a approuvées selon les circonstances de temps
et de lieu et selon le caractère et les dispositions des fidèles, pourvu
qu'elles se tinssent dans les limites d'une doctrine saine et orthodoxe,
grâce à ces formes de dévotion, donc, tandis que la Mère est honorée, le
Fils pour qui tout existe (cf. Col. 1, 15-16) et en qui "il a plu" au
Père éternel "de faire résider toute la plénitude" (Col. 1, 19), est
reconnu comme il convient, aimé, glorifié et obéi.
L'esprit de la prédication et du culte de la sainte Vierge
67. Le saint Concile enseigne expressément cette doctrine catholique et, en
même temps, exhorte tous les fils de l'Eglise à pratiquer généreusement le
culte, spécialement le culte liturgique, à l'égard de la bienheureuse
Vierge; à tenir en grande estime les pratiques et les exercices de dévotion
de caractère marial que le magistère de l'Eglise recommande depuis des
siècles; à observer religieusement ce qui, dans le passé, a été décidé quant
au culte des images du Christ, de la bienheureuse Vierge et des saints (22).
En outre, il exhorte avec force les théologiens et les prédicateurs à
s'abstenir avec soin de toute fausse exaltation, comme aussi de toute
étroitesse d'esprit lorsqu'ils ont à considérer la dignité particulière de
la Mère de Dieu (23). Par l'étude, menée sous la direction du magistère, de
la sainte Ecriture, des saints Pères, des docteurs et des liturgies de
l'Eglise, ils doivent expliquer correctement le rôle et les privilèges de la
bienheureuse Vierge: tout est tourné vers le Christ, source exclusive de la
vérité, de la sainteté et de la dévotion. Dans leurs paroles, ou leurs
actions, ils doivent éviter avec soin tout ce qui pourrait induire en erreur
les frères séparés, ou n'importe quelle autre personne, au sujet de la
véritable doctrine de l'Eglise. Les fidèles, eux, doivent se rappeler que la
vraie dévotion ne consiste ni dans un sentimentalisme stérile et passager,
ni dans une certaine crédulité vaine, mais, au contraire, qu'elle procède de
la vraie foi, qui nous porte à reconnaître la prééminence de la Mère de
Dieu, nous pousse à un amour de fils envers notre Mère et à l'imitation de
ses vertus.
V - MARIE, SIGNE D'ESPÉRANCE CERTAINE ET DE CONSOLATION
POUR LE PEUPLE
DE DIEU EN MARCHE
68. Si la Mère de Jésus, déjà glorifiée au ciel en son corps et en son âme, est
l'image et le commencement de ce que sera l'Eglise en sa forme achevée, au
siècle à venir, eh bien! sur la terre, jusqu'à l'avènement du jour du Seigneur
(cf. II Petr. 3, 10), elle brille, devant le Peuple de Dieu en marche,
comme un signe d'espérance certaine et de consolation.
69. C'est une grande joie et une grande consolation pour ce saint Concile qu'il
ne manque pas de gens, même parmi les frères séparés, pour rendre à la Mère
du Seigneur et Sauveur, l'honneur qui lui est dû, spécialement chez les
Orientaux qui rivalisent d'ardeur et de dévotion dans le culte de la Mère de
Dieu, toujours Vierge (24). Que tous les fidèles adressent avec instance des
prières à la Mère de Dieu et à la Mère des hommes, elle qui entoura de ses
prières les débuts de l'Eglise, et qui, maintenant, est exaltée au-dessus de
tous les bienheureux et de tous les anges, oui, qu'ils la prient
d'intercéder, en union avec tout les saints, auprès de son Fils, jusqu'à ce
que toutes les familles des peuples, qu'elles soient marquées du nom
chrétien ou qu'elles ignorent encore leur Sauveur, soient réunies
heureusement dans la paix et la concorde en un seul Peuple de Dieu pour la
gloire de la très sainte et indivisible Trinité !
Rome, près Saint-Pierre, le 21 novembre 1964.
NOTIFICATIONS
faites par le secrétaire général du Concile,
à la
123e congrégation générale tenue le 16 novembre 1964
On a demandé quelle note théologique devait être appliquée à la doctrine
exposée dans le schéma De Ecclesia et soumise au vote des Pères. Répondant à
cette question, la commission théologique, dans l'examen des observations
apportées au chapitre trois du schéma sur l'Eglise, a déclaré ce qui suit:
Il va de soi que le texte du Concile est toujours à interpréter selon les
normes générales connues de tous. En l'occurrence, la commission renvoie à
sa déclaration du 6 mars 1964 que nous reproduisons ici: " Compte tenu de la
pratique en usage aux conciles et de la fin pastorale du présent Concile,
celui-ci précise que, parmi les points de foi ou de morale, l'Eglise doit
tenir ceux-là seuls que le Concile aura explicitement déclarés tels. " Quant
aux autres points proposés par le Concile et contenant la doctrine du
Magistère suprême de l'Eglise, ils doivent être reçus par tous et chacun des
fidèles selon le sens que leur donne le Concile lui-même. Ce sens est à
entendre soit à partir du sujet traité, soit d'après la manière même de
parler, selon les normes d'interprétation reçues en théologie. " Au sujet du
troisième chapitre du schéma De Ecclesia, l'autorité supérieure
communique aux Pères une note explicative précédant les observations qui y
sont annexées. C'est dans l'esprit et selon la pensée exprimés par cette
note qu'il faut entendre et expliquer la doctrine de ce chapitre.
NOTE EXPLICATIVE PRÉALABLE
* Voici les remarques générales par lesquelles la commission a décidé de faire
précéder l'examen des observations:
1. Le mot "collège" ne s'entend pas au sens strict qu'il possède dans la langue
juridique, savoir d'un groupe d'égaux qui déléguerait son pouvoir à un
président, mais d'un groupe stable dont la structure et l'autorité se
déterminent à partir de la Révélation. Aussi, pour satisfaire à la 12e
observation, est-il dit explicitement des Apôtres que le Seigneur les
établit "à la façon d'un collège", c'est-à-dire d'un groupe stable (voir
aussi la 53e observation). La même raison a fait employer ici ou là les mots
"ordre" ou "corps" pour désigner le collège des évêques. Le parallélisme
entre Pierre et les autres Apôtres d'une part, entre Je souverain Pontife et
les évêques de l'autre n'implique pas la transmission du pouvoir
extraordinaire des Apôtres à leurs successeurs; il n'implique pas non plus,
bien sûr l'égalité de la tête et des membres du collège, mais seulement la
proportionnalité entre la première relation (Pierre-Apôtres) et la seconde
(Pape-Evêques). Aussi la commission a-t-elle résolu de parler, au numéro 22,
non pas d'un "rapport identique", mais "semblable" (voir la 57e
observation).
2. On devient membre du collège en vertu de la consécration épiscopale et par
la communion hiérarchique avec la tête et les membres du collège. (Voir
numéro 22, paragr. 1, à la fin.) Comme le montre clairement la tradition, y
compris la tradition liturgique, c'est une participation d'ordre ontologique
aux fonctions sacrées qui est conférée pat la consécration. On a utilisé à
dessein le mot "fonction", et non "pouvoir", qui pourrait être entendu d'un
pouvoir déjà libre de s'exercer. Pour qu'un tel pouvoir existe en fait, il
faut que l'autorité hiérarchique l'ait juridiquement ou, si l'on veut,
canoniquement déterminé. La détermination dont il est question peut
consister dans la concession d'un office particulier ou l'assignation des
sujets, et elle est faite d'après les normes approuvées par l'autorité
suprême. C'est la nature même de la chose qui requiert cette dernière norme,
puisqu'il s'agit de charges à exercer par plusieurs sujets coopérant
hiérarchiquement entre eux, comme l'a voulu le Christ. Il est bien clair que
cette "communion" existait déjà dans la vie de l'Eglise, en autant que le
permettaient les circonstances, et cela bien avant de se voir juridiquement
déterminée. Aussi est-il expressément déclaré que la communion avec la tête
et les membres doit être une communion hiérarchique avec la tête et les
membres de l'Eglise. L'idée de communion est une idée dont l'Eglise antique
(comme aujourd'hui, l'Eglise d'Orient) faisait grand cas. Il ne s'agit pas
ici d'un vague sentiment, mais d'une réalité organique qui veut s'incarner
dans une structure juridique et dont l'âme est la charité. Pour ce motif la
commission a décidé quasi unanimement d'écrire: "...dans une communion
hiérarchique". (Voir la 40e observation et aussi ce qu'on dit au no 24, p.
67, lignes 17-24, au sujet de la mission canonique.) C'est donc à partir de
cette indispensable précision concernant les pouvoirs qu'il faut interpréter
les documents récents des. souverains Pontifes concernant la juridiction des
évêques.
3. Le collège, qui n'existe pas sans sa tête, s'appelle "le sujet aussi du
pouvoir suprême et plénier dans l'Église universelle". Il faut admettre ceci
pour ne pas mettre en doute la plénitude du pouvoir dont jouit le Pontife
romain. Le collège, en effet, s'entend toujours et nécessairement avec sa
tête, qui conserve intégralement en lui son rôle de Vicaire du Christ et de
Pasteur de l'Eglise universelle. En d'autres termes la distinction n'est pas
à faire entre le Pontife romain et les évêques vus collectivement, mais
entre le Pontife romain lorsqu'il agit seul et ce même Pontife agissant avec
les évêques. C'est vraiment parce qu'il est la tête du collège que le
souverain Pontife peut poser certains actes qui ressortissent à lui seul et
nullement aux évêques: par exemple convoquer le collège et y siéger comme
président, approuver des lignes de conduite et ainsi de suite (voir 8le
observation). Il est également de son ressort à lui, qui a la charge du
troupeau tout entier, de déterminer, selon les besoins de l'Eglise qui
varient avec les époques, comment il convient d'exercer cette même charge
soit personnellement, soit collégialement. C'est de la libre initiative du
Pontife romain regardant au bien de l'Eglise, que dépend l'ordonnance, la
promotion, l'approbation de l'activité collégiale.
4. En tant que pasteur suprême de l'Eglise, le souverain Pontife peut exercer
en tout temps et à discrétion son pouvoir, comme le requiert sa fonction.
D'autre part, 1e collège, même s'il existe toujours, n'agit pas toujours,
pour autant, comme collège pris au sens strict, comme le montre bien la
tradition de l'Eglise. En d'autres termes, il n'est pas toujours "en plein
exercice"; bien plus, ce n'est que par intervalles qu'il pose un acte
strictement collégial, et non sans le consentement de sa tête. Nous disons
"... le consentement de sa tête", afin qu'on n'aille pas imaginer une
dépendance d'ordre purement externe; le mot "consentement" appelle au
contraire la communion entre la tête et les membres, et implique la
nécessité d'un acte qui ressortit proprement à la tête. (Ceci se trouve
expressément affirmé au numéro 22, paragr. 2, et expliqué au même endroit, à
la fin.) La clausule négative: "non sans le consentement de la tête" englobe
tous les cas; d'où il suit évidemment que les normes approuvées par
l'autorité suprême doivent toujours être observées (voir la 84e
observation). On voit ainsi qu'il s'agit bien d'une union des évêques à leur
tête, et jamais d'une action que poseraient les évêques indépendamment du
Pape. En ce dernier cas, l'action de la tête faisant défaut, les évêques ne
peuvent agir collégialement, comme le montre clairement la notion de
"collège". Cette communion hiérarchique de tous les évêques avec le
souverain Pontife est d'ailleurs consacrée par toute la tradition.
* Cette note (Nota explicativa praevia) fait assurément partie des Actes du
Concile; toutefois elle ne fait pas partie du texte voté et promulgué le 21
novembre 1964. (Note des éditeurs.)
N. B. -- L'aspect sacramentel et
ontologique de la fonction (que nous avons distingué de l'aspect
canonico-juridique) ne peut s'exercer hors de la communion hiérarchique. La
commission n'a cependant pas cru nécessaire d'aborder les questions de
licéité ou de validité, qui sont laissées aux discussions des théologiens,
par exemple en ce qui concerne le pouvoir qui, de fait, s'exerce chez les
Orientaux séparés, et dont l'explication a donné lieu à diverses opinions.
Périclès FELICI,
Archevêque titulaire de Samos,
Secrétaire
général du saint Concile oecuménique Vatican II.
NOTES
CHAPITRE I
(1) Cf. S. Cyprianus, Epist. 64, 4: PL 3, 1017. CSEL
(Hartel), III B, p. 720. S. Hilarius Pict., In Mt. 23, 6: PL
9, 1047. S. Augustinus, passim. S. Cyrillus Alex., Glaph. in Gen. 2,
10: PG
69, 110 A
(2) Cf. S. Gregorius M., Hom. in Evang. 19, 1: PL
76, 1154 B. S. Augustinus, Serm. 341, 9, 11: PL 39, 1499 s. S.
Io. Damascenus. Adv. Iconocl. Il: PG 96, 1357.
(3) Cf. S. Irenaeus, Adv. Haer. III, 24, 1: PG
7, 966 B; Harvey 2. 131; ed. Sagnard, Sources Chr., p. 398
(4) S. Cyprianus, De Orat. Dom. 23: PL 4, 553;
Hartel, III A, p. 285. S. Augustinus, Seren. 71, 20, 33: PL
38, 463 s. S. Io. Damascenus, .4dv. Iconocl. 12: PG 96. 1358 D.
(5) Cf. Origenes, In Matth. 16, 21: PG 13,
1443 C; Tertullianus, Adv. Marc. 3, 7: PL 2, 357 C; CSEL 47, 3
p. 386. Pour les documents liturgiques, cf. Sacramentarium Gregorianum:
PL 78, 160 B. Ou C. Mohlberg, Liber Sacramentorum Romanae Ecclesiae,
Romae 1960, p. 111, XC: " Deus, qui ex omni coaptatione sanctorum acternum
tibi condis habitaculum... ". Hymnes Urbs Jerusalem beata dans le Bréviaire
monastique et Coelestis urbs Jerusalem dans le Bréviaire Romain.
(6) Cf. s. Thomas, Summa Theol. III, q. 62, a. 5, ad
1.
(7) Cf. Pie XII, Litt. Encycl. Mystici Corporis, 29
juin 1943: AAS 35 (1943), p. 208.
(8) Cf. Leo XIII, Epist. Encycl. Divinum illud, 9
mai 1897: ASS 29 (1896-97) p. 650. Pie XII, Litt. Encycl. Mystici
Corporis, 1. c., pp. 219-220; Denz. 2288 (3808). S. Augustinus, Serra.
268, 2: PL 38, 1232, et ailleurs. S. Io. Chrysostomus, In Eph. Hom.
9, 3: PG 62, 72. Didyrnus Alex., Trin. 2, 1: PG 39, 449 s. S. Thomas,
In Col. 1, 18, lect. 5; ed. Marietti, II, n. 46: "Sicut constituitur unum
corpus ex unitate animae, ita Ecclesia ex unitate Spiritus... ".
(9) Leo XIII, Lift. Encycl. Sapientiae christianae, 10
janv. 1890: ASS 22 (1889-90) p. 392. Id., Epist. Encycl. Satis cognitum, 29
juin 1896: ASS 28 (1895-96) pp. 710 et 724 ss. Plus XII, Litt. Encycl.
Mystici Corporis, I. c., pp. 199-200.
(10) Cf. Pius XII, Litt. Encycl. Mystici Corporis,
1. c.. p. 221 ss. Id., Litt. Encycl. Humani generis, 12 août 1950:
AAS
42 (1950) p. 571.
(11) Leo XIII, Epist. Encycl. Satis Cognitum, 1. c.,
p. 713.
(12) Cf. Symbolum Apostolicum: Denz. 6-9 (10-13); Symb.
Nic.-Const.: Denz. 86 (150); coll. Prof. fidei Trid.: Denz. 994 et 999 (1862
et 1868).
(13) On dit " Sancta (catholica apostolica) Romana Ecclesia
": dans Prof. fidei Trid., 1. c., et dans Conc. Vat. I, Sess. III, Const.
dogm. de fide cath.: Denz. 1782 (3001).
(14) S. Augustinus, Civ. Dei, XVIII, 51, 2: PL 41,
614.
CHAPITRE II
(1) Cf. S. Cyprianus, Epist. 69, 6: PL 3, 1142 B;
Hartel 3 B, p. 754: " inseparabile unitatis sacramentum ".
(2) Cf. Pius XII, Alloc. Magnificate Dominum, 2
nov. 1954: AAS 46 (1954) p. 669. Litt. Encycl.
Mediator Dei. 20 nov. 1947: AAS 39 (1947) p. 555.
(3) Cf. Pius XI, Litt. Encycl. Miserentissimus
Redemptor, 8 mai 1928: AAS 20 (1928) p. 171 s. Pius XII, Alloc.
Vous nous avez, 22 septembre 1956: AAS 48 (1956) p. 714.
(4) Cf. S. Thomas. Summa Theol. III, q. 63, a. 2.
(5) Cf. S. Cyrillus Hieros., Catech. 17.
de Spiritu Sancto. II. 35-37: PG 33, 1009-1012. Nic. Cabasilas, De
vita in Christo. lib. III, de utilitate chrismatis: PG 150,
569-580. S. Thomas, Summa Theol. III, q. 65, a. 3 et q. 72, a. I et 5..
(6) Cf. Pius XII, Litt. Encycl.
Mediator Dei, 20 nov. 1947: AAS 39 (1947), spécialement p. 552s.
(7) I Cor. 7, 7: " Unusquisque proprium donum (idion
charisma) habet ex Deo: alius quidem sic, alius vero sic ". Cf. S.
Augustinus, De Dono Persev. 14, 37: PL 45, 1015 s.: " Non tantum continentia
Dei donum est, sed coniugatorum etiam castitas ".
(8) Cf. s. Augustinus, De Praed. Sanct. 14. 27:
PL 44. 980.
(9) Cf. S. Io. Chrysostomus. In Io. Hom. 65, I: PG
59, 361.
(10) Cf. S. Irenaeus, Adv. Haer. III, 16, 6; III,
22, 1-3: PG 7, 925C-926A et 955C-958A; Harvey 2, 87 s. et 120-123; Sagnard,
Ed. Sources Chrét.. pp. 290-292 et 372 ss.
(11) Cf. s. Ignatius M., Ad Rom., Praef.: Ed. Funk,
I. p. 252.
(12) Cf. S. Augustinus, Bapt. c. Donat. V, 28, 39: PL 43,
197: " Certe manifestum est, id quod dicitur, in Ecclesia intus et foris, in
corde, non in corpore cogitandum ". Cf. ib., III, 19, 26: col. 152; V, 18,
24: col. 189; In Io. Tr. 61, 2: PL 35, 1800, et souvent ailleurs.
(13) Cf. Lc 12, 48: " Omni autem, cul multum datum est,
multum quaeretur ab eo ". Cf. aussi Mt. 5, 19-20; 7, 21-22; 25, 41-46; Iac.
2, 14.
(14) Cf. Leo XIII, Epist. Apost.
Praeclara gratulationis, 20 juin 1894; .ASS 26 (1893-94) p. 707.
(15) Cf. Leo XIII, Epist. Encycl. Satis cognitum,
29 juin 1896; ASS 28 (1895-96) p. 738. Epist. Encycl. Caritatis
studium, 25 juillet 1898: ASS 31 (1898-99) p. 11. Pius XII,
Radiomessage Nell'Alba, 24 décembre 1941: ASS 34 (1942) p. 21.
(16) Cf. Pius XI, Litt. Encycl. Rerum Orientalium,
8 sept. 1928: AAS 20 (1928) p. 287. Pius XII, Litt. Encycl.
Orientalis Ecclesiae, 9 avr. 1944: AAS 36 (1944) p. 137.
(17) Cf. lnstr. S.S.C.S. Officii, 20 déc. 1949: AAS
42 (1950) p. 142.
(18) Cf. S. Thomas, Summa Theol. III, q. 8, a. 3,
ad 1.
(19) Cf. Epist. S.S.C.S. Officii ad Archiep. Boston.: Denz.
3869-72.
(20) Cf. Eusebius Caes., Praeparatio Evangelica, 1, I: PG
21, 28 AB.
(21) Cf. Benedictus XV, Epist. Apost. Maximum illud:
AAS 11 (1919) p. 440, spécialement p. 451 ss. Pius XI, Litt. Encycl.
Rerum Ecclesiae: AAS 18 (1926) p. 68-69. Plus XII, Litt. Encycl.
Fidei Donum, 21 avr. 1957: AAS 49 (1957) pp. 236-237.
(22) Cf. Didachè, 14: ed. Funk, I, p. 32. S. Iustinus,
Dial. 41: PG 6, 564. S. Irenaeus,
Adv. Haer. IV, 17, 5; PG 7, 1023; Harvey, 2, p. 199 s. Cone.
Trial. Sess.22. cap. 1: Denz. 939 (1742).
CHAPITRE III
(1) Cf. Conc. Val. 1, Sess. IV, Const. Dogm.
Pastor aeternus : Denz. 1821 {3050 s.).
(2) Cf. Conc. Flor., Decretum pro Graecis: Denz.
694 (1307) et Conc. Val, I, ib.: Denz. 1826 (3059).
(3) Cf. Liber sacramentorum S. Gregorii, Praef. in
natali S. Matthiae et S. Thomae:
PL 78, 51 et 152; cf. Cod. Val. lat. 3548, f. 18. S. Hilarius, In Ps.
67, 10: PL 9, 450; CSEL 22, p. 286. S. Hieronymus, Adv. Iovin. 1.26: PL
23,247 A. S. Augustinus, In Ps. 86, 4: PL 37, 1103. S. Gregorius M.,
Mor. in Iob, XXVIII, V: PL 76, 455-456. Primasius, Comm. in Apoc. V: PL 68,
924 BC. Paschasius Radb., In Matth. L. VIII, cap. 16: PL 120, 561 C. Cf. Leo
XIII, Epist. Et sane, 17 déc. 1888: ASS 21 (1888) p. 321.
(4) Cf. Act. 6, 2-6; 11, 30; 13, 1; 14, 23; 20, 17;
I
Thess. 5, 12-13; Phil. 1, 1; Col. 4, 11, et passim.
(5) Cf. Act. 20, 25-27; 2 Tim. 4.6 s. coll.
c. I
Tim. 5, 22; 2 Tim. 2, Tit. I, 5; S. Clem. Rom.. Ad
Cor. 44, 3; ed. Funk, I, p. 156.
(6) S. Clem. Rom., Ad Cor. 44, 2; ed. Funk, I, p.
154 s.
(7) Cf. Tertull., Praescr. Haer. 32; PL 2,
52 s.; S. lgnatius M.. passim.
(8) Cf. Tertull.. Praescr. Haer. 32; PL 2,
53.
(9) Cf. S. Irenaeus. Adv. Haer. III, 3, I; PG
7, 848 A; Harvey 2. 8: Sagnard, p. 100 s.: " manifestatam ".
(10) Cf. S. Irenaeus. Adv. Haer. III, 2, 2; PG 7,
847: Harvey 2, 7: Sagnard, p. 100: " custoditur ", cf. ib. IV, 26, 2; col.
1053; Harvey 2, 236, necnon IV, 33, 8; col. 1077; Harvey 2, 262.
(11) S. Ign. M., Philad., Praef.; ed. Funk, I, p.
264.
(12) S. lgn. M., Philad.. 1, 1; Magn. 6, 1; Ed.
Funk, I, pp. 264 et 234.
(13) S. Clem. Rom., 1. c., 42, 3-4; 44, 3-4; 57, 1-2; Ed. Funk, 1, 152, 156, 171
s. S. Ign. M., Philad. 2; Senyrn. 8; Magn. 3; Trall. 7; Ed. Funk, I, p. 265 s.;
282; 232; 246 s. etc.; S. lustinus, Apol., 1, 65; PG 6, 428; S. Cyprianus,
Epist., passim.
(14) Cf. Leo XIII, Epist. Encycl. Satis cognitum, 29 juin 1896:
ASS 28 (1895-96) p. 732.
(15) Cf. Conc. Trid., Sess. 23, Decr. de sacr. Ordinis, cap. 4: Denz.
960 (1768); Conc. Vat. I, Sess. 4, Const. Dogrn. I De Ecclesia Christi,
cap. 3: Denz. 1828 (3061). Pius XII, Litt. Encycl. Mystici Corporis, 29
juin 1943: AAS 35 (1943) pp. 209 et 212. Cod. Iur. Can., c. 329
§ 1.
(16) Cf. Leo XIII. Epist. Et sane. 17 déc. 1888: ASS 21 (l888)
p. 321 s.
(17) S. Leo M., Serra. 5, 3: PL 54, 154.
(18) Le Conc. de Trente, Sess. 23. cap. 3, cite les paroles 2 Tim. I,
6-7, pour démontrer que l'Ordre est un vrai sacrement: Denz. 959 (1766).
(19) In Trad. Apost. 3, ed. Botte, Sources Chr., pp. 27-30. à l'évêque est
attribué "primatus sacerdotii". Cf. Sacramentarium Leonianum, ed. C.
Mohlberg, Sacramentarium Veronense, Romae, 1955, p. 119: "ad summi
sacerdotii ministerium... Comple in sacerdotibus tuis mysterii tui summam "...
Idem, Liber Sacramentorum Romanae Ecclesiae, Romae, 1960, pp. 121-122: "
Tribuas eis, Domine, cathedram episcopalem ad regendam Ecclesiam tuam et plebem
universara ". Cf. PL 78, 224.
(20) Trad. Apost. 2, ed. Botte, p. 27
(21) Le Concile de Trente. Sess. 23, cap. 4, enseigne que le sacrement de
l'Ordre imprime un caractère indélébile: Denz. 960 (1767). Cf. Jean XXIII.
AIIoc. Iubilate Deo. 8 mai 1960: AAS 52 (1960) p. 466. Paul VI,
Homélie dans la Basilique vaticane, 20 octobre 1963: AAS 55 (1963)
p. 1014.
(22) S. Cyprianus, Epist. 63, 14: PL 4, 386; Hartel, I11 B, p.
713: " Sacerdos vice Christi vere fungitur ". S. Io. Chrysostomus, In 2 Tim.
Hom. 2, 4:
PG
62, 612: Sacerdos est " symbolon " Christi. S. Ambrosius, In Ps. 38,
25-26: PL 14, 1051-52: CSEL 64, 203-204. Ambrosiaster, In I Tim.
5, 19:
PL 17, 479 C et In Eph. 4, 11-12: col. 387. C. Theodorus Mops.,
Hom. Catech. XV, 21 et 24: ed. Tonneau, pp. 497 et 503. Hesychius Hieros., In
Lev. L. 2, 9, 23: PG 93, 894B.
(23) Cf. Eusebius, Hist. Eccl., V, 24. 10: GCS II, 1, p. 495;
ed. Bardy, Sources Chr. Il, p. 69. Dionysius, dans Eusebius ib. VIl, 5,
2: GCS II, 2, p. 638 s., Bardy, II, p. 168 s.
(24) Cf. sur les anciens Conciles, Eusebius, Hist. Eccl. V, 23-24:
GCS II, 1, p. 488 ss.; Bardy, II, p. 66 ss. et passim. Conc. Nicaenum, Can.
5: Conc. Oec. Decr. p. 7.
(25) Tertullianus, De Ieiunio, 13: PL 2, 972 B; CSEL 20, p. 292, lin.
13-16.
(26) S. Cyprianus, Epist. 56, 3: Hartel, III B, p. 650; Bayard, p. 154.
(27) Cf. la Relation officielle Zinelli, dans Conc. Vat. 1: Mansi 52, 1109 C.
(28) Cf. Conc. Vat. 1, Schema Const. dogm. II, de Ecclesia Christi, c. 4: Mansi
53, 310. Cf. Relation Kleutgen sur le Schéma réformé: Mansi 53, 321 B-322 B et
déclaration Zinelli: Mansi 52, 1110 A. Voir aussi S. Leo M., Serra. 4, 3: PL
54, 151 A.
(29) Cf. Cod. Iur. Can., c. 222 et 227.
(30) Cf. Conc. Vat. I, Const. Dogm. Pastor aeternus: Denz. 182~ (3050
s.).
(31) Cf. S. Cyprianus. Epist. 66, 8: Hartel III. 2. p. 733: " Episcopus
in Ecclesia et Ecclesia in Episcopo ".
(32) Cf. S. Cyprianus, Epist. 55, 24: Hartel. p. 642, lin. 13: "Una
Ecclesia per totum mundum in multa membra divisa ". Epist. 36, 4: Hartel,
p. 575, lin. 20-21.
(33) Cf. Plus XII, Litt. Encycl. Fidei Donum. 21 avr. 1957: AAS
49 (1957) p. 237.
(34) Cf. S. Hilarius Pict., In Ps. 14. 3: PL 9, 206; CSEL 22, p. 86.-S.
Gregorius M., Moral. IV, 7, 12: PL 75, 643 C. Ps.-Basilius, In Is. 15, 296: PG
30, 637 C.
(35) S. Coelestinus, Epist. 18, 1-2, ad Conc. Eph.: PL 50,
505 AB; Schwartz, Acta Conc. Oec. 1, 1, 1, p. 22. Cf. Benedictus XV, Epist.
Apost. Maximum illud: AAS 11 (1919) p. 440. Plus XI, Litt. Encycl. Rerum
Ecclesiae, 28 févr. 1926: AAS 18 (1926) p. 69. Pius XII, Litt. Encycl. Fidei
Donum, 1. c.
(36) Leo XllI, Litt. Encycl. Grande munus, 30 sept.
1880: ASS 13 (1880) p. 145. Cf.
Cod. Iur. Can., c. 1327; c. 1350 § 2.
(37) Sur les droits des sièges patriarcaux cf. Conc.
Nicaenum, can. 6 sur Alexandrie et Antioche, et can. 7 sur Jérusalem: Conc.
Oec. Decr., p. 8 - Conc. Enter. IV, année 1215, Constit. V:
De dignitate Patriarcharum: ibid. p. 212.-Conc. Ferr.-Flor.: ibid. p.
504.
(38) Cf. Cod. Iuris pro Eccl. Orient., c. 216-314:
de Patriarchis; c. 324-339: de Archiepiscopis maioribus; c. 362-391: de
aliis dignitariis; in specie, c. 238 § 3; 216; 240; 251; 255: de Episcopis a
Patriarcha nominandis.
(39) Cf. Conc. Trid., Decr. de reform., Sess. V. c. 2. n.
9; et Sess. XXIV. can. 4: Conc. Oec. Decr. pp. 645 et 739.
(40) Cf. Conc. Vat. I, Const. dogm. Dei Filius, 3: Denz.
1712 (3011). Cf. note jointe au Schéma I de Eccl. (prise à St-Rob.
Bellarmin): Mansi 51, 579 C; et aussi le Schema reformatum Const. Il de
Ecclesia Christi, avec le commentaire de Kleutgen: Mansi 53, 313 AB.
Pius IX. Epist. Tuas libenter: Denz. 1683 (2879).
(41) Cf. Cod. Iur. Can., c. 1322-1323.
(42) Cf. Conc. Val. 1. Const. dogm. Pastor Aeternus.
Denz. 1839 (3074).
(43) Cf. l'explication de Gasser dans Conc. Vat. I: Mansi
52. 1213 AC. 44.
(44) Casser, ib.: Mansi 1214 A.
(45) Gasser, ib.: Mansi 1215 CD, 1216-1217 A.
(46) Casser, ib.: Mansi 1213.
(47) Conc. Vat. I, Const. dogm. Pastor Aeternus, 4:
Denz. 1836 (3070).
(48) Prière de la consécration épiscopale dans le rite
byzantin: Euchologion to mega. Romae, 1873, p. 139.
(49) Cf. S. Ignatius M., Smyrn. 8, 1: ed. Funk. I. p. 282.
(50) Cf..Act. 8. 1; 14, 22-23; 20, 17, et passim.
(51) Oraison mozarabe: PL 96, 759 B.
(52) Cf. S. lgnatius M., Smyrn. 8, 1: ed. Fonk. I. p. 282.
(53) S. Thomas, Summa Theol. II1, q. 73. a. 3.
(54) Cf. S. Augustinus. C. Faustum, 12. 20: PI. 42. 265;
Serm. 57, 389, etc.
(55) S. Leo M., Serra. 63, 7: PL 54: 357C.
(56) Traditio Apostolica Hippolyti, 2-3: ed. Botte, pp.
26-30.
(57) Cf. le texte de l'examen au début de la consécration
épiscopale, et l'Oratio à la fin de la Messe de la même consécration, après
le Te Deum.
(58) Benedictus XIV. Br. Romana Ecclesia. 5 ott.
1752, § 1: Bullarium Benedicti XIV, t. IV, Romae 1758, 21: "Episcopus
Christi typum gerit. Eiusque munere fungitur". Pius XII, Litt. Encycl.
Mystici Corporis, I. c., p. 211: "Assignatos sibi greges singuli
singulos Christi nomine pascunt et regunt ".
(59) Leo XIII, Epist. Encycl. Satis cognitum, 29
juin 1896: ASS 28 (1895~96) p. 732. Idem, Epist.
Officio sanctissimo, 22 déc. 1887: ASS 20 (1887) p. 264. Pius IX, Litt.
Apost.
aux Evêques d'Allemagne, 12 mars 1875. et Alloc. Consist., 15 mars 1875:
Denz. 3112-3117, dernière édition.
(60) Conc. Var. I, Const. dogm. Pastor aeternus, 3:
Denz. 1828 (3061). Cf. Relation Zinelli: Mansi 52, 1114 D.
(61) Cf. S. Ignatius M., Ad Ephes., 5, 1: ed. Funk,
I, p. 216.
(62) Cf. S. Ignatius M., Ad Ephes., 6, 1: ed. Funk,
I, p. 218.
(63) Cf. Conc. Trid., Sess. 23, De sacr. Ordinis, cap. 2:
Denz. 959 (1765), et can. 6: Denz. 966 (1776).
(64) Cf. Innocentius I, Epist. ad Decentium: PL 20,
554 A; Mansi 1029; Denz. 98 (215): " Presbyteri, licet secundi sint
sacerdotes, pontificatus tamen apicem non habent ". S. Cyprianus, Epist. 61,
3: ed. Hartel, p. 696.
(65) Cf. Conc. Trid., 1. c., Denz 956a-968 (1763-1778), et
en particulier can. 7: Denz. 967 (1777). Pius XII Const. Apost.
Sacramentum Ordinis: Denz 2301 (3857-3861).
(66) Cf. Innocentius I, 1. c. - S. Gregorius Naz., Apol.
II, 22: PG 35, 432 B. ps.-Dionysius. Eccl. Hier., 1, 2: PG 3, 372 D
(67) Cf. Conc. Trial., Sess. 22: Denz 940 (1743), Plus XII,
Litt. Encycl. Mediator Dei, 20 nov. 1947:
AAS 39 (1947) p. 553; Denz. 2300 (3850).
(68) Cf. Conc. Trid., Sess. 22: Denz. 938 (1739-40). Conc.
Var. 11. Const. De Sacra Liturgia, n. 7 et n. 47: AAS 56
(1964), pp. 100-113.
(69) Cf. Pius XII, Litt. Encycl. Mediator Dei, I.
c., sub. n. 67.
(70) Cf. S. Cyprianus, Epist. 11, 3: PL 4, 242 B;
Hartel, II, 2, p. 497.
(71) Ordo consecrationis sacerdotalis, à
l'imposition des ornements.
(72) Ordo consecrationis sacerdotalis, dans la
Prélace.
(73) Cf. S. Ignatius M., Philad. 4: ed. Funk, I, p. 266. S.
Cornelius 1, dans S. Cyprianus, Epist. 48, 2: Hartel, III, 2, v 610.
(74) Constitutiones Ecclesiae aegyptiacae, III, 2:
ed. Funk, Didascalia, II, p. 103. Statuta Eccl..Ant. 37-41: Mansi 3. 954.
(75) S. Polycarpus, Ad Phil. 5. 2: ed. Funk, I, p.
300: le Christ est dit " omnium diaconus factus". Cf. Didachè, 15, I: ib.,
p. 32. S. Ignatius M., Trall. 2, 3: ib., p. 242. Constitutiones
Apostolorum, 8, 28, 4: ed. Funk. Didascalia, I, p. 530.
CHAPITRE IV
(1) S. Augustinus, Serra. 340, 1: PE 38. 1483.
(2) Cf. Pius XI, Litt. Encycl. Quadragesimo anno, 15 mai 1931: AAS
23 (1931) p. 221 s. Pius XII, AIloc. De quelle consolation, 14 oct.
1951: AAS 43 (1951) p. 790 s.
(3) Cf. Pius XII. Alloc. Six ans se sont écoulés, 5 oct. 1957: AAS
49 (1957) p. 927.
(4) De la Préface du Christ-Roi.
(5) Cf. Leo XIII, Epist. Encycl. Immortale Dei, ler
nov. 1885.
AAS 18 (1885) p. 166 ss. Idem, Litt. Encycl. Sapientiae
christianae, 10 janv. 1890: ASS 22 (1889-90) p. 397 ss. Pius
XII, Alloc. Alla vostra filiale, 23 mars 1958:
AAS 50 (1958) p. 220: " la saine et légitime laïcité de l'Etat ".
(6) Cod. Iur. Can., can. 682.
(7) Cf. Pius XII, Alloc. De quelle consolation, 1.
c., p. 789: " Dans les batailles décisives, c'est parfois du front que
partent les plus heureuses initiatives... ". Idem, Alloc. L'importance de la
presse catholique, 17 février 1950: AAS 42 (1950) p. 256.
(8) Cf. I Thess. 5, 19 et I In 4, 1.
(9) Epist. ad Diognetum, 6: ed. Funk, 1, p. 400.
Cf. S. Io. Chrysostomus, In Matth. Hom. 46 (47), 2: PG 58, 478, sur
le levain dans la pâte.
CHAPITRE V
(1) Missel Romain, Gloria in excelsis. Cf.
Lc 1, 35; Mc 1, 24; Lc 4, 34; 1o. 6, 69 (ho hagios tou
Theou);
Act. 3, 14; 4, 27 et 30; Hebr. 7, 26; I Io. 2, 20; Apoc. 3,
7.
(2) Cf. Origenes, Comm. Rem. 7, 7:
PG 14, 1122 B. Ps.-Macarius, De Oratione, 11: PG 34, 861 AB.
S. Thomas,
Summa Theol. lI-II, q. 184, a 3,
(3) Cf. S. Augustinus, Retract. II, 18: PL 32, 637 s. - Pius
XII, Litt. Encycl. Mystici Corporis, 29 juin 1943: AAS 35 (1943)
p. 225.
(4) Cf. Pius XI, Litt. Encycl. Rerum omnium, 26 janv. 1923: AAS
15 (1923) p. 50 et pp. 59-60. Litt. Encycl. Casti Connubii, 31 déc.
1930: AAS 22 (1930) p. 548. Pius XII, Const. Apost. Provida Mater,
2 févr. 1947: AAS 39 (1947) p. 117. Alloc. Annus sacer, 8 déc.
1950: AAS 43 (1951) pp. 27-28. Alloc.
Nel darvi. 1 iuillet 1956: AAS 48 (1956) p. 574 s.
(5) Cf. s. Thomas, Summa Theol. II-II, q. 184, a. 5 et 6. De perf.
vitae spir., c. 18. Origenes, In Is. Hom. 6, 1: PG 13, 239.
(6) Cf. S. lgnatius M., Magn. 13, 1: ed. Funk, I, p. 241.
(7) Cf. S. Pius X, Exhort. Haerent animo, 4 août
1908: AAS 41 (1908) p. 560 s. Cod. Iur. Can., can. 124. Plus XI,
Litt. Encycl. Ad catholici sacerdotii, 20 déc. 1935:
AAS 28 (1936) p. 22 s.
(8) Ordo consecrationis sacerdotalis, exhortation initiale.
(9) Cf. S. lgnatius M., Trall. 2, 3: ed. Funk, 1, p. 244.
(10) Cf. Pius XII, Alloc. Sous la maternelle protection. 9 déc. 1957:
AAS 50 (1958) p. 36.
(11) Pius XI, Litt. Encycl. Casti Connubii, 31 déc. 1930: AAS 22
(1930) p. 548 s. Cf. S. Io. Chrysostomus. In Ephes. Hom. 20, 2: PG 62,
136 ss.
(12) Cf. S. Augustinus, Enchir. 121, 3~ PL 40, 288. S. Thomas, Summa
Theol. II-II, q. 184, a. 1. Plus XII, Exhort. Apost. Menti nostrae,
23 sept. 1950: AAS 42 (1950) p. 660.
(13) Sur les conseils en général, cf. Origenes, Comm. Rem. X, 14: PG
14, 1275 B. S. Augustinus. De S. Virginitate, 15, 15: PL 40,
403. S. Thomas Summa Theol. I-II, q. 100, a. 2 C (in fine); II-II, q.
44, a. 4, ad 3.
(14) Sur l'excellence de la sainte virginité, cf. Tertullianus, Exhort. Cast.
10: PL 2, 925 C. S. Cyprianus, Hab. Virg. 3 et 22: PL 4, 443 B
et 461 A s, S. Athanasius (7) De l/irg.: PG 28, 252 ss. S. Io.
Chrysostomus, De Virg.: PG 48, 533 ss.
(15) Sur la pauvreté en esprit, cf. Mt. 5, 3 et 19, 21; Mc 10,
21; Lc 18, 22; sur l'obéissance est rappelé l'exemple du Christ in Io.
4, 34 et 6, 38; Phil. 2, 8-10; Hébr. 10, 5-7. Les Pères et les
fondateurs d'Ordres en parlent continuellement.
(16) Sur la pratique effective des conseils évangéliques qui n'est pas imposée à
tous, cf. S. Io. Chrysostomus, In Matth. Hem. 7, 7:
PG 57, 81 s. S, Ambrosius, De Viduis, 4, 23: PL 16, 241
s.
CHAPITRE VI
(1) Cf. Rosweydus, Vitae Patrum, Antwerpiae. 1628.
Apophtegmata Patrum:
PG 65. Palladius, Historia Lausiaca: PG 34, 995 ss.; ed. C. Butlet,
Cambridge 1898 (1904). Pius XI, Const. Apost. Umbratilem, 8 juillet
1924; AAS 16 (1924) pp. 386-387. Pius XII, Alloc. Nous sommes
heureux, 11 avr. 1958: AAS 50 (1958) p. 283.
(2) Paulus VI. Alloc. Magno gaudio, 23 mai 1964:
AAS 56 (1964) p. 566.
(3) Cf. Cod. Iur. Can., c. 487 et 488, 4°. Pius
XII, Alloc. Annus sacer, 8 déc. 1950: AAS 43 (1951) p. 27 s.
Pius XII, Const. Apost. Provida Mater, 2 févr. 1947: AAS 39
(1947.} p. 120 ss.
(4) Paulus VI, 1. c., p. 567.
(5) Cf. S. Thomas,
Summa Theol. II-ll, q. 184, a. 3 et q. 188, a. 2. S. Bonaventura,
Opusc. XI, Apologia Pauperum, c. 3, 3: ed. Opera, Quaracchi, t. 8, 1898,
p. 245 a.
(6) Cf. Conc. Vat. I, Schema De Ecclesia Christi,
cap. XV, et Adnot. 48: Mansi 51, 549 s. et 619 s. -- Leo XIII, Epist. Au
milieu des consolations, 23 déc. 1900:
ASS
33 (1900-01) p. 361. Pius XII, Const. Apost. Provida Mater, 1. c.,
p. 114 s.
(7) Cf. Leo XIII, Const. Romanos Pontifices, 8 mai 1881: ASS 13
(1880-81) p. 483. Pius XII. Alloc. Annus sacer, 8 déc. 1950: AAS
43 (1951) p. 28 s.
(8) Cf. Plus XII, Alloc. Annus sacer. 1. c., p. 28. Pius XII, Const.
Apost. Sedes Sapientiae, 31 mai 1956: AAS 48 (1956) p. 355.
Paulus VI, 1. c. pp. 570-571.
(9) Cf. Pius XII, Litt. Encycl. Mystici Corporis, 29 juin 1943: AAS
35 (1943) p. 214 s.
(10) Cf. Pius XII. Alloc. Annus sacer, 1. c., p. 30. Alloc. Sous la
maternelle protection, 9 déc. 1957: AAS 50 (1958) p. 39 s.
CHAPITRE VII
(1) Conc. Florentinum, Decretum pro Graecis: Denz.
693 (1305).
(2) Outre les documents plus anciens contre toute forme d'évocation des esprits
depuis Alexandre IV (27 sept. 1258). cf. Encycl. S. S. C. S. Officii, De
magnetismi abusu, 4 août 1856: AAS (1865) pp. 177-178, Denz.
1653-1654 (2823-2825); réponse de S. S. C. S. Officii, 24 avr. 1917: AAS
9 (1917) p. 268, Denz. 2182 (3642).
(3) Voir l'exposé synthétique de cette doctrine paulinienne dans: Pius XII,
Litt. Encycl. Mystici Corporis: AAS 35 (1943) p. 200 et passim.
(4) Cf., i. a., S. Augustinus, Enarr. in Ps. 85, 24: PL 37, 1099. S. Hicronymus,
Liber contra Vigilantium, 6: PL 23, 344. S. Thomas, In Ant Sent., d. 45. q.
3, a. 2. S. Bonaventura, In Am Sent., d. 45, a. 3. q. 2; etc.
(5) Cf. Pius XII. Litt. Encycl. Mystici Corporis. AAS 35 (1943)
p. 245.
(6) Cf. de nombreuses inscriptions dans les Catacombes romaines.
(7) Cf. Gelasius 1. Decretalis De libris recipiendis, 3: PL
59, 160, Denz. 165 (353).
(8) Cf. S. Methodius Symposion, VII, 3: GCS (Bonwetsch), p. 74.
(9) Cf. Benedictus XV, Decretum approbationis virtutum in Causa beatificationis
et canonizationis Servi Dei Ioannis Nepomuceni Neumann: AAS 14 (1922) p.
23; nombre d'allocutions de Pie XI sur les Saints: lnviti all'eroismo.
Discorsi... t. I-III, Romae 1941-1942, passim; Pius XII, Discorsi e
Radiomessaggi, t. 10, 1949, pp. 37-43.
(10) Cf. Pius XII, Litt. Encycl. Mediator Dei: AAS 39 (1947) p.
581.
(11) Cf. Hebr. 13.7; Eccli. 44-50; Hebr. 11, 3-40; Cf.
aussi Pie XII, Litt. Encycl.
Mediator Dei: AAS
39 (1947) pp. 582-583.
(12) Cf. Conc. Vaticanum I. Const. De fide catholica, cap. 3: Denz. 1794
(3013).
(13) Cf. Pius XII, Litt. Encycl. Mystici Corporis: AAS 35 (1943)
p. 216
(14) Sur la gratitude envers les Saints, cf. E. Diehl, Inscriptiones latinae
christianae veteres, I, Berolini, 1925, nn. 2008, 2382 et passim.
(15) Conc. Tridentinum, Sess. 25, De invocatione... Sanctorum: Denz. 98]
(1821).
(16) Bréviaire Romain, invitatorium in festo Sanctorum Omnium.
(17) Cf. par ex. 2 Thess. I, I0.
(18) Conc. Vaticanum II, Const. De Sacra Liturgia, cap. 5, n. 104:
AAS 56 (1964), pp. 125-126 [P. 157].
(19) Canon de la Messe Romaine.
(20) Conc. Nicaenum II, Act. VII: Denz. 302 (600).
(21) Conc. Florentinum,
Decretum pro Graecis. Denz. 693 (1304).
(22) Conc. Tridentinum, Sess. 35, De invocatione veneratione et reliquiis
Sanctorum et sacris imaginibus: Denz. 984-988 (1821-1824); Sess. 25,
Decretum de Purgatorio: Denz. 983 (1820); Sess. 6, Decretum de
iustificatione, can. 30: Denz. 840 (1580).
(23) De la Préface des saints concédée à quelques diocèses.
(24) Cf. S. Petrus Canisius, Catechismus Maior seu Summa Doctrinae
christianae, cap. III (ed. crit. F. Streicher), lère partie, pp. 15-16, n.
44 et pp. 100-101, n. 49.
(25) Cf. Conc. Vaticanum II, Const. De Sacra Liturgia,
cap. 1, n. 8: AAS 56 (1964), p. 101 [P. 1311]
CHAPITRE VIII
(1) Credo dans la Messe Romaine: Symbolum Constantinopolitanum: Mansi 3, 566.
Cf. Conc. Ephesinum, lb. 4, 1130 (ainsi que ib. 2, 665 et 4, 1071); Conc.
Chalcedonense, ib. 7, 111-116; Conc. Constantinopolitanum II. ib. 9, 375-396.
(2) Canon de la Messe Romaine.
(3) S. Augustinus, De S. Virginitate, 6: PL 40, 399.
(4) Cf. Paulus Pp. VI Allocutio in Concilio, 4 déc. 1963 : AAS 56 (1964)
p. 37.
(5) Cf. S. Germanus Const., Hom. in Annunt. Deiparae. PG 98, 328 A; In
Dorm. 2: col. 357. - Anastasius Antioch., Serra. 2 de Annunt., 2: PG 89,
1377 AB; Serm.. 3, 2: col. 1388 C. ~ S. Andreas Cret., Can. in B. V.
Nat..1: PG 97, 1321 B. In B. V. Nat., 1: col. 812 A. Hom. in dorm, 1:
col. 1068 C. - S. Sophronius. Or. 2 in Annunt., 18: PG 87 (3), 3237
BD.
(6) S. Irenaeus, Adv. Haer. III, 22, 4: PG 7. 959 A; Harvey, 2,
123.
(7) S. Irenaeus, Ib.; Harvey, 2, 124.
(8) S. Epiphanius, Haer, 78, 18: PG 42, 728 CD - 729
AB.
(9) S. Hieronymus, Epist. 22, 21: PL 22, 408. Cf. S. Augustinus,
51, 2, 3: PL 38, 335: Serra. 232, 2: col. 1108. - S. Cyrillus Hieros.,
Catech. 12, 15: PG 33, 741 AB. - S. Io. Chrysostomus, In
Ps. 44, 7: PG
55, 193. -S. Io. Damascenus, Hom. 2 in dorm. B.M.V., 3: PG 96, 728.
(10) Cf. Conc. Lateranense, anno 649, Can. 3: Mansi 10, 1151. - S. It0 M.,
Epist. ad Flav.: PL 54. 759. - Conc. Chalcedonense: Mansi 7, 462 - S.
Ambrosius. De inst. virg.: PL 16. 320.
(11) Cf. Pius XII, Litt. Encycl. Mystici Corporis, 29 juin 1943: AAS
35 (l943) pp. 247-248.
(12) Cf. Pius IX, Bulla Ineffabilis. 8 déc. 1854: Acta Pii.IX, 1. I, p.
616; Denz. 1641 (2803).
(13) Cf. Pius XII. Const. Apost. Munificentissimus. 1 nov. 1950: AAS
42 (1950); Denz. 2333 (3903). Cf. S. Io. Damascernes. Enc. in dorm. Dei
genitricis, Hom. 2 et 3: PG 96, 721-761, spécialement col. 728 B..-S.
Germanus Constantinop., In S. Dei gen. dorm. Serm. 1: PG 98 (6), 340-348; Serm.
3: col. 361. S. Modestus Hier., In dorm. SS. Deiparae.. PG 86 (2),
3277-3312.
(14) Cf. Pius XII, Litt. Encycl. Ad coeli Reginam, 11 oct. 1954: AAS 46 (1954),
pp. 633-636: Denz. 3913 ss. Cf. S. Andreas Cret., Hom. 3 in dorm. SS. Deiparae..
PG 97, 1089-1109. - S. Io. Damascenus, De ride orth., IV, 14: PG 94, 1153-1161.
(15) Cf. Kleutgen. texte réformé De mysterio vervi incarnati cap IV
Mansi 53, 290. Cf. S. Andreas Cret., In nat. Mariae, sermo 4: PG 97, 865
A - S. Gerrnanus Constantinop., In annunt. Deiparae. PG 98, 321 BC.
Deiparae, III: col. 361 D. - S. Io. Damascenus, In dorm. B. V. Mariae ,Hom I. 8:
PG 96, 712 BC - 713 A.
(16) Cf. Leo XIII, Litt. Encycl. Adiutricem populi, 5 sept. 1895:
ASS 15 (1895-96), p. 303. - S. Pius X, Litt. Encycl. Ad diem illum,
2 févr. 1904: Acta, I, p. 154; Denz. 1978 a (3370). - Pius XI, Litt. Encycl.
Miserentissimus, 8 mai 1928: AAS 20 (1928) p. 178. - Pius XII.
Radiomessaggio. 13 mai 1946: AAS 38 (1946) p. 266.
(17) S. Arnbrosius, Epist. 63: PL 16, 1218.
(18) S. Arnbrosius, Expos. Lc. II, 7: PL 15, 1555.
(19) Cf. Ps.-Petrus Dam., Serm. 63: PL 144, 861 AB. - Godefridus a S.
Victore, In nat. B. M., Ms. Paris Mazarine, 1002, fol. 109 r. - Gerhohus Reich.,
De gloria et honore Filii hominis, 10: PL. 194, 1105 AB.
(20) S. Ambrosius, I. c. et Expos. Lc. X, 24-25: PL 15, 1810. - S.
Augustinus, In Io. Tr. 13, 12: PL 35, 1499. Cf. Serm. 191, 2. 3:
PL 38, 1010; etc. Cf. aussi Ven. Beda, In Lc Expos. , cap. 2: PL 92.
330. -- Isaac de SteIla .Serm. 51:
PL
194. 1863 A.
(21) Cf. Bréviaire romain, ant. "Sub tuum praesidium", des lères vêpres du petit
office de la Sainte Vierge.
(22) Conc. Nicaenurn II, anno 787: Mansi 13, 378-379; Denz. 302 (600-601). -
Conc. Trident., sess. 25: Mansi 33, 171-172.
(23) Cf. Pius XII, Radiomessaggio, 24 octobre 1954: AAS 46 (1954) p.
679. Litt. Encycl. Ad coeli Reginam. 11 octobre 1954: AAS 46
(1954) p. 637.
(24) Cf. Pius XI Litt. Encycl. Ecclesiam Dei. 12 nov. 1923: AAS
15 (1923) p. 581. - Pius XII, Litt. Encycl. Fulgens corona, 8 sept.
1953: AAS 45 (1953) pp. 590-591.
Source prise sur le site du Vatican