Par exemple, dans Hébreux 5:1,5,6 et 6:20, la Bible de Jérusalem emploie le mot "prêtre" pour désigner le sacrificateur, ce choix de terme est confondant et c'est pourquoi j`ai toujours associé les 2 termes dans mon esprit au lieu de voir dans le terme prêtre la déformation française de presbytre, l'ancien mentionné dans les épîtres.
Donc, dans le sens biblique, tous les chrétiens sont des sacrificateurs (Apocalypse 1:5, 1Pierre 2:9) mais tous ne sont pas des prêtres (des anciens). Dans Romains 12, Paul illustre une des façons que les chrétiens exercent leur sacerdoce et non leur prêtrise ; comme des sacrificateurs qui offrent leur propre corps pour le service du Seigneur. Les anciens, ou plus littéralement les prêtres (du grec presbuteros) sont désignés pour prendre soin et diriger le troupeau suivant l'exemple du souverain pasteur, Jésus :
1Pìerre 5:1- Les anciens qui sont parmi nous, je les exhorte, moi, ancien comme eux, témoin des souffrances du Christ, et qui dois participer à la gloire qui va être révélée. 2- Paissez le troupeau de Dieu qui vous est confié, veillant sur lui, non par contrainte, mais de bon gré, selon Dieu ; non pour un gain sordide, mais avec l'élan du cœur ; 3- non pas en faisant les seigneurs à l'égard de ceux qui vous sont échus en partage, mais en devenant les modèles du troupeau. 4- Et quand paraîtra le Chef des pasteurs, vous recevrez la couronne de gloire qui ne se flétrit pas. (version Jérusalem)
Dans l'Église, il n'y a pas d'âge de retraite, au contraire les anciens sont estimés et sont actifs dans le service. Au temps de Moïse, le service des Lévites durait 25 ans, jusqu'à l'âge de 50 ans.
Nombres 8:23-26 L’Éternel parla à Moïse, et dit :
Voici ce qui concerne les Lévites. Depuis l’âge de vingt-cinq ans et au-dessus, tout Lévite entrera au service de la tente d’assignation pour y exercer une fonction.
Depuis l’âge de cinquante ans, il sortira de fonction, et ne servira plus.
Il aidera ses frères dans la tente d’assignation, pour garder ce qui est remis à leurs soins ; mais il ne fera plus de service. Tu agiras ainsi à l’égard des Lévites pour ce qui concerne leurs fonctions.
Le père Philippe Rolland explique comment la confusion s'est installée au fil de l'histoire de l'Église entre les termes prêtre et sacrificateur:
«L’unité des chrétiens achoppe aujourd’hui sur une question très précise : la
signification du ministère pastoral. Alors que pour les catholiques et les
orthodoxes, l’ordination presbytérale du président de l’assemblée est nécessaire
pour que l’Eucharistie soit célébrée validement, la plupart des protestants
admettent qu’une communauté composée exclusivement de laïcs non ordonnés peut très
valablement se réunir pour la sainte Cène, en choisissant en son sein un
président qui redira en son nom les paroles prononcées par Jésus le jeudi saint
: « Ceci est mon corps, ceci est mon sang ».(...)
La position protestante s’appuie sur une conviction de Luther, fondatrice de sa
dissidence, à laquelle les Églises issues de la Réforme n’ont pas crû jusqu’ici
devoir officiellement renoncer : c’est que le sacrement de l’ordre est une
invention humaine, sans fondement dans la volonté du Christ. (...)
Cette position de Luther s’appuyait sur la découverte qu’il venait de faire du
sacerdoce baptismal de tous les chrétiens :
"Nous sommes absolument tous consacrés prêtres par le baptême, comme le dit
Saint- Pierre (1P 2) : « Vous êtes un sacerdoce royal et une royauté sacerdotale
», et l’Apocalypse : « Tu as fait de nous par l’effusion de ton sang des prêtres
et des rois ». Car s’il n’y avait pas en nous une plus haute consécration que
n’en donnent le pape et les évêques, jamais la consécration que n’en donnent le
pape et les évêques, jamais la consécration du pape et des évêques ne produirait
des prêtres capables de célébrer la messe, de prêcher et d’absoudre. "
(M.Luther, À la noblesse chrétienne de la nation allemande, dans Œuvres,
t.II,p.85)
(...) En niant l’existence du sacrement de l’ordre et en le remplaçant par le
sacerdoce baptismal, Luther avait bien conscience de saper tout l’édifice
doctrinal de l’Église catholique : il déniait toute autorité magistérielle au
pape et aux évêques réunis en Concile. Il conclut ainsi son pamphlet contre le
sacrement de l’ordre :
"Si ce sacrement et cette invention venaient un jour à tomber, la papauté
elle-même, avec ses caractères, ne subsistera qu’à grande peine et la
bienheureuse liberté nous reviendra." (De la captivité...,p.253)
(...)
Pour montrer que « nous sommes absolument tous consacrés prêtres par le baptême
», Luther a invoqué un très beau texte du Nouveau Testament, tiré de la première
épître de Pierre :
Approchez-vous de lui, pierre vivante, rejetée par les hommes mais choisie et
précieuse devant Dieu. Vous-mêmes, comme des pierres vivantes, entrez dans la
construction de la Maison habitée par l’Esprit, pour constituer une sainte
communauté sacerdotale, pour offrir des sacrifices perpétuels, agréables à Dieu
par Jésus-Christ. Car on trouve dans l’Écriture : « Voici que je pose en Sion
une pierre angulaire, choisie et précieuse, et celui qui met en elle sa
confiance ne sera pas confondu » (Is 28,16). À vous donc, les croyants,
l’honneur ; mais pour les incrédules « la pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs
est devenue la pierre d’angle » (Ps 118,22), et aussi « une pierre
d’achoppement, un roc qui fait tomber » (Is8,14). Ils s’y heurtent, parce qu’ils
refusent de croire à la Parole, et c’est à cela qu’ils étaient destinés. Mais
vous, vous êtes la race élue, la royale communauté sacerdotale, la nation
sainte, la peuple que Dieu s’est acquis, pour que vous proclamiez les hauts
faits de celui qui vous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière, vous
qui jadis n’étiez pas son peuple, mais qui maintenant êtes le peuple de Dieu,
vous qui n’aviez pas obtenu miséricorde, mais qui maintenant avez obtenu
miséricorde (1Pi 2,4-10) . On ne peut qu’être reconnaissant à Luther d’avoir
attiré l’attention de l’Église sur cette réalité magnifique : les croyants sont
les pierres vivantes de la Maison de Dieu, ils se tiennent devant Dieu pour lui
rendre le vrai culte qui lui plaît, c’est-à-dire offrir des « sacrifices
spirituels ».
Pour bien comprendre la pensée de Saint-Pierre, il nous faut porter attention
aux textes de l’Ancien Testament qu’il utilise. L’un d’entre eux se trouve en ÉSaïe
43:20-21 (je cite d’après la traduction grecque des LXX, celle que Pierre
utilisait) :
"Je procure dans le désert de l’eau, des fleuves dans la lande, pour abreuver ma
race élue, mon peuple que je me suis acquis pour proclamer mes hauts faits."
Saint-Pierre applique donc aux chrétiens ce qui était dit dans le livre d’Isaïe
du peuple d’Israël :
"C’est vous qui êtes cette race élue, ce peuple que Dieu s’est acquis pour que
vous proclamiez ses hauts faits. "
Mais il enrichit cette notion de « race élue » en se référant au moment où Dieu
s’est acquis son peuple, c’est-à-dire lors de l’Alliance au Sinaï. Ce jour-là,
Dieu avait dit à Israël :
"Si vous écoutez ma voix et gardez mon alliance, je vous tiendrai pour mon
peuple particulier parmi toutes les nations, car toute la terre est à moi. Vous
serez pour moi une royale communauté sacerdotale, une nation sainte ! " (Ex
19,5-6, LXX)
On voit ainsi quel est le privilège d’Israël dont Saint-Pierre dit qu’il est
maintenant l’apanage des chrétiens : ils sont « le peuple particulier de Dieu »,
la « communauté sacerdotale du roi », c’est-à-dire le peuple qui rend à Dieu,
roi du monde, le culte véritable. (...)
Telle est la dignité des chrétiens : ils sont les sacrificateurs qui se tiennent
en présence de Dieu, et qui lui offrent des sacrifices spirituels par les mains
de Jésus-Christ. Ils n’offrent plus, comme autrefois, des agneaux, des boucs ou
des taureaux, mais des sacrifices spirituels. Cette notion de sacrifice
spirituel est bien connue de l’époque néo-testamentaire. Elle consiste à exercer
la miséricorde (Mt 9,13 ;12,7), à aimer le Seigneur de tout son cœur, de toute
son intelligence et de toute sa force, et à aimer son prochain comme soi-même
(Mc 12,33), à partager ses biens avec ceux qui sont dans le besoin (Ph 4,18), à
pratiquer la bienfaisance et l’entraide communautaire (Hb 13,16), à confesser le
nom de Dieu (Hb 13,15), en un mot à « nous offrir nous-mêmes en sacrifice
vivant, saint et agréable à Dieu » (Rom 12,1). Nous nous unissons ainsi au
Christ, notre Grand Sacrificateur (Hb 9,11), qui « nous aimés et s’est livré
lui-même à Dieu, pour nous, en offrande et victime, comme un parfum d’agréable
odeur. »(Ep 5,2)
Cette notion de sacerdoce est très belle : dans la mesure où nous sommes unis au
Christ, nous sommes dans un contact immédiat avec Dieu, et toute notre vie peut
devenir un sacrifice perpétuel, grâce à l’amour qui remplit notre coeur et qui
nous fait « donner notre vie pour nos frères. » (1Jn 3,16)
Mais la notion de « sacerdoce » est extrêmement différente de la notion de «
presbytérat », dont parle la même première épître de Pierre en un autre endroit.
Saint-Pierre écrit en effet :
"J’exhorte donc les presbytres qui sont parmi vous, moi qui suis presbytre avec
eux et témoin des souffrances du Christ, moi qui aie part à la gloire qui va
être révélée : Paissez le troupeau de Dieu qui vous est confié, non par
contrainte, mais de bon gré, selon Dieu ; non par cupidité, mais par dévouement
; n’exerçant pas un pouvoir autoritaire sur ceux qui vous sont échus en partage,
mais devenant les modèles du troupeau. Et quand paraîtra le souverain berger,
vous recevrez la couronne de gloire qui ne se flétrit pas." (1P 5,14)
On voit bien par ce texte ce qu’est la notion de « presbytérat ». Ceux auxquels
Pierre s’adresse sont les chefs de la communauté, ses « pasteurs ». Ils ont reçu
de Dieu, l’autorité pastorale sur le troupeau du Christ, comme Pierre, «
presbytre avec eux », l’a reçue du Christ ressuscité, quand il lui a dit : «
Sois le berger de mes brebis » (Jn 21,15.16.17). Cette autorité, ils ne doivent
pas l’exercer de manière autoritaire ou cupide, mais ils l’ont effectivement
reçue, et personne d’autre ne doit l’usurper, car c’est à eux que le troupeau de
Dieu est confié. Ils sont les pasteurs visibles qui tiennent la place du
souverain berger invisible, auquel ils devront rendre des comptes.
Le vocabulaire employé pour le « sacerdoce » et le « presbytérat » n’est pas du
tout le même en grec. La « communauté sacerdotale » se dit en grec hiérateuma,
d’un mot dérivé de hiéreus, le sacrificateur, l’immolateur, l’homme du sacré. La
fonction du sacrificateur est d’immoler les victimes et de les présenter à Dieu.
Dans un tout autre sens, le « presbytre » (en grec presbutéros, le plus âgé) est
l’aîné de la communauté, son « sénateur », celui qui a reçu l’autorité pour la
diriger. Le mot presbutéros, transposé en latin sous la forme presbyter, a donné
naissance dans nos langues modernes à l’expression « prestre », devenue « prêtre
» en français, « priester » en allemand, « priest » en anglais, « prete » en
italien, etc. Il y a donc une grande différence étymologique entre le «
sacerdoce », habilitation à offrir des sacrifices, et la « prêtrise »,
habilitation à diriger une communauté.
Progressivement, dans l’histoire postérieure, les deux notions ont tendu à se
confondre. D’une part, du fait que les presbytres chrétiens présidaient le
sacrifice eucharistique, et disaient par conséquent au nom du Christ : « Ceci
est mon Corps, ceci est mon sang », les Pères de l’Église n’ont pas hésité à
leur attribuer un rôle sacrificateur analogue aux descendants d’Aaron dans
l’Ancien Testament, et dans la liturgie, on s’est mis à les appeler hiéreis
(sacerdotes en latin). Inversement d’autre part, le substantif « sacrificateur »
n’étant jamais devenu populaire dans le français moderne, les traducteurs de
l’Ancien Testament lui ont substitué le mot « prêtre », impropre en soi à
désigner leur fonction. Nous parlons aujourd’hui des « prêtres juifs », ou même
des « prêtres païens », alors qu’il faudrait en rigueur de termes parler des «
sacrificateurs juifs » ou des « sacrificateurs païens » . En vertu de cette
confusion, les chrétiens ont peu à peu oublié que tout baptisé possédait la
dignité sacerdotale, et ils ont réservé aux prêtres le substantif « sacerdoce »
et l’adjectif « sacerdotal ». Il est classique chez les catholiques de parler de
« vocation sacerdotale » plutôt que de « vocation presbytérale » (...).
C’est sur la base de cette confusion de vocabulaire que Luther a commis une
erreur exégétique fatale, ruineuse pour l’unité de l’Église, et, interprétant le
texte de la première épître de Pierre : « vous êtes une sainte communauté
sacerdotale », comme si elle signifiait : « Vous êtes tous des presbytres
».(...)