L'ordonnance du sabbat est insérée dans les 10 commandements, on en fait beaucoup
état chez ceux qui l'observent - les adventistes par exemple - pour
avancer que c'est un péché de ne pas l'observer. De nos jours encore,
certains - quelques juifs messianiques - vont plus loin encore en
affirmant que le chrétien devrait observer toute la loi de Moïse. Ceci
n'est pas sans rappeler le premier concile à Jérusalem rapporté dans
Ac.15 concernant le rapport du chrétien d'origine païenne et la loi
mosaïque. L'apôtre Paul ne mâche pas ses mots en les traitant de "faux
frères qui s’étaient furtivement introduits et glissés parmi nous, pour
épier la liberté que nous avons en Jésus–Christ, avec l’intention de
nous asservir. 5 Nous ne leur cédâmes pas un instant et nous résistâmes
à leurs exigences, afin que la vérité de l’Evangile fût maintenue parmi
vous." Ga.2:5. Dans ce contexte cependant, il s'agissait en particulier
de la circoncision et non du sabbat, mais il est évident que ces gens
ne s'arrêtaient pas seulement à la circoncision mais qu'ils voulaient
amener les chrétiens d'origine païenne à observer toute la Torah,
sabbat inclus.
Revenons au sabbat plus précisément. Les sabbatistes prennent
pour appui la parole de Jésus lui-même, ce qui n'est pas n'importe
quoi!
Ne pensez pas que je sois venu
abolir la loi ou les prophètes. Je suis venu non pour abolir, mais pour
accomplir. En vérité je vous le dis, jusqu'à ce que le ciel et la terre
passent, pas un seul iota, pas un seul trait de lettre de la loi ne
passera, jusqu'à ce que tout soit arrivé. - Matthieu 5:17-18
La loi à laquelle Jésus se réfère
n'est pas «la loi des 10 commandements» mais toute la loi de Moïse; les
10 commandements en sont le résumé écrit sur deux tables. Ailleurs
Jésus les résument encore plus en les réduisant à 2 commandements que
je paraphrase ainsi: «Aime Dieu au max et ton prochain autant que toi.»
Rappelons-nous que Matthieu était un juif qui avait écrit son
évangile en araméen pour les juifs, il est normal qu'il cite ces
paroles de Jésus pour démontrer aux Juifs sa légitimité. Pendant son
ministère terrestre, Jésus a effectivement accompli pleinement la loi
de Moïse. Il est d'ailleurs le seul à l'avoir fait dans toute
l'histoire de l'humanité (Actes 15:10), il est le seul à avoir vraiment
aimé son prochain comme lui-même (Galates 5:14). Il est le le seul
juste, donc il a pu dire sur la croix "Tout est accompli". "Tout"
inclut la loi de Moïse, la loi de Moïse a été accompli, c'est pourquoi
l'apôtre Paul a déclaré suivant la révélation que Dieu lui avait donné
:
Christ est
la fin de la loi, en vue de la justice pour tout croyant. 5 En effet,
Moïse écrit à propos de la justice qui vient de la loi "L'homme qui la
mettra en pratique vivra par elle". Ro.10:4-5
Galates 5:14 Car toute la loi est accomplie dans une seule parole, dans celle-ci: Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
Les premiers chrétiens se sont mis
d'accord - non sans avoir eu à en débattre dans le premier concile
rapporté dans Actes 15 où l'apôtre Paul était l'un des débatteurs - que
les chrétiens d'origine païenne n'avaient pas à observer la loi de
Moïse pour être agréable à Dieu :
Ac.15:4 Arrivés à Jérusalem, ils
furent reçus par l'Eglise, les apôtres et les anciens, et ils
racontèrent tout ce que Dieu avait fait avec eux.
5 Alors
quelques-uns du parti des pharisiens, qui avaient cru, se levèrent, en
disant qu'il fallait circoncire les païens et exiger l'observation de
la loi de Moïse.
6 Les apôtres et les anciens se réunirent pour examiner cette affaire.
7
Une grande discussion s'étant engagée, Pierre se leva, et leur dit:
Hommes frères, vous savez que dès longtemps Dieu a fait un choix parmi
vous, afin que, par ma bouche, les païens entendissent la parole de
l'Evangile et qu'ils crussent.
8 Et Dieu, qui connaît les coeurs, leur a rendu témoignage, en leur donnant le Saint-Esprit comme à nous;
9 il n'a fait aucune différence entre nous et eux, ayant purifié leurs coeurs par la foi.
10
Maintenant donc, pourquoi tentez-vous Dieu, en mettant sur le cou des
disciples un joug que ni nos pères ni nous n'avons pu porter?
11 Mais c'est par la grâce du Seigneur Jésus que nous croyons être sauvés, de la même manière qu'eux.
Fort de
cette appui apostolique les dénominations chrétiennes n'ont
majoritairement pas gardé l'observance du sabbat et elles n'avaient pas
non à juger certains des chrétiens juifs qui continuaient à l'observer,
l'apôtre Paul relate la grande latitude laissée aux croyants dans ce
domaine:
Ro.14:5 Tel fait une distinction
entre les jours; tel autre les estime tous égaux. Que chacun ait en son
esprit une pleine conviction. 6 Celui qui distingue entre les jours
agit ainsi pour le Seigneur. Celui qui mange, c'est pour le Seigneur
qu'il mange, car il rend grâces à Dieu; celui qui ne mange pas, c'est
pour le Seigneur qu'il ne mange pas, et il rend grâces à Dieu.
Ro.14:5 est limpide, ce n'est pas
plus un péché de manger une viande sacrifiée que de travailler un
samedi. Ce passage est incompréhensible pour celui qui tient absolument
à distinguer entre les jours et qui en fait un péché pour ceux qui les
estiment tous au même niveau. Paul inclut les "proto-adventistes"
(j'invente un mot là...) dans ce passage qui n'avaient pas encore
compris que "Christ est la fin de la loi" Ro.10:4. Un mot maintenant
concernant Jacques 2:10...
Ja.2:10 "Car quiconque observe toute la loi, mais pèche contre un seul commandement devient coupable de tous"
Le "toute la loi" ne peut pas
s'appliquer pour nous chrétiens d'origine païenne à la loi de Moise au
complet avec la loi cérémonielle, sinon il nous faudrait tous devenir
juifs et mettre les épîtres de Paul à la poubelle. Il est possible
cependant que ce soit ce qui était dans la pensée de Jacques puisqu'il
s'adressait aux juifs dispersés dans les contrées autres qu'Israel. Ja.1:1 Jacques, serviteur de Dieu et du Seigneur Jésus–Christ, aux douze tribus qui sont dans la dispersion, salut !
Rappelons-nous que Jacques était très attaché à la loi de Moïse, comme
le démontre cet épisode rapporté par Paul dans sa lettre aux Galates :
Ga.2:11 Mais
lorsque Céphas vint à Antioche, je lui résistai en face, parce qu’il
était répréhensible.
12 En effet, avant l’arrivée de quelques personnes envoyées par
Jacques, il mangeait avec les païens ; et, quand elles furent venues,
il s’esquiva et se tint à l’écart, par crainte des circoncis.
13 Avec lui les autres Juifs usèrent aussi de dissimulation, en sorte
que Barnabas même fut entraîné par leur hypocrisie.
14 Voyant qu’ils ne marchaient pas droit selon la vérité de l’Evangile,
je dis à Céphas, en présence de tous : Si toi qui es Juif, tu vis à la
manière des païens et non à la manière des Juifs, pourquoi forces–tu
les païens à judaïser ?
15 Nous, nous sommes Juifs de naissance, et non pécheurs d’entre les
païens.
16 Néanmoins, sachant que ce n’est pas par les œuvres de la loi que
l’homme est justifié, mais par la foi en Jésus–Christ, nous aussi nous
avons cru en Jésus–Christ, afin d’être justifiés par la foi en Christ
et non par les œuvres de la loi, parce que nulle chair ne sera
justifiée par les œuvres de la loi.
Je ne
pense donc pas que le "toute la loi" soit un synonyme des 10
commandements dans la pensée de Jacques, il faisait référence
possiblement à toute la loi de Moïse rapportée dans la Torah. Nulle
part le NT utilie l'expression "toute la loi" comme synonyme des 10
commandements. Il est possible aussi que Jacques ait eu
particulièrement à la pensée la loi morale, le contexte du chapitre 2
pointe dans cette direction ; ne pas méprisez son frère parce qu'il est
pauvre - résumée dans la loi royale "Tu aimeras ton prochain comme
toi-même". Ja.2:1 Mes
frères, que votre foi en notre glorieux Seigneur Jésus–Christ soit
exempte de toute acception de personnes.
2 Supposez, en effet, qu’il entre dans votre assemblée un homme avec un
anneau d’or et un habit magnifique, et qu’il y entre aussi un pauvre
misérablement vêtu ;
3 si, tournant vos regards vers celui qui porte l’habit magnifique,
vous lui dites : Toi, assieds–toi ici à cette place d’honneur ! et si
vous dites au pauvre : Toi, tiens–toi là debout ! ou bien : Assieds–toi
au–dessous de mon marchepied !
4 ne faites–vous pas en vous–mêmes une distinction, et ne jugez–vous
pas sous l’inspiration de pensées mauvaises ?
5 Ecoutez, mes frères bien–aimés : Dieu n’a–t–il pas choisi les pauvres
aux yeux du monde, pour qu’ils soient riches en la foi, et héritiers du
royaume qu’il a promis à ceux qui l’aiment ?
6 Et vous, vous avilissez le pauvre ! Ne sont–ce pas les riches qui
vous oppriment, et qui vous traînent devant les tribunaux ?
7 Ne sont–ce pas eux qui outragent le beau nom que vous portez ?
8 Si vous accomplissez la loi royale, selon l’Ecriture : Tu aimeras ton
prochain comme toi–même, vous faites bien.
9 Mais si vous faites acception de personnes, vous commettez un péché,
vous êtes condamnés par la loi comme des transgresseurs.
10 Car quiconque observe toute la loi, mais pèche contre un seul
commandement, devient coupable de tous.
11 En effet, celui qui a dit : Tu ne commettras point d’adultère, a dit
aussi : Tu ne tueras point. Or, si tu ne commets point d’adultère, mais
que tu commettes un meurtre, tu deviens transgresseur de la loi.
12 Parlez et agissez comme devant être jugés par une loi de liberté,
13 car le jugement est sans miséricorde pour qui n’a pas fait
miséricorde. La miséricorde triomphe du jugement.
Certainement "L'amour de Dieu
consiste à garder ses commandements" (1Jn.5:3) comme un adventiste me
l'a rappelé dans un courriel. Mais encore là, on ne peut en conclure
qu'il s'agit des 10 commandements ou encore de la loi de Moîse au
complet car Jean a passé son épître à nous dire que ces commandements
auxquels ils font référence ce sont de croire en Jésus et d'aimer son
frère comme Jésus l'a aimé. Pas une seule fois, la loi cérémonielle ni
le sabbat ne sont mentionnés. 1Jn.3:23 décrit ce que Jean a en tête
quand il parle d'observer ses commandements :
1Jn.3:23 Or,
que nous commande-t-il ? De placer notre confiance en son Fils
Jésus-Christ et de nous aimer les uns les autres, comme il nous l’a
lui-même prescrit. 24 Celui qui obéit à ses commandements demeure en
Dieu et Dieu demeure en lui.
Continuons à aimer Dieu et les
frères, nous accomplirons ainsi la loi royale Ja.2:8, TOUTE la loi
Ga.5:14. Si accomplir toute la loi est suffisant pour Dieu, ça doit
nous suffire aussi. Ga.5:7 Vous
couriez bien : qui vous a arrêtés, pour vous empêcher d’obéir à la
vérité ?
8 Cette influence ne vient pas de celui qui vous appelle.
9 Un peu de levain fait lever toute la pâte.
10 J’ai cette confiance en vous, dans le Seigneur, que vous ne penserez
pas autrement. Mais celui qui vous trouble, quel qu’il soit, en portera
la peine.
11 Pour moi, frères, si je prêche encore la circoncision, pourquoi
suis–je encore persécuté ? Le scandale de la croix a donc disparu !
12 Puissent–ils être retranchés, ceux qui mettent le trouble parmi
vous !
13 Frères, vous avez été appelés à la liberté, seulement ne faites pas
de cette liberté un prétexte de vivre selon la chair ; mais
rendez–vous, par l'amour, serviteurs les uns des autres.
14 Car toute la loi est accomplie dans une seule parole, dans
celle–ci : Tu aimeras ton prochain comme toi–même.
Concernant le sabbat, il y a aussi un autre aspect à considérer. Le
repos du sabbat de l'ancienne alliance préfigurait le repos par la foi
en Jésus-Christ de la nouvelle alliance, Hé.4:3 et Mt.11:28, de sorte
que le chrétien n'a plus à observer le sabbat et les autres fêtes
rituelles juives pour se reposer, Col.2:16.
Mt.11:28 Venez à moi, vous tous qui
êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. 29 Prenez mon
joug sur vous et recevez mes instructions, car je suis doux et humble
de coeur; et vous trouverez du repos pour vos âmes. 30 Car mon joug est
doux, et mon fardeau léger.
L'auteur de l'épître aux Hébreux
enseigne que le chrétien entre dans le sabbat à sa conversion, il n'a
plus à consacrer un jour en particulier à Dieu, plutôt chaque jour de
sa vie est passé dans le repos de Dieu:
Hé.4:1 Craignons donc, tandis que la
promesse d'entrer dans son repos subsiste encore, qu'aucun de vous ne
paraisse être venu trop tard. 2 Car cette bonne nouvelle nous a été
annoncée aussi bien qu'à eux; mais la parole qui leur fut annoncée ne
leur servit de rien, parce qu'elle ne trouva pas de la foi chez ceux
qui l'entendirent. 3 Pour nous qui avons cru, nous entrons dans le
repos, selon qu'il dit: Je jurai dans ma colère: Ils n'entreront pas
dans mon repos! Il dit cela, quoique ses oeuvres eussent été achevées
depuis la création du monde. 4 Car il a parlé quelque part ainsi du
septième jour: Et Dieu se reposa de toutes ses oeuvres le septième
jour. 5 Et ici encore:
Ils n'entreront pas dans mon repos! 6 Or, puisqu'il est encore réservé
à quelques-uns d'y entrer, et que ceux à qui d'abord la promesse a été
faite n'y sont pas entrés à cause de leur désobéissance, 7 Dieu fixe de
nouveau un jour-aujourd'hui-en disant dans David si longtemps après,
comme il est dit plus haut: Aujourd'hui, si vous entendez sa voix,
N'endurcissez pas vos coeurs. 8 Car, si Josué leur eût donné le repos,
il ne parlerait pas après cela d'un autre jour. 9 Il y a donc un repos
de sabbat réservé au peuple de Dieu. 10 Car celui qui entre dans le
repos de Dieu se repose de ses oeuvres, comme Dieu s'est reposé des
siennes. 11 Efforçons-nous donc d'entrer dans ce repos, afin que
personne ne tombe en donnant le même exemple de désobéissance.
Pour moi qui suis entré dans le
repos de Dieu à ma conversion, je n'ai plus besoin d'attendre au samedi
pour me reposer. Le sabbat n'est que la figure des choses à venir qui
ont eu leur accomplissement en Christ. Col.2:16
Que personne donc ne vous juge au sujet du manger ou du boire, ou au
sujet d’une fête, d’une nouvelle lune, ou des sabbats: 17 c’était
l’ombre des choses à venir, mais le corps est en Christ.
Les Pères de l'Église vont dans la même direction:
La loi
n'exigera plus la dîme de celui qui a consacré tous ses biens à Dieu,
et qui a quitté son père, sa mère et tous les siens pour suivre le
Verbe de Dieu; elle n'a pas à commander de chômer un jour fixe à celui
qui observe chaque jour le sabbat, c'est-à-dire qui vit dans le temple
de Dieu, temple qui est le corps de l'homme, s'employant au service du
culte de Dieu et pratiquant à toute heure la justice. "Car j'aime la
piété et non les sacrifices, et la connaissance de Dieu plus que les
holocaustes". Os.6:6
-Irénée de Lyon
Irénée de Lyon qui avait été formé par Polycarpe - celui qui avait
connu l'apôtre Jean - enseigne donc quelques dizaines d'années après
l'apôtre jean que les chrétiens n'ont plus à observer le sabbat. Cela
signifie que dès le début de l'Église, les chrétiens n'observaient pas
le sabbat. Cela va avec l'absence totale de commandement à propos de
l'observation du sabbat dans le NT, s'il avait fallu en garder
l'observance, Dieu avait sûrement inspiré les apôtres à l'écrire. Au
contraire, Paul écrit que l'observation des sabbats - le pluriel inclut
tous les sabbats qu'ils soient hebdomaires ou non (respectons la
syntaxe, svp) - n'a plus sa raison d'être depuis la venue de Jésus.
A propos du dimanche, je suis d'avis qu'il n'a pas à remplacer le
sabbat pour le chrétien, rien dans le NT ne penche dans cette
direction, plutôt, tous les jours peuvent être considérés égaux, cf.
Ro.14:5 cité auparavant. Le choix du dimanche
a à voir avec le jour païen du repos consacré au soleil (sun-day),
c'était un choix de convenance, on a tenté de le «christianiser» en
soulignant que Jésus était ressuscité un dimanche et que très tôt les
chrétiens ont commencé à se réunir le dimanche plutôt que le samedi.
Bon repos par la foi en Jésus-Christ
!