Le port du voile dans l'histoire de l'humanité
Le port du voile est tombé en désuétude chez les occidentaux au cours des dernières décennies. Auparavant, il était un signe de deuil pour les veuves. L'église catholique l'a enlevé du droit canonique en 1983. Même la plupart des soeurs dans les ordres religieux catholiques ont délaissé le voile. Chez les orthodoxes, j'en sais rien, ils sont rares au Québec. Chez les protestants, je n'ai remarqué le port du voile que dans une Église des Frères chrétiens que j'avais fréquenté quelque part vers 1980. Leurs femmes portaient un voile couvrant une partie de leurs cheveux. Je ne sais pas si cette pratique étaient généralisées dans toutes les églises des Frères. Je ne sais pas non plus si c'est toujours le cas maintenant.
Si le port du voile soulève des débats de nos jours c'est parce qu'il est toujours en vogue chez les musulmans. Il existe plusieurs sortes de voile chez les musulmans, certains ne couvrent que les cheveux (tchador), tandis que d'autres ne laissent voir que les yeux (niqab) ou encore couvrent totalement le visage (burqa) - on m'a rassuré que les femmes voyaient bien quand même, le tissu agissant comme une paire de lunettes solaires.
La Bible mentionne le voile à quelques reprises dans des contextes culturels de son époque qui s'étend sur plus de 1500 ans. Il est à noter cependant que la loi de Moïse est muette à ce sujet.
D'après Odon Vallet - qui a écrit un article pour le magazine Le monde des religions n°13, septembre-octobre 2005 - l'obligation de porter le voile pour les filles d'hommes libres et l'interdiction de la porter pour les prostituées est présente dans des lois assyriennes attribuées à Teglath-Phalasar 1er (vers 1000 avant Jésus-Christ).
Vers 1900 avant Jésus-Christ, donc 900 ans avant Teglath-Phalasar 1er, les femmes assyriennes portaient un voile aussi dans certaines circonstances, mais pas constamment, nous rapportent les Écritures :
Genèse 24:64 Rebecca leva aussi les yeux, vit Isaac, et descendit de son chameau.
65 Elle dit au serviteur : Qui est cet homme, qui vient dans les champs à notre rencontre ? Et le serviteur répondit: C’est mon seigneur. Alors elle prit son voile, et se couvrit.
C'est seulement à la vue d'Isaac, son futur mari, que Rebecca, l'assyrienne, mit son voile. En présence du vieux serviteur mâle d'Abraham, elle avait le visage découvert. Ce passage biblique nous révèle qu'elle se promenait en public sans son voile, mais elle l'avait avec elle pour le mettre dans des circonstances particulières. Si ce voile ressemblait à celui dont parle le Cantique des Cantiques, - écrit par le roi Salomon à l'époque de Teglath-Phalasar 1er - alors il ne l'empêchait pas qu'on puisse distinguer son visage :
Cantiques 4:1 "Que tu es belle, mon amie, que tu es belle ! Tes yeux sont des colombes, derrière ton voile. Tes cheveux sont comme un troupeau de chèvres, suspendues aux flancs de la montagne de Galaad."
C'est donc que le voile ne cachait pas complètement les yeux ni leurs cheveux, sinon comment pourrait-il comparer ses yeux à des colombes et les cheveux à des troupeaux de chèvres suspendus aux flancs d'une montagne, endroit visible s'il en est un !?
Cantiques 4:3 Tes lèvres sont comme un fils écarlate, et ta bouche est agréable; ta joue est comme un quartier de grenade derrière ton voile.
C'est donc aussi que le voile ne cachait pas les rondeurs des joues ni les lèvres écarlates.
Mais qu'est-ce que le voile cachait en fin de compte puisqu'on pouvait quand même distinguer le visage au complet ? Il devait être suffisamment transparent pour qu'on puisse voir les cheveux, les yeux, les joues et les lèvres. Ainsi les Égyptiens pouvaient discerner que Sarah était fort belle (Ge.12:14) même si elle portait un voile, ce qui n'est pas sûr puisque ça dépendait des circonstances comme on le remarque avec Rebecca (Ge.24:65). Il y avait aussi des voiles plus opaques, comme celui que porta Tamar pour empêcher Juda de la reconnaître.
Genèse 38:14 Alors elle ôta ses habits de veuve, elle se couvrit d’un voile et s’enveloppa, et elle s’assit à l’entrée d’Enaïm, sur le chemin de Thimna ; car elle voyait que Schéla était devenu grand, et qu’elle ne lui était point donnée pour femme.
15 Juda la vit, et la prit pour une prostituée, parce qu’elle avait couvert son visage.
Certains, comme Odon Vallet, se servent aussi de Genèse 29:25 pour dire que le voile empêchait de voir le visage. Selon lui c'est parce que Léa était voilée que Jacob l'a prise pour Rachel :
Genèse 29:25. Le lendemain matin, voilà que c'était Léa. Alors Jacob dit à Laban : Qu'est-ce que tu m'as fait ? N'est-ce pas pour Rachel que j'ai servi chez toi ? Pourquoi m'as-tu trompé ?
Ce n'est pas impossible si elle portait le même genre de voile que Tamar. Il est évident aussi - car le verset le mentionne - que la noirceur de la nuit soit en cause dans ce cas, car c'est seulement le lendemain matin à la clarté du jour qu'il a pu s'apercevoir de la supercherie. On a lu dans le Cantique des Cantiques que le voile était suffisamment transparent pour distinguer le visage, alors si c'était le même type de voile que portait Léa, ce n'est pas à cause du voile mais bien à cause de la noirceur que Jacob a pensé avoir Rachel avec lui plutôt que Léa. Mais Rachel était peut-être voilée aussi, si elle avait fait comme sa parente Rebecca devant Isaac.
Le voile était donc une coutume vestimentaire appartenant au monde du Moyen-Orient ancien. À l'époque des patriarches, l'incident avec Juda nous montre que la femme voilée suffisamment pour ne pas être reconnue - comme si elle portait une burqa ou un niqab - pouvait passer pour une prostituée. Par contre, dans la culture assyrienne du 13ème siècle avant JC, c'était le contraire, un texte légal nous informe que seules les femmes nobles portaient le voile, des femmes qui n'étaient pas des prostituées ni des esclaves n'y avaient pas droit. Les statues grecques de l'époque classique et hellénistique montrent des femmes portant parfois le voile, certaines avaient le visage découvert tandis que sur d'autres le voile couvrait aussi le visage. À l'époque du Nouveau Testament, la coutume chez les juifs de cette époque était que les femmes voilaient leurs cheveux pendant le culte publique. Dans les églises établies par Paul, la femme chrétienne était requise de le porter dans certaines circonstances particulières, comme Paul nous l'a fait remarquer dans 1Co.11. Et dans le Nouveau Testament en général, le principe, c'est de ne pas être en scandale à personne.
1 Corinthiens 10:32 Ne soyez en scandale ni aux Grecs, ni aux Juifs, ni à l’Eglise de Dieu,
2 Corinthiens 6:3 Nous ne donnons aucun sujet de scandale en quoi que ce soit, afin que le ministère ne soit pas un objet de blâme.
Paul demande que la femme chrétienne se couvre la tête, il ne voulait pas que les femmes chrétiennes passent pour des prostituées, ce qui aurait été scandaleux. Déjà que les chrétiens se faisaient accuser faussement par les incrédules de faire des orgies !
1Co 11:5 et toute femme qui prie ou qui prophétise, la tête découverte, déshonore sa tête, car c'es la même chose qu'une femme qui serait rasée.
1Co 11:6 Car si la femme n'est pas couverte, qu'on lui coupe aussi les cheveux. Mais s'il est déshonnête pour une femme d'avoir les cheveux coupés ou d'être rasée, qu'elle soit couverte.
1Co 11:7 Car l'homme, étant l'image et la gloire de Dieu, ne doit pas se couvrir la tête; mais la femme est la gloire de l'homme.
1Co 11:8 Car l'homme ne procède pas de la femme, mais la femme de l'homme;
1Co 11:9 car aussi l'homme n'a pas été crée à cause de la femme, mais la femme à cause de l'homme.
1Co 11:10 C'est pourquoi la femme, à cause des anges, doit avoir sur la tête une marque de l' autorité à laquelle elle est soumise.
1Co 11:11 Toutefois ni la femme n'est sans l'homme, ni l'homme sans la femme, dans le Seigneur;
1Co 11:12 car comme la femme procède de l'homme, ainsi aussi l'homme est par la femme; mais toutes choses procèdent de Dieu.
1Co 11:13 Jugez-en vous-mêmes: est-t-il convenable qu'une femme prie Dieu sans être couverte?
1Co 11:14 La nature elle-même ne vous enseigne-t-elle pas que c’est une honte pour l’homme de porter de longs cheveux,
1Co 11:15 mais que c’est une gloire pour la femme d’en porter, parce que la chevelure lui a été donnée comme voile ?
1Co 11:16 Si quelqu’un se plaît à contester, nous n’avons pas cette habitude, non plus que les Eglises de Dieu.
Compteur installé le 23 janvier 2020
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