Le système
poussé à ses extrêmes par certains de ses protagonistes
risque aussi de priver les chrétiens du bénéfice d’une
grande partie de l’enseignement du Christ, puisque cet enseignement était
"destiné au Royaume". Puisque les Juifs ont rejeté le Royaume
proposé, les "lois du Royaume", comme la "prière du Royaume"
(Notre Père) ne trouveront leur actualité que dans le millénium.
La notion d’"Eglise-parenthèse" non prévue dans l’A.T. risque de rompre
l’unité de la révélation et d’empêcher l’application
d’une grande partie de l’A.T. à notre temps. Le retour aux formes
de culte de l’ancienne alliance durant le millénium se heurte aussi
aux déclarations formelles de Col. 2.17 et Hbr. 7.27; 10.10. La
distinction trop tranchée entre Israël et les païens contredit
Eph. 2.11-14.
Ces différentes
objections expliquent une réticence grandissante contre le dispensationnalisme
dans les milieux évangéliques qui se partagent plutôt
entre prémillénaristes classiques et amillénaristes.
- Auteur inconnu
«La plus fréquente
objection au dispensationalisme est qu'elle enseigne plusieurs moyens de
salut. Ceci arrive quand on considère faussement chaque dispensation
comme un moyen d'être sauvé au lieu d'être des arrangements
administratifs incluant, parmi d'autres choses, une révélation
suffisante pour qu'une personne soit en règle avec Dieu. Le problème
vient aussi d'une mauvaise compréhension de l'usage de la loi et
de la grâce en tant qu'étiquettes pour 2 des dispensations,
comme si cela impliquait 2 moyens de salut différents. Cependant
les dispensationalistes ont enseigné et enseignent encore que le
salut est toujours par la grâce de Dieu. La base du salut de chaque
dispensation est la mort de Christ; l'exigence pour le salut à chaque
période est la foi, l'objet de la foi est le vrai Dieu, mais le
contenu de la foi change selon les dispensations. Affirmer l'unité
du contenu de la foi serait le reniement de la révélation
progressive.»
- C.C. Ryrie dans Evangelical Dictionary
of Theology P.321-322
Vous pouvez consulter en ligne le
livre en anglais de Philippe Mauro s'opposant fortement au dispensationalisme
par Philip Mauro en 1928.
http://www.gospeltruth.net/gospel_of_the_kingdom/gotk_ch1.htm
Comme vous allez le lire ci-dessous
de la main de W.N. Kerr dans Evangelical Dictionary
of Theology P. 988, C.I. Scofield a contribué
par ses affirmations à soulever ces objections au dispensationalisme
malgré le fait que Ryrie ne l'ait pas noté.
«Le système de Scofield
était dispensationaliste, prémillénariste et prétribulationniste.
Pour Scofield, les 7 dispensations sont vues à la lumière
du programme de Dieu concernant la rédemption. En contrastant la
dispensation de la loi avec celle de la grâce, Scofield dit : «Le
point du témoignage n'est plus l'obéissance légale
comme la condition de salut, mais l'acceptation ou le rejet
de Christ, avec les bonnes oeuvres pour fruit du salut. Les dispensations
montrent l'ordre majestueux et progressif des rapports divins avec l'humanité.»
La New Bible Scofield de 1967 permet aux dispensations de se chevaucher
tout en étant plus flexible dans son interprétation.»
Dans la New Scofield Bible de 1967
on a d'ailleurs révisé les commentaires de C.I. Scofield
(1843-1921) pour les harmoniser avec ce que disait C.C. Ryrie plus haut
et apaiser une critique majeure contre le dispensationalisme. Notez maintenant
ce qu'affirme L.S. Chafer dans Les Grandes
Doctrines de la Bible -1983 page 93-95:
«Ces périodes sont
nettement distinctes et la véritable interprétation des Écritures
n'est possible qu'en tenant compte des différences qui les caractérisent
(...) P.94 L'étudiant doit apprendre à distinguer entre l'application
première et l'application secondaire de la Parole de Dieu. Seuls
les passages qui s'adressent premièrement à l'enfant de Dieu
sous la grâce doivent être appliqués d'une manière
directe et mis en pratique à la lettre. Le chrétien doit
se rappeler que si toute la Bible a été écrite pour
lui, pour son profit (2Ti.3:16), toutes ses parties ne s'adressent pas
directement à lui. En ce qui concerne l'application secondaire,
il est à remarquer que, si toute la Bible contient pour lui des
leçons spirituelles, le chrétien n'est pas appelé
à se conformer aux principes directeurs qui ont été
la volonté de Dieu pour d'autres dispensations. La position de l'enfant
de Dieu sous la grâce n'est pas la même que celle d'Adam, d'Abraham
ou des Israélites sous la loi ; il n'est pas non plus appelé
à régler sa vie d'après les lois qui seront en vigueur
lorsque le Roi sera revenu et aura établi son royaume sur la terre.
Étant donné que l'enfant
de Dieu dépend entièrement, pour sa vie et sa marche journalières,
des instructions contenues dans la Bible, et étant donné,
d'autre part, que les principes appartenant à diverses dispensations
diffèrent et parfois même se contredisent, il importe de bien
reconnaître ce qui, dans l'Écriture, s'applique directement
et littéralement à nous, afin de réaliser la volonté
et la gloire de Dieu. P.95 Il importe tout autant pour le croyant désireux
de faire la volonté de Dieu de distinguert entre ce qui ne le concerne
pas et ce qui le concerne. Il est clair, que, sans la connaissance des
diverses dispensantions, le croyant ne saurait s'adapter rationnellement
à la volonté et au dessein actuels de Dieu dans le monde.
Une telle connaissance, au contraire, l'empêchera de retomber sous
le joug sans issue de la loi ou de donner ses forces à la transformation
du monde, oeuvre qui n'est prévue que pour une dispensation future.»
Voici ce qu'on peut lire dans la
note de Genèse 1:28 de la New Scofield Bible 1967 :
«Les dispensations constituent
une révélation progressive des voies de Dieu à l'égard
de l'homme. Elles concernent soit toute la race, soit un peuple en particulier,
Israël. Il ne faut pas croire que le moyen de salut diffère
d'une dispensation à l'autre (Scofield avait dit le contraire plus
haut). Au cours de chacune d'elles, l'homme est réconcilié
avec Dieu par un unique et même moyen, celui de la grâce de
Dieu, en vertu de l'oeuvre de Christ à la croix, confirmée
par sa résurrection. Avant la croix, l'homme était sauvé
en prévision du sacrifice expiatoire de Christ, sa foi s'appuyant
sur la révélation encore partielle que Dieu lui avait accordée.
Depuis la croix, l'homme est sauvé en croyant au Seigneur Jésus-Christ;
en lui la révélation et la rédemption sont parfaites.
Dieu requiert de l'homme une constante
obéissance à la révélation donnée. Cette
obéissance est une démonstration de sa foi. Quoique la révélation
ait été accordée de façon progressive, la vérité
révélée dans les premiers temps n'en subsiste pas
moins et reste valable (ici aussi on a amendé la doctrine originelle
qui concevait les 7 dispensations exclusives les unes des autres). Ainsi,
la conscience - responsabilité morale - est une constante de la
vie humaine (Ro.2:15; 9:1; 2Co.1:12; 4:2), bien qu'aujourd'hui elle ne
soit plus le fondement de nos relations avec Dieu comme lors de la dispensation
de la conscience. De même, les rachetés de la présente
dispensation ne sont plus sous la loi; celle-ci n'est plus la pierre de
touche de leur obéissance à Dieu (Ga.5:18; cp. Ga.2:16; 3:11);
néanmoins la loi, partie intégrante des saintes Écritures,
demeure pour eux utile pour les instruire dans la justice (2Ti.3:16-17;
cp. Ro.15:4).
Ainsi l'objectif de toute dispensation
est de placer l'homme sous une règle de conduite particulière;
néanmoins une telle disposition ne constitue pas une condition au
salut (insistance à nouveau pour ne laisser aucune ambiguïté
sur la négation de ce qu'avait dit Scofield). De tout temps, l'homme
irrégénéré a failli; il en est de même
dans la dispensation présente et il en sera ainsi à l'avenir
(sauf bien sûr dans la dernière dispensation du millénium
où les chrétiens ressuscités dans leurs corps glorifiés
ne pourront pas faillir). Le salut a été et demeure accessible
à l'homme, par la grâce de Dieu et par la foi. Nous distinguons
sept dispensations dans la présente édition de la Bible:
l'innocence, note Ge.1:28, la conscience ou la responsabilité morale,
note Ge.3:7, le gouvernement humain, note Ge.8:15, la promesse, note Ge.12:1,
la loi, note Ex.19:1, l'église, note Ac.2:1, le royaume, note Ap.20:4.»
Pour eux, la dispensation de la
grâce (Scofield) ou de l'église (Ryrie) commence à
la Pentecôte lors de l'effusion du Saint-Esprit, alors quand Jésus
a accompli la prophétie sur l'année de grâce, cf. Lu.4:18-19,
cela n'était pas le début de la dispensation de la grâce
(ou de l'Église) mais une manifestation spéciale de la grâce
de Dieu envers son peuple, en particulier pour les pauvres, les malheureux,
les prisonniers, les aveugles et les opprimés, c'était encore
sous la dispensation de la loi qui allait durer encore quelques années.
Donc les expressions «année de grâce» et «dispensation
de la grâce» ne désignent pas la même réalité.
D'ailleurs voici ce qu'on lit à propos de la sixième dispensation
dans la New Scofield Bible 1967 à la note de Ac.2:1:
«La sixième dispensation;
l'Église. En Mt.12:47-13:52, un nouvel âge est annoncé
par le Seigneur Jésus-Christ. Puis, en Mt.16:18, il prophétise
clairement l'établissement de l'Église (cp. Mt.18:15-19);
elle sera rachetée par son sang versé au Calvaire (cp. Ro.3:24-25;
1Co.6:20; 1Pi.1:18-19), et constituée seulement après sa
résurrection et son ascension. C'est à la Pentecôte
que, conformément à sa promesse (Ac.1:5), les croyants furent
pour la première fois baptisés individuellement dans un seul
Esprit et formèrent un organisme spirituel unifié comparable
à un corps dont Christ est la tête (1Co.12:12-13; Col.2:19)
Cette période de l'histoire a aussi été nommée
«la dispensation de l'Esprit» à cause de l'accent qui
est mis sur le Saint-Esprit.»