La place de Pierre dans l'église primitive
"Le Christ a donné d'abord à Pierre, pris seul, ce qu'il a donné ensuite à tous les Douze, Pierre compris.
Tous les Apôtres sont fondement (Ep.2:20 ; Ap.21:14) Pierre est Roc premier (Matt16:18)
Tous les Apôtres sont pasteurs (Ac.20:28 ;1Pi.5:2) Pierre est Pasteur Universel
(Jn21:15-17)
Tous les Apôtres ont les clés, le pouvoir de lier et délier (Mt.18:18 ; Jn.20:23) Pierre a reçu singulièrement (Matt16:19)
Tous les Apôtres sont témoins du Christ ressuscité (Actes 1:8…) En premier lieu Pierre (1Co.15:5 ; Luc 24:34)
Jésus a prié pour tous (Jn.17:9 et 20) Il a prié pour Pierre en vue d'une action au bénéfice des autres (Luc 22:32)
Pierre nous apparaît ainsi comme incarnant deux valeurs. Il est l'un des Douze avec les autres, il est et il a ce que sont et ont les autres. Mais il reçoit personnellement ces dons d'une façon qui le distingue ou le singularise :
il sera roc, pas seulement fondement, il aura une charge pastorale universelle, il confirmera la foi, et ne sera pas seulement croyant et témoin. Les Évangiles et les Actes nous le montrent de plus prenant la parole pour tous, répondant
pour tous, et également prenant des initiatives qui engagent l'Église. Ces deux aspects, valeurs ou dimension se retrouveront chez « le successeur de Pierre ».
C'est une certaine structure de l'Apostolicité de l'Église. Elle s'est dégagée et précisée non seulement dans l'histoire, mais par l'histoire. (…) "
- Congard, théologien catholique
Pierre, le roc sur lequel le Christ a fondé l'Eglise
Audience Générale du Mercredi 7 Juin 2006
(...) il y a quinze jours, j'ai parlé de Pierre comme du premier des Apôtres. Nous voulons aujourd'hui revenir encore une fois sur cette grande et importante figure de l'Eglise. L'évangéliste Jean, racontant la première rencontre de
Jésus avec Simon, frère d'André, souligne un fait singulier : Jésus, "posa son regard sur lui et dit : "Tu es Simon, fils de Jean ; tu t'appelleras Képha" (ce qui veut dire : pierre)" (Jn 1, 42). Jésus n'avait pas l'habitude de changer le nom de ses disciples : à l'exception de la dénomination de "fils du tonnerre", adressée dans une circonstance précise aux fils de Zébédée (cf. Mc 3, 17) et qui ne fut plus utilisée par la suite, Il n'a jamais attribué un nouveau nom à l'un de ses disciples. Il l'a fait en revanche avec Simon, l'appelant Kepha, un nom qui fut ensuite traduit en grec Petros, en latin Petrus, et il fut traduit précisément parce qu'il ne s'agissait pas seulement d'un nom ; c'était un "mandat", que Petrus recevait de cette façon du Seigneur. Le nouveau nom Petrus reviendra plusieurs fois dans les Evangiles et finira par supplanter le nom originel Simon.
Cette information acquiert une importance particulière si l'on tient compte du fait que, dans l'Ancien Testament, le changement du nom préfigurait en général une mission qui est confiée (cf. Gn 17, 5 ; 32, 28sq. etc.). De fait, la volonté du Christ d'attribuer à Pierre une importance particulière au sein du Collège apostolique résulte de nombreux indices : à Capharnaüm, le Maître va loger dans la maison de Pierre (Mc 1, 29) ; lorsque la foule se presse autour de lui sur les rives du lac de Génésareth, entre les deux barques qui y sont amarrées, Jésus choisit celle de Simon (Lc 5, 3) ; lorsque, dans des circonstances particulières, Jésus ne se fait accompagner que par trois disciples, Pierre est toujours rappelé comme le premier du groupe : c'est le cas lors de la résurrection de la fille de Jaïre (cf. Mc 5, 37 ; Lc 8, 51), de la Transfiguration (cf. Mc 9, 2 ; Mt 17, 1 ; Lc 9, 28) et enfin, au cours de l'agonie dans le Jardin du Gethsémani (cf. Mc 14, 33 ; Mt 26, 37). Et encore : c'est à Pierre que s'adressent les percepteurs de la taxe du Temple, et le Maître paie pour lui-même et pour Pierre uniquement (cf. Mt 17, 24-27) ; c'est à Pierre qu'Il lave les pieds en premier lors de la Dernière Cène (cf. Jn 13, 6) et c'est seulement pour lui qu'il prie afin que sa foi ne disparaisse pas et qu'il puisse ensuite confirmer en celle-ci les autres disciples (cf. Lc 22, 30-31).
Du reste, Pierre lui-même est conscient de sa position particulière : c'est lui qui souvent, également au nom des autres, parle en demandant l'explication d'une parabole difficile (Mt 15, 15), ou le sens exact d'un précepte (Mt 18, 21), ou bien encore la promesse formelle d'une récompense (Mt 19, 27). C'est lui en particulier qui résout certaines situations embarrassantes en intervenant au nom de tous. Ainsi, lorsque Jésus, attristé en raison de l'incompréhension de la foule après le discours sur le "pain de vie", demande : "Voulez-vous partir vous aussi ?", la réponse de Pierre est ferme : "Seigneur, vers qui pourrions-nous aller ? Tu as les paroles de la vie éternelle" (cf. Jn 6, 67-69). C'est également de manière décidée qu'il prononce la profession de foi, encore au nom des Douze, dans les environs de Césarée de Philippe. A Jésus qui demande : "Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ?", Pierre répond : "Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant !" (Mt 16, 15-16). En réponse, Jésus prononce alors la déclaration solennelle qui définit, une fois pour toutes, le rôle de Pierre dans l'Eglise : "Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise... Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux" (Mt 16, 18-19). Les trois métaphores auxquelles Jésus a recours sont en elles-mêmes très claires : Pierre sera le fondement rocheux sur lequel reposera l'édifice de l'Eglise ; il aura les clefs du Royaume des cieux pour ouvrir ou fermer à qui lui semblera juste ; enfin, il pourra lier ou délier, au sens où il pourra établir ou interdire
ce qu'il con-sidérera nécessaire pour la vie de l'Eglise, qui est et qui demeure au Christ. Elle est toujours l'Eglise du Christ, et non de Pierre. C'est ainsi qu'est décrit par des images d'une évidence plastique ce que la réflexion successive appellera le "primat de juridiction".
Cette position de prééminence que Jésus a voulu conférer à Pierre se retrouve également après la résurrection : Jésus charge les femmes d'en porter l'annonce à Pierre, de manière distincte par rapport aux autres Apôtres (cf. Mc 16, 7) ; c'est à lui et à Jean que s'adresse Marie-Madeleine pour informer que la pierre a été déplacée devant l'entrée du sépulcre (cf. Jn 20, 2) et Jean lui cédera le pas lorsque tous les deux arriveront devant la tombe vide (cf. Jn 20, 4-6) ; ce sera ensuite Pierre, parmi les Apôtres, le premier témoin d'une apparition du
Ressuscité (cf. Lc 24, 34 ; 1 Co 15, 5). Son rôle, clairement souligné (cf. Jn 20, 3-10), marque la continuité entre la prééminence qu'il a eue dans le groupe apostolique et la prééminence qu'il continuera à avoir au sein de la
communauté née avec les événements pascals, comme l'atteste le livre des Actes (cf. 1, 15-26 ; 2, 14-40 ; 3, 12-26 ; 4, 8-12 ; 5, 1-11.29 ; 8, 14-17 ; 10 ; etc.). Son comportement est considéré à ce point décisif qu'il est au centre de
remarques et également de critiques (cf. Ac 11, 1-18 ; Ga 2, 11-14). Au Concile dit de Jérusalem, Pierre exerce une fonction directive (cf. Ac 15 et Ga 2, 1-10), et c'est précisément parce qu'il est un témoin de la foi authentique que Paul lui-même reconnaîtra en lui une certaine qualité de "premier" (cf. 1 Co 15, 5 ; Ga 1, 18 ; 2, 7sq. ; etc.). Ensuite, le fait que plusieurs des textes clefs se référant à Pierre puissent être reconduits au contexte de la Dernière Cène, où le Christ confère à Pierre le ministère de confirmer ses frères (cf. Lc 22, 31sq.), montre comment l'Eglise qui naît du mémorial pascal célébré dans l'Eucharistie trouve dans le ministère confié à Pierre l'un de ses éléments constitutifs.
Ce cadre du Primat de Pierre situé lors de la Dernière Cène, au moment de l'institution de l'Eucharistie, Pâque du Seigneur, indique également le sens ultime de ce Primat : Pierre, en tout temps, doit être le gardien de la
communion avec le Christ ; il doit guider à la communion avec le Christ ; il doit prendre garde à ce que la chaîne ne se brise pas et que puisse ainsi perdurer la communion universelle. Ce n'est qu'ensemble que nous pouvons
être avec le Christ, qui est le Seigneur de tous. La responsabilité de Pierre est de garantir ainsi la communion avec le Christ à travers la charité du Christ, en conduisant à la réalisation de cette charité dans la vie de chaque jour.
Prions afin que le Primat de Pierre, confié aux pauvres personnes humaines, puisse toujours être exercé dans ce sens originel voulu par le Seigneur et puisse ainsi être toujours davantage reconnu dans sa véritable signification par nos
frères qui ne sont pas encore en pleine communion avec nous.
P.-S.
Source : Le Saint Siège
Matthieu 16:17 Jésus reprit la parole et lui dit: «Tu es heureux, Simon, fils de Jonas, car ce n’est pas une pensée humaine qui t’a révélé cela, mais c’est mon Père céleste. 18 Et moi, je te dis que tu es Pierre et que sur ce rocher je construirai mon Eglise, et les portes du séjour des morts ne l’emporteront pas sur elle. 19 Je te donnerai les clés du royaume des cieux: ce que tu lieras sur la terre aura été lié au ciel et ce que tu délieras sur la terre aura été délié au ciel.»
Je reconnais donc d'emblée le rôle prééminent de Pierre dans la naissance de l'Église, Pierre est le premier apôtre à voir Jésus ressuscité, il est le premier apôtre à parler à la Pentecôte. Avec les clés du royaume que Jésus lui a données, Pierre a ouvert le royaume des cieux aux juifs (Actes 2), aux samaritains (Actes 8) et aux païens (Actes 10 Corneille). Maintenant que la porte est ouverte à tous, on peut les inviter à entrer dans le royaume par la foi en Jésus. Nous aussi sommes appelés à lier et à délier selon Matthieu 18:18, à la suite de Pierre qui fut le premier à le faire selon Matthieu 16:19.
Jésus lui avait confié les 10 autres apôtres et les disciples juifs (Jean 21:15-17) mais qu'il y ait eu transfert de tout ce que Jésus lui avait confié à l'évêque de Rome particulièrement et même exclusivement cela outrepasse le texte biblique qui dit que Pierre était l'apôtre des juifs et Paul l'apôtre des païens (Galates 2:8), ce qui ferait de Rome l'église de Paul bien plus que de Pierre, car l'empereur Claude avait chassé de Rome tous les juifs de la ville (Actes 18:2) et il ne restait donc que des païens dans l'Église de Rome. Plus tard, les juifs ont pu revenir à Rome et Pierre y est allé terminer son séjour terrestre, d'après ce que racontent les Pères de l'Église qui comprennent Babylone comme un surnom donné à la ville de Rome aux sept collines, la capitale de l'empire romain (Apocalypse 14:8, 16:19, 17:5, 18:2,10,21).
1Pierre 5:13 L’Eglise des élus qui est à Babylone vous salue, ainsi que Marc, mon fils.
L'Église bâtie sur Pierre et les douze apôtres continue d'être bâtie depuis ce temps sur les fondations des paroles de Jésus rapportées par les apôtres, je ne vois vraiment pas de rapport particulier avec l'évêque de Rome. Ce sont les aléas de l'histoire de l'empire romain quand leurs empereurs ont commencé à "adhérer" à la foi chrétienne qui ont donné la prépondérance à Rome et puis à Constantinople tant dans le domaine religieux que politique.
Ce n'est pas mauvais en soi pour autant, c'est même normal et souhaitable que des églises servent comme modèles de colonnes pour la vérité autant que possible (1Timothée 3:15) mais chercher un appui biblique pour une église en particulier c'est faire violence aux lois de l'exégèse. Ce principe de surveillance, du rôle de gardien, Paul l'a rempli tout autant et même plus que Pierre ; il avait le souci de toutes les églises (2Corinthiens 11:28), pas juste celles des juifs. Ce rôle de surveillance est échu à chaque évêque (pasteur) sur le troupeau que Dieu lui a confié. Ça fonctionne bien ainsi la plupart du temps dans nos églises évangéliques.
Regardons ce que Jésus a donné à l'église pour son perfectionnement :
Ephésiens 4:11 Et il a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs, 4.12 pour le perfectionnement des saints en vue de l'oeuvre du ministère et de l'édification du corps de Christ,
Jésus commence par la fondation de l'église posée par les apôtres, les prophètes et les évangélistes pour faire des implantations d'église, ensuite sur les pasteurs et docteurs pour bâtir sur ce fondement. On ne voit pas de chef unique visible dans ce plan. Une fois l'église implantée, les évêques veillent sur leur troupeau (il peut y avoir plus qu'un évêque par église (cf. Philippiens 1:1) et se rencontrent avec des évêques de d'autres églises au besoin pour discuter de points importants et prier ensemble (le premier concile Ac.15). C'est tout simple et ainsi ils peuvent marcher d'un même pas (cf. Philippiens 3:15). Bien sûr, dans la pratique, il y aura toujours des gens à la personnalité plus forte que d'autres, Pierre par exemple et même encore plus Jacques le frère de Jésus dont Pierre avait peur (cf. Galates 2). A noter que c'est Jacques qui a parlé en dernier au concile de Jérusalem, ce qui démontre qu'il avait le dernier mot. Il était plus "papable" que Pierre ! Mais même à cela quand ils adressent une lettre à l'église d'Antioche, ils se présentent non pas comme un pape et des subalternes mais comme un collègue :
Actes 15:22 Alors il parut bon aux apôtres et aux anciens, et à toute l'Église, de choisir parmi eux et d'envoyer à Antioche, avec Paul et Barsabas, Jude appelé Barnabas et Silas, hommes considérés entre les frères. 23 Ils les chargèrent d'une lettre ainsi conçue: Les apôtres, les anciens, et les frères, aux frères d'entre les païens, qui sont à Antioche, en Syrie, et en Cilicie, salut!
Je préfère encore une fois la façon biblique de faire les choses. En ayant plusieurs apôtres, prophètes, évangélistes, évêques-pasteurs-anciens qui enseignent, on risque moins d'errer parce qu'il y a des égaux qui peuvent te reprendre au besoin, comme Paul l'a fait avec Pierre.
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