Les interactions sexuelles sont plus difficiles à reconnaître parce qu'elles n'impliquent pas un toucher physique et ne semblent donc pas aussi graves. Souvent, elle s'insinuent d'une manière tellement subtile que la victime se demande si elle a vraiment été
l'objet d'un abus sexuel ou si elle n'a pas été le jouet de son imagination trop fertile. Les interactions peuvent être visuelles, verbales ou psychologiques.
1° Dans les cas d'abus visuel, l'enfant est forcé ou invité à regarder des scènes ou des images érotiques, ou doit se déshabiller devant son agresseur de manière à exciter ce dernier.
2° Les démarches séductrices verbales sont, dans la plupart des cas, plus facile à discerner. Lorsqu'une invitation à prendre votre douche avec votre papa, ou à vous rendre à la cave avec votre frère, ou à faire une longue promenade dans les bois avec votre oncle est émaillée de sous-entendus de nature sexuelle ou qu'elle fait suite à des abus sexuels antérieurs, elle trahit une intention d'agression sexuelle. L'abus verbal produit une blessure profonde et grave. L'incitation sexuelle verbale entraîne les mêmes dégâts à l'âme
que l'abus par contact physique. Mais l'aptitude à minimiser les ravages de l'abus par incitation verbale et la tendance à se dénigrer d'y être aussi sensible rend la guérison des victimes de cette forme subtile d'abus plus difficile que celle des victimes d'abus plus flagrants.
3° Il faut enfin mentionner une troisième forme d'interaction : l'abus sexuel psychologique. Les abus sexuels visuels, verbaux et psychologiques présentent des caractéristiques communes. L'abus sexuel psychologique fait intervenir la parole et la vue, souvent les deux en même temps, mais il implique une communication plus subtile, moins spécifique, qui génère une ambiance qui réduit la distance normale et naturelle qui sépare l'enfant de l'adulte. Par exemple, la mère qui partage avec son fils ses difficultés sexuelles conjugales et recherche auprès de lui conseil ou réconfort, a franchi la frontière qui sépare la vraie intimité et la sollicitation abusive. Le père qui utilise sa fille comme le substitut de sa femme ou comme une confidente, enchaîne son coeur par un procédé sexuel subtil. Les dommages occasionnés peuvent ne pas être visibles ; la jeune fille peut même être honorée de la confiance de son père qu'elle défendra jusqu'à sa mort le bien-fondé du comportement paternel. Il s'agit néanmoins d'un abus sexuel. De même, la femme qui parle de son fils comme de son «homme», de son «compagnon», ou de son «petit mari» déclenche sans le savoir une rivalité entre le garçon et son mari et fait naître dans le coeur de l'enfant un sentiment diffus d'attachement sexuel qui va à l'encontre des liens normaux et naturels entre une mère et son fils.
Chaque fois qu'un parent ou un tuteur se sert d'un enfant pour assouvir ses pulsions sexuelles manifestes ou des désirs plus subtils associés à l'identité sexuelle adulte, il déclenche dans l'âme de cet enfant la dynamique de l'abus sexuel.
- Dan Allender «Enfance déchirée» Extraits des P.29 à 33
Abuseur = ab - user : mauvais usage de ses ressources et de celles des autres. Trait de celui qui n'aime pas.
Vous pouvez maintenant aller consulter : les différentes manières de composer face à l'abus sexuel