Conseil aux âmes abattus
Job 29:2 Oh ! qui me ferait être comme j'étais autrefois.
Le plus souvent le bon Berger conduit ses rachetés le long des eaux
tranquilles, et les fait reposer dans les parcs herbeux ; cependant, il
permet parfois qu'ils soient errants dans un désert où il n'y a point
de chemin, et où ils ne trouvent aucune ville habitée. Ils sont affamés
et altérés; leur âme défaille, et ils crient à l'Eternel dans leur
détresse (Ps 107:4-6).
De même, il est beaucoup d'enfants de Dieu qui jouissent
d'une joie à peu près constante ; pour eux véritablement les voies de
la piété sont des voies agréables et ses sentiers ne sont que
prospérité ; mais il en est d'autres, au contraire, qui ont à passer
dans le feu et dans l'eau ; selon l'expression du Psalmiste, les hommes
montent sur leurs têtes (Ps. 46: 12) ils sont en butte à toutes sortes
d'épreuves.
Le devoir de tout ministre de l'Evangile est de s'adresser tour à tour
aux diverses classes de ses auditeurs. Il doit, tantôt avertir les
forts, de peur qu'ils ne tombent dans la présomption ; et tantôt
stimuler ceux qui dorment, de peur qu'ils ne dorment du sommeil de la
mort. Il doit aussi consoler les âmes abattues, et c'est là, mes
bien-aimés, ce que je désire faire en ce jour. Oui, je me sens pressé
de consoler ceux d'entre vous qui passent par des temps de langueur et
de découragement, ou, pour mieux dire, je voudrais leur adresser
quelques exhortations, qui, moyennant la bénédiction de Dieu, pourront
les aider, je l'espère, à sortir de la triste condition dans laquelle
ils sont tombés, en sorte qu'ils ne seront plus réduits à s'écrier avec
Job : Oh ! qui me ferait être comme j'étais autrefois ?
Abordons de suite notre sujet. - En premier lieu, mes frères, nous
étudierons LA MALADIE SPIRITUELLE dont mon texte me semble être
l'expression ; nous rechercherons ensuite LA CAUSE ET LE REMÈDE de
cette, maladie, et enfin, QUELQUES MOTS D'EXHORTATION adressés aux âmes
qui se trouvent dans ce fâcheux état termineront ce discours.
I
Et d'abord, fixons notre attention sur la MALADIE SPIRITUELLE que
suppose la plainte amère contenue dans les paroles de mon texte.
Combien de chrétiens qui regardent au passé avec regret, à l'avenir
avec effroi, et au présent avec tristesse ! Il leur semble que le temps
qui n'est plus a été le meilleur et le plus doux de leur carrière
chrétienne, mais quant au moment actuel, il leur paraît enveloppé d'un
voile sombre et mélancolique. Souvent, ils se prennent à souhaiter de
pouvoir retourner de quelques mois, de quelques années en arrière, car
alors ils vivaient près de Jésus, tandis que maintenant ils sentent
qu'ils se sont éloignés de lui, ou qu'il leur a caché sa face ; en un
mot, le langage de leur coeur revient à ceci : Oh ! qui nous ferait
être comme nous étions autrefois ?
De même que toute maladie, soit physique, soit morale, celle qui nous
occupe ne présente pas toujours les mêmes caractères. Je vais essayer
de décrire successivement quelques-unes de ses phases les plus
ordinaires.
Voici un homme qui a perdu l'assurance de son adoption. Entendez-le
répétant dans l'amertume de son âme : Oh ! qui me ferait être comme
j'étais autrefois ? Ecoutez son triste soliloque :
« Ah ! pourquoi les jours passés ne peuvent-ils plus revenir ?
s'écrie-t-il. Alors je n'avais aucun doute de mon salut. A celui qui
m'aurait demandé raison de l'espérance qui était en moi, j'aurais
répondu avec douceur et respect. Nulle crainte ne me troublait, nulle
frayeur ne m'agitait. Je pouvais dire avec Paul : JE SAIS en qui j'ai
cru, et avec Job : JE SAIS que mon Rédempteur est vivant. Je sentais
que j'étais assis sur le rocher qui est Christ, et mon âme, pleine
d'une joyeuse confiance, était toujours prête à chanter :
Si l'Eternel est ma retraite,
Qui pourrait me troubler encor ?
Pourquoi craindrais-je la tempête,
Quand je suis sûr d'entrer au port ?
Appuyé sur Emmanuel
Que me ferait l'homme mortel ?
« Mais hélas ! que tout est changé ! autrefois mon ciel était sans
ombres, aujourd'hui les nuages le couvrent ; autrefois, je voyais, en
quelque sorte, mon nom écrit dans les cieux, aujourd'hui, je tremble
d'y lire un jour ma condamnation,. Autrefois, je croyais me confier
sincèrement en Christ, mais aujourd'hui je suis constamment assailli
par l'affreuse pensée que j'étais un hypocrite qui trompait les autres
et se séduisait lui-même. Il est vrai que j'essaie encore d'espérer au
Seigneur, et si je ne puis plus me réjouir à la clarté de sa face, du
moins je me réfugie à l'ombre de ses ailes. Je sens que hors de Christ
il n'y point de salut, et que si je m'éloigne de lui c'en est fait de
moi. Mais, ô misérable que je Suis ! qu'elles sont épaisses les
ténèbres qui m'environnent ! Comme Paul au milieu de la tempête, que de
jours sans soleil et de nuit, sans étoiles n'ai-je pas dû traverser !
J'ai perdu les arrhes de mon salut, le gage de mon adoption ; je ne
possède plus le témoignage intérieur que je suis un enfant de Dieu en
un mot, je crains de m'être fait illusion jusqu'à présent sur mon
véritable état ; je crains d'avoir pris de simples impression
charnelles pour l'oeuvre de la grâce, et attribué à Dieu le
Saint-Esprit! ce qui n'était que le fruit de mon imagination. »
Tel est, mes chers amis, un des cas les plus fréquents de la grande
maladie spirituelle que nous étudions. En voici un second, également
très ordinaire. Voyez ce chrétien qui demande à son tour : Oh ! qui me
ferait être comme j'étais autrefois ? Il gémit, non pas comme l'autre
parce qu'il a perdu le sentiment de son adoption, mais parce qu'il se
laisse troubler par des soucis terrestres. « Où est-elle, se dit-il
avec douleur, où est-elle cette paix délicieuse qui naguère encore
remplissait mon âme ? Que sont-ils devenus ces jours bénis où peines et
épreuves étaient pour moi moins que rien ? Je disais constamment en mon
cœur :
J'accepte, ô Père, par avance,
Le lot que tu m'assigneras;
En toi, j'ai mis ma confiance ;
Fais de moi ce que tu voudras.
Je sentais que sans murmures j'aurais pu faire au Seigneur le sacrifice
de toutes choses, et que s'il m'eût enlevé ce que j'aimais le plus au
monde, j'aurais dit avec Job : L'Éternel l'avait donné, l'Éternel l'a
ôté ; que le nom de l'Éternel soit béni. L'avenir ne m'inspirait aucune
inquiétude. Comme un enfant dans les bras de sa mère, je reposais
tranquille sur le sein de mon Dieu. L'Eternel pourvoira, me disais-je.
Je me déchargeais sur lui de tout ce qui me concernait ; j'allais
chaque jour à mon travail, sans m'inquiéter du lendemain. J'étais
semblable au passereau qui se réveille à l'aurore, ne sachant d'où lui
viendra sa nourriture, mais qui n'en gazouille pas moins son hymne
matinal à Celui qui nourrit les oiseaux de l'air. Sans crainte, je
remettais entre les mains du Seigneur mes intérêts les plus chers: ma
femme, mes enfants, ma vie même. Chaque matin, je priais ainsi :
Seigneur, je ne crois point avoir de volonté propre ; toutefois, si
j'en avais, je te dirais encore : Non point ce que je veux, mais ce que
tu veux ! Ta volonté sera la mienne ; ton désir sera mon désir. - Mais,
ô regret, ô douleur ! qui me fera être comme j'étais autrefois ? Qui me
rendra ma confiance en Dieu, ma douce quiétude, ma sérénité d'esprit ?
Maintenant, un rien me chagrine ; mes affaires temporelles, me
troublent. La perte la plus minime suffit pour m'attrister, tandis
qu'autrefois j'aurais supporté sans me plaindre, et même en bénissant
Dieu, une perte a vingt fois plus considérable. Si le moindre nuage
vient assombrir mon horizon, mon âme en est comme écrasée. Pareil à un
enfant impatient et volontaire, je voudrais que tout marchât au gré de
mes désirs. Je ne puis plus dire avec sincérité que je remets toutes
choses à mon Père céleste : il y a un certain interdit que je me
réserve. Enlacée autour de mon coeur, croît la plante vénéneuse appelée
l'amour du moi; ses racines ont pénétré jusques aux muscles et aux
nerfs de mon âme. Il y a quelque chose que je chéris plus que Dieu,
quelque chose dont je refuserais de lui faire le sacrifice s'il me le
demandait. Autrefois, quelque lourde qu'eût pu être ma croix, je
n'aurais pas, comme aujourd'hui, plié sous le faix, car le Seigneur
l'eût portée avec moi. Oh ! comment ai-je pu oublier la céleste science
de se décharger de ses soucis sur l'Eternel; de déposer tout fardeau
sur le rocher inébranlable des siècles ? Oh ! si je savais comme jadis
répandre devant mon Dieu mes peines et mes tristesses ! Oh ! douce
confiance en mon Sauveur qui me rendait si heureux, que ne donnerais-je
pas pour te posséder encore ! Tel autre chrétien déplore peut-être la
tiédeur, qu'il apporte dans la maison de Dieu et le peu de jouissance
que lui procurent les moyens d'édification. Ecoutez les plaintes qui
s'exhalent de son coeur à ce sujet. « Autrefois, s'écrie-t-il, quand je
montais dans la maison de Dieu, combien mon âme était joyeuse !
J'écoutais avec avidité le message du salut ; quand le serviteur de
Christ parlait, je craignais de perdre une seule de ses paroles ; il me
semblait qu'un ange s'adressait à moi du haut du ciel. Que de fois, en
entendant parler de l'amour du Sauveur, des larmes brûlantes
n'ont-elles pas sillonné mes joues ! Que de fois mes yeux n'ont-ils pas
étincelé d'ardeur lorsqu'une parole de foi et d'espérance faisait
vibrer mon âme tout entière ! Et les sabbats de mon Dieu, avec quel
transport je saluais leur retour !
Jour du Seigneur,
J'ouvre mon coeur
A ta douce lumière !
m'écriais-je au matin du saint jour.
Puis, lorsque de saints cantiques faisaient retentir les parvis du
Seigneur, quelle voix était plus joyeuse que la mienne ? Le coeur
content, l'âme restaurée, je quittais le sanctuaire pour aller raconter
à mes amis, à mes voisins les glorieuses vérités que je venais
d'entendre. Et dans la semaine également, combien j'aimais à m'occuper
des choses de Dieu ! Pas une assemblée d'édification qui ne me trouvât
à ma place. Je priais véritablement en esprit toutes les prières qui
étaient prononcées ; j'écoutais avec bonheur tous les discours, pourvu
qu'ils fussent selon l'Evangile ; et mon âme, assise pour ainsi dire à
un banquet somptueux, était rassasiée. comme de moelle et de graisse.
Si je lisais l'Ecriture, elle me semblait toujours brillante de clarté
; on eût dit qu'un rayon de la gloire divine illuminait pour moi ses
pages sacrées. Si je ployais le genou devant Dieu, mon âme se répandait
aussitôt en ardentes supplications ; je prenais plaisir à ce saint
exercice, et les heures que je passais à genoux étaient les plus douces
de mes journées : j'aimais mon Dieu et mon Dieu m'aimait.
- Mais, hélas ! ce saint zèle, cette ferveur d'esprit,
je ne les possède plus. Je vais toujours à la maison de Dieu; j'y
entends la même voix; le même serviteur de Christ, que j'aime si
cordialement, m'adresse encore les plus touchants appels ; mais je n'ai
plus de larmes à verser ; mon cœur s'est endurci ; les douces émotions
que je goûtais naguère deviennent de plus en plus rares. Je me rends au
culte divin, à peu près comme un écolier se rend à son école : j'y vais
sans plaisir, sans amour, parce qu'il faut y aller, et j'en sors l'âme
aussi sèche qu'en entrant. Lorsque je cherche à m'entretenir en secret
avec mon Père céleste, il semble en vérité que les roues de mon char
aient été enlevées, tant il se meut pesamment ; et lorsque j'essaie de
chanter les louanges de Dieu, je me trouve sans élan et sans ferveur.
Oh ! qui me ferait être comme j'étais autrefois, comme j'étais en ces
jours où Dieu faisait luire sa lampe sur ma tête ? »
Je dois le dire, mes chers amis, je ne pense pas qu'il y en ait
beaucoup parmi vous qui puissent s'associer pleinement à un tel
langage. En général, je le sais, vous aimez à venir dans la maison de
Dieu ; et, pour ma part, je rends grâces à mon Maître de ce qu'il me
permet de prêcher l'Evangile à des auditeurs; qui paraissent le goûter
et le sentir, à des chrétiens dont les yeux ne restent pas toujours
secs en l'entendant annoncer, et dont le coeur sait parfois bouillonner
d'un saint enthousiasme. Mais sans être parvenus au triste état que je
viens de décrire, vous pouvez cependant en connaître quelque chose ;
peut-être la Parole ne vous semble-t-elle plus aussi douce, aussi
savoureuse qu'autrefois ; et alors, j'en suis assuré, les plaintes que
je viens d'exprimer éveillent quelque écho dans votre coeur.
Mais passons à un quatrième cas.
Il est des chrétiens qui se lamentent amèrement parce que leur
conscience n'est plus aussi délicate que par le passé. Ils disent avec
tristesse : « Dans les premiers temps qui suivirent notre conversion,
c'est à peine si nous osions faire un pas, tant nous craignions de nous
fourvoyer. Nous éprouvions avec soin toutes choses ; nous évitions
jusqu'à l'apparence du mal. Dès que nous apercevions sur notre route la
moindre trace du Serpent ancien, nous nous détournions avec épouvante.
Le monde se moquait de nous ; il nous appelait des
puritains. Nous étions constamment sur nos gardes ; nous avions peur
d'ouvrir la bouche, et nos scrupules allaient si loin que nous
condamnions certaines choses qui, en réalité, étaient innocentes. Notre
conscience ressemblait à la sensitive: si la main du péché s'en
approchait, aussitôt elle se reployait sur elle même. Notre âme était
comme couverte de meurtrissures, en sorte que le plus léger
attouchement lui arrachait des cris. Offenser Dieu, nous paraissait
être le malheur suprême ; si quelqu'un prononçait une imprécation en
notre présence, nous tremblions d'effroi si nous voyions un homme
violer le sabbat, nous étions éperdus.
La moindre tentation nous indignait ; il nous semblait entendre la voix
du démon lui-même, et pleins d'une sainte colère, nous nous écriions :
Arrière, de moi, Satan ! » Le péché, sous toutes ses formes, nous
faisait horreur : nous le fuyions comme un serpent ; nous le craignions
comme du poison... Mais où est-elle maintenant cette conscience si
sensible et si tendre ? Qu'est devenue sa délicatesse d'autrefois ?
Nous n'avons pas, il est vrai, abandonne les sentiers du Seigneur ni
oublié sa loi ; nous n'avons point extérieurement déshonoré notre
sainte profession, et Dieu seul connaît nos iniquités; toutefois, nous
l'avouons avec confusion, notre conscience n'est plus ce qu'elle a été.
Hier encore elle tonnait contre le péché ; aujourd'hui elle garde le
silence.
O conscience, conscience ! nous t'avons abreuvée de soporifiques, et
maintenant tu dors, tandis que tu devrais nous avertir. Sentinelle du
Seigneur, ta voix pénétrante savait naguère se faire entendre jusqu'au
plus profond de notre être ; mais maintenant tu es assoupie, et nous
succombons à la tentation. Jusqu'à présent, nous n'avons péché que dans
de petites choses mais de même que le balancement d'un brin d'herbe
indique de quel côté souffle le vent, de même ces petites infidélités
ne prouvent que trop dans quelle funeste voie notre âme est engagée. Oh
! qui nous délivrera de cette conscience si épaisse, si dure, si
calleuse, de cette conscience que les flèches de la loi ne peuvent plus
transpercer ? Oh ! qui nous fera être comme nous étions autrefois ? »
Enfin, mes bien-aimés, il est peut-être quelques-uns, d'entre nous qui
gémissent, et non sans raison, parce qu'ils n'ont pas autant de zèle
pour la gloire de Dieu et pour le salut des âmes qu'ils en avaient
jadis. Il y a quelque temps, si nous voyions une âme cheminer vers la
perdition, nos yeux se remplissaient de larmes.
Si nous voyions un de nos semblables prêt à commettre
un péché, nous nous élancions vers lui, le suppliant de renoncer à son
coupable dessein. Jamais nous ne sortions sans donner à l'un quelque
traité religieux, à l'autre quelques bons avis ; il nous semblait que
nous devions toujours parler du Seigneur Jésus.
Si une occasion de faire du bien se présentait, nous étions toujours
les premiers à la saisir. Notre voeu le plus cher était de sauver
quelques âmes, et si profond, si ardent était notre amour pour les
pécheurs que volontiers nous eussions consenti à être moqués, hués,
abreuvés d'outrages, persécutés par le monde entier, exposés même à la
mort cause de Christ, si à ce prix nous eussions pu arracher un seul de
nos frères à la perdition éternelle. Notre âme brûlait d'un désir
intense d'amener des âmes à Christ, et nous estimions que c'était là le
seul but en vue duquel il valait la peine de vivre.
- Mais, hélas ! quel souffle glacial est venu flétrir ce généreux élan
? Aujourd'hui, les âmes peuvent être damnées, et nous ne pleurons point
; les pécheurs peuvent être précipités dans l'étang ardent de feu et de
soufre, et nous demeurons impassibles ; des milliers de créatures
immortelles peuvent être moissonnées chaque jour et tomber dans l'abîme
du tourment, et cela ne nous touche point ! Nous exhortons bien encore
notre prochain à fuir la colère à venir, mais nos yeux restent secs ;
nous prions pour lui, mais sans que nos coeurs prennent part à nos
prières ; nous lui parlons de son danger, mais sans avoir l'air de
prendre ce danger au sérieux. Nous passons à côté des repaires du vice
et de l'infamie : sans doute nous voudrions que ceux qui y habitent
fussent meilleurs, mais c'est là tout. On dirait que la compassion même
est éteinte dans nos coeurs.
Il fut un temps où l'enfer était pour nous une réalité si vivante,
qu'il nous semblait sans cesse entendre les hurlements et les
lamentations des réprouvés, en sorte que le cri constant de notre âme
était celui-ci : « O Dieu ; aide-moi à sauver mon prochain ! »
Mais maintenant nous prenons les choses plus froidement : nous avons
peu d'amour pour les hommes, peu de zèle pour la gloire de Dieu, peu
d'énergie pour son service..... Oh ! mes bien-aimés, si tel est votre
état spirituel ; si, comme votre indigne pasteur, vous pouvez vous
associer dans une certaine mesure à ces tristes aveux, assurément, du
fond de votre coeur humilié s'élève en cet instant même cette plainte
amère : Qui nous fera être comme nous étions autrefois ?
II
Mais nous nous sommes assez longtemps arrêtés à la maladie spirituelle
si bien décrite par les paroles de notre texte ; recherchons-en
maintenant LA CAUSE ET LE REMÈDE.
Le plus souvent ce fâcheux état de choses est le
résultat du relâchement dans la prière ; et quant au remède, il est
facile de comprendre qu'il est l'inverse de la cause. - Voyons, mon
frère, qui es toujours à te plaindre de l'alanguissement de ta piété,
essayons de descendre à la racine du mal. Si tu n'es plus comme tu
étais autrefois, ne serait-ce pas tout simplement parce que tu as
négligé la prière ? Rien ne débilite l'âme comme le manque de prière.
On l'a observé avec raison : « Un cabinet négligé est le berceau de
toute sorte de mal. » On peut dire que le cabinet du chrétien est pour
lui la source, soit de beaucoup de bien, soit de beaucoup de mal : de
bien, s'il le fréquente assidûment ; de mal, s'il le néglige. Nul ne
peut croître dans la grâce, s'il est paresseux à s'approcher de Dieu.
Quelque avancé que soit un chrétien, s'il ne priait pas, il aurait
bientôt cessé de vivre. L'enfant de Dieu a besoin d'être constamment
substanté ; si bien nourri qu'il puisse être aujourd'hui, il ne saurait
subsister demain, si ses provisions ne sont renouvelées : or, ce
renouvellement incessant de grâces, c'est par la prière seule qu'il
peut l'obtenir. Quand même une âme posséderait la force spirituelle de
cinquante chrétiens d'élite, si elle cessait de prier, elle ne pourrait
que périr.
- Mon frère, examine-toi donc à cet égard ; et si en
regardant en arrière, tu étais contraint à te dire : « Il fut un temps
où mes prières étaient plus régulières, plus senties, plus nombreuses
qu'aujourd'hui ; maintenant elles sont faibles, languissantes, sans
sincérité et sans onction » ; - si, dis-je, ta conscience t'obligeait à
faire cet aveu, oh ! mon bien-aimé, ne t'étonne plus du malaise de ton
âme ; ne cherche pas ailleurs l'explication de ce marasme spirituel
dont tu te sens atteint.
Le relâchement dans la prière : voilà la cause du mal.
- « Mais où en est le remède ? » diras-tu. Eh ! c'est tout simple,
chère âme : prie davantage. Si peu de prières t'ont réduite à l'état
d'abaissement dans lequel tu te trouves, beaucoup de prières te
relèveront. C'est le manque de prière qui t'a appauvrie ; c'est
l'abondance de prière qui t'enrichira. Où il n'y a point boeuf, la
grange est vide, a dit Salomon (Pro 14: 41) ; et même que sans
labourage l'homme n'aurait point de pain, de même sans la prière l'âme
croyant serait affamée: Voulons-nous donc prospérer sous le rapport
spirituel ? soyons plus persévérants dans la prière. Oh ! mes chers
amis la pierre de la muraille ne pourrait-elle pas crier contre nous,
et la paroi nous condamner (Hab 2:11) ? La poussière de notre cabinet
ne s'élève-t-elle pas en témoignage devant Dieu, nous accusant de
négligence dans nos dévotions particulières ?
Voilà pourquoi nous ne sommes plus tels que nous étions autrefois. Ce
qu'est pour une machine à vapeur le feu qui entretient son mouvement,
la prière alimentée par le Saint-Esprit l'est pour le chrétien. La
prière est le véhicule que Dieu a choisi pour faire part de ses grâces
à ses enfants, et bien insensé est celui qui néglige. Mes frères,
permettez-moi d'insister sur ce point, car il est de la plus haute
importance. Si vous reconnaissez qu'en négligeant de vous approcher de
Dieu vous placez votre âme dans la situation la plus périlleuse, votre
devoir est tout tracé: vaquez à la prière avec plus de soin que jamais.
Un commerçant gémit parce que son négoce n'est plus aussi florissant
qu'autrefois ; or, il avait coutume d'envoyer au loin des navires qui
lui revenaient chargés d'or ; mais depuis longtemps pas un seul n'a mis
à la voile : a-t-il donc le droit de se plaindre de ce qu'il ne reçoit
plus de précieux chargements.
De même, lorsqu'un homme prie, il envoie vers le ciel
un navire qui lui revient chargé des plus riches trésors, mais si, au
lieu de cela, il laisse son navire amarré, dans le port, est-il
étonnant qu'il s'appauvrisse de jour en jour ?
Mais le fâcheux état spirituel qui nous occupe peut
avoir d'autres causes. Si vous êtes réduits à vous écrier : Oh ! qui me
ferait être comme j'étais autrefois ? peut-être est-ce moins votre
faute que la faute de vos conducteurs spirituels. Oui, mes chers amis,
il n'est pas impossible qu'une âme devienne très gravement malade, par
suite de la mauvaise nourriture que lui donne son pasteur. Peut-on
s'attendre, en effet, à ce qu'ils croissent dans la grâce ces chrétiens
qui ne sont jamais arrosés par les ruisseaux qui réjouissent la cité de
notre Dieu ? Comment pourraient-ils se fortifier dans le Seigneur
Jésus, ceux qui ne sont pas nourris du lait spirituel et pur de la
Parole ? Recherchez donc, avec le plus grand soin, les instructions
d'un ministre fidèle. Je connais des chrétiens qui jamais ne sortent de
leur lieu de culte sans se lamenter sur le peu d'édification qu'ils y
trouvent ; et pourtant (étrange contradiction !) ils y retournent
régulièrement dimanche après dimanche. En vérité, je ne sais comment
qualifier une telle conduite, et bien loin d'exciter ma compassion ou
ma sympathie, j'estime que ces chrétiens méritent qu'on aille à eux
avec la verge. Lorsqu'il peut choisir, tout fidèle est tenu d'aller là
où il trouve la nourriture qui correspond le mieux aux besoins de son
âme. Sans doute, il ne doit pas changer de lieu de culte à la légère ;
mais si une longue expérience l'a convaincu que la prédication qu'il
entend habituellement ne lui tourne pas à profit, au lieu de perdre son
temps en vaines doléances, il est de son devoir d'aller ailleurs.
Souvent un pasteur infidèle affame, pour ainsi dire, son troupeau ; il
réduit les brebis du Seigneur à l'état de squelettes ambulants, en
sorte qu'on peut compter tous leurs os. C'est là, mes frères une
seconde cause qui peut amener les âmes à s'écrier-: Oh ! qui nous
ferait être comme nous étions autrefois
Mais il y en a une troisième que j'ai hâte de vous
signaler, car je crois qu'elle vous concerne plus que la précédente.
Votre état de dépérissement spirituel peut provenir, non de la qualité
de votre nourriture, mais de la quantité insuffisante que vous en
prenez. Je m'explique.
Voici un homme, un simple ouvrier, je suppose, qui
autrefois se rendait régulièrement deux fois chaque dimanche à la
maison de Dieu. Le lundi soir, quoique pressé de travail, il trouvait
néanmoins le temps d'ôter à la hâte son tablier de cuir et de courir à
la réunion de prière : peut-être y arrivait-il un peu tard, mais il y
entendait toujours quelques bonnes paroles. Le jeudi soir encore, il
s'efforçait de se rendre dans le sanctuaire pour écouter les
exhortations d'un ministre de l'Evangile, et afin de regagner les
heures passées à ces divers exercices religieux, il se couchait tard,
se levait matin et travaillait avec une infatigable ardeur. Mais un
jour, voilà que cet homme pense en lui-même : « Je suis surchargé
d'ouvrage ; la vie que je mène est par trop fatigante ; je ne puis plus
sortir aussi souvent ; d'ailleurs, les courses sont si longues ! »
Alors il renonce d'abord à telle réunion, puis à telle autre, et ainsi
de suite, jusqu'à ce qu'enfin s'apercevant que la vie de somme décline
d'une manière sensible, il s'écrie tout éperdu :
Oh ! qui me ferait être comme j'étais autrefois ? Eh ! ne devais-tu pas
t'attendre à ce qui t'arrive, mon frère ? tu prends moins d'aliments
que par le passé : n'est-il pas tout simple que tu t'affaiblisses ?
Comme le petit enfant, le chrétien a besoin de manger souvent et peu à
la fois. Pour ma part, je n'hésite pas à le dire, je crois que
lorsqu'une âme abandonne les services religieux de la semaine: - (si ce
n'est pour cause d'empêchement absolu), - c'en est fait pour cette âme
de la vie religieuse. « Tant que l'on n'adore Dieu que le dimanche,
disait Whitefield, une piété pratique ne saurait exister. » Les
services de la semaine sont souvent les meilleurs. Si dans les jours de
sabbat Dieu abreuve ses enfants à des ruisseaux de lait, on peut dire
que souvent il semble réserver la crème pour les autres jours. Lors
donc qu'un chrétien se tient volontairement éloigné des moyens de grâce
les plus propres à fortifier son âme, n'est-ce pas à lui-même qu'il
doit s'en prendre s'il est réduit à s'écrier : Oh ! qui me ferait être
comme j'étais autrefois ?
- Je ne vous blâme pas, mes bien-aimés, je désire seulement réveiller
par mes avertissements les sentiments purs que vous avez (2Pi 3:2). Je
vous parle en toute simplicité comme en toute franchise, et j'ai
toujours l'intention d'en agir ainsi. Oh ! chrétiens, soyez fidèles à
votre drapeau ! Ne le perdez pas un seul instant de vue, et vous
remporterez la victoire. Mais si le plus léger indice de défection se
manifeste dans vos rangs, n'est-il pas du devoir de votre pasteur de
vous avertir, de peur que vous ne veniez à déchoir de vôtre fermeté ?
L'idolâtrie : telle est une autre cause très ordinaire du déclin de la
piété. Il est des chrétiens qui se laissent aller insensiblement à
retirer leur coeur à Dieu pour le donner à quelque objet terrestre, et
qui s'affectionnent aux choses qui sont d'ici-bas plus qu'à celles qui
sont d'en haut. Ah ! mes amis, il est difficile d'aimer le monde et
d'aimer Christ ; je dis plus : c'est impossible. Mais d'un autre côté,
il est difficile, j'en conviens, de ne pas aimer la créature , il est
difficile de ne pas s'attacher à la terre ; j'allais presque dire :
c'est impossible. Et par le fait, c'est impossible pour l'homme laissé
à ses propres forces ; Dieu seul peut nous apprendre à préférer
l'invisible au visible, le spirituel au matériel ; Dieu seul peut nous
rendre capables de lui donner nos coeurs sans réserve et sans partage.
Mais notez bien ceci, mes frères : toutes les fois que cédant à notre
penchant à l'idolâtrie nous nous ferons un veau d'or et nous nous
prosternerons devant lui, tôt ou tard ce veau d'or sera réduit en
poudre et mêlé, pour ainsi dire, à l'eau que mous boirons, en sorte que
nous pourrons dire avec le Psalmiste : Tu m'as abreuvé d'absinthe.
Jamais chrétien ne s'est façonné une idole sans qu'elle ne se soit
écroulée sur lui et ne l'ait grièvement blessé dans sa chute ; jamais
l'âme n'a essayé d'étancher sa soif aux citernes crevassées du monde
sans qu'elle n'ait trouvé, au lieu des ondes pures qu'elle cherchait,
des reptiles immondes, et des eaux croupissantes. Le Seigneur veut que
ses enfants vivent de lui, et de lui seul : que s'ils cherchent
ailleurs leur vie, il prend soin de leur faire boire des eaux de Mara,
de verser de l'amertume dans leur âme, afin de les ramener vers le
Rocher d'où jaillissent les seules eaux vivifiantes.
Oh ! mes bien-aimés, prenons donc garde que nos coeurs soient tout à
Christ, entièrement à Christ, uniquement à Christ. S'il en est ainsi,
nous jouirons certainement d'une paix constante, et notre âme ne sera
pas contrainte à s'écrier : Qui me ferait être comme j'étais autrefois
?
Il semble presque superflu de vous indiquer, d'autres causes qui
peuvent déterminer la maladie spirituelle dont nous parlons ;
toutefois, nous vous en signalerons une dernière, qui est peut-être la
plus commune de toutes.
Souvent notre piété n'est plus ce qu'elle a été, parce que nous avons
nourri au-dedans de nous des sentiments d'orgueil et de propre justice.
Ah ! mes amis, sachez-le : aussi longtemps que vous serez sur la terre,
vous ne parviendrez point à vous débarrasser complètement de ce vieux
levain de propre justice. Le démon nous est représenté par l'Ecriture
sous l'emblème d'un serpent, parce qu'un serpent se glisse partout,
jusque dans le moindre interstice. De même, la propre justice peut être
comparée à un serpent, car elle s'insinue jusque dans les moindres de
nos actions. - Si vous vous efforcez de servir Dieu « Excellent
chrétien ! vous dit le diable ; comme tu sers Dieu fidèlement ! tu
dépenses ta vie à prêcher l'Evangile ; tu es un noble coeur. »
- Si, dans une réunion de prières, le Seigneur ;vous
donne de répandre votre âme devant lui avec liberté et avec quelque
ferveur, aussitôt Satan vous caresse avec complaisance: : « Comme tu as
bien prié ! s'écrie-t-il ; certainement les frères t'aimeront ; tes
progrès dans la grâce sont vraiment remarquables, ! »
- Si une tentation se présente et que vous soyez rendu capable d'y
résister : « Ah ! s'écrie-t-il encore, tu es un vaillant soldat de la
croix ! Regarde l'ennemi que tu as terrassé ; une brillante couronne
t'attend au bout de la carrière ; tu te comportes en véritable héros. »
- Vous vous confiez implicitement au Seigneur, vous acceptez toutes ses
promesses ; Satan murmure alors à votre oreille : « Combien ta foi est
ferme ! rien ne peut l'ébranler ; quelle différence entre toi et tel ou
tel de tes frères ! Sa foi n'est pas la moitié aussi forte que la
tienne. » Sur quoi vous allez, tout gonflé d'importance, tancer
vertement votre frère qui est faible ; vous lui reprochez de n'être pas
de votre taille ; et pendant ce temps, le démon continue ses perfides
insinuations, ne se lassant pas d'admirer votre force, votre fidélité,
votre confiance en Dieu, et vous affirmant que vous n'avez point la
moindre parcelle de justice propre.
Votre pasteur s'adresse aux Pharisiens de son troupeau ; mais
qu'avez-vous de commun avec les Pharisiens ? Vous vous croyez
complètement inaccessible à l'orgueil, tandis qu'en réalité il n'est
pas d'être qui soit plus orgueilleux que vous. Ah ! mes bien-aimés !
c'est justement lorsque nous nous estimons humbles, que nous sommes
enflés d'orgueil, et lorsque nous gémissons le plus sur notre orgueil,
c'est alors que nous sommes le plus humbles. En général, notre
appréciation de nous-mêmes est le contre-pied de la vérité.
Quand le chrétien se croit le plus mauvais, il est souvent le meilleur,
et quand il se croit le meilleur, il est souvent le plus mauvais. Si
donc vous reconnaissez avec douleur que vous n'êtes plus tels que vous
étiez autrefois, examinez si des sentiments de propre justice ne se
sont point glissés dans votre âme. Peut-être le flambeau de votre vie
spirituelle est-il obscurci par l'orgueil : débarrassez-le donc de cet
orgueil, et il brillera comme auparavant. Tu volais trop haut, mon
frère ; c'est pourquoi il convient que tu sois humilié pour un temps,
afin que comme un pécheur coupable et perdu tu ailles de nouveau
t'abattre aux pieds de ton Sauveur. Alors, n'en doute pas, tu n'auras
plus à t'écrier : Oh ! qui me ferait être comme, j'étais autrefois ?
III
Et maintenant, je termine par QUELQUES MOTS D'EXHORTATION.
En premier lieu, mes chers amis, je me sens pressé de vous exhorter à
prendre, courage. L'un de vous se dit peut-être en ce moment même : «
Oh ! c'en est fait ; jamais je ne recouvrerai le bonheur que j'ai perdu
; le Seigneur m'a caché la clarté de sa face. J'ai contristé son
Esprit, et il s'est éloigné ; je me suis joué de ses avertissements, et
il m'a abandonné ; j'ai délaissé les sentiers de la justice, et
maintenant je suis comme emprisonné dans une cage de fer dont il m'est
impossible de sortir. » Il est vrai, pauvre âme, tu ne saurais par
toi-même recouvrer la liberté ; tes faibles forces ne parviendront
jamais à briser ou à limer les barreaux derrière lesquels tu languis.
Toutefois, je le répète, prends courage. D'autres sont sortis avant toi
de la sombre prison du découragement et du désespoir. Sais-tu ce que tu
dois faire, mon bien-aimé ? Crie à ton bon Maître demande-lui de venir
te délivrer ; et quand même il semblerait pendant longtemps fermer
l'oreille à tes cris de détresse, il t'entendra à la fin, n'en doute
pas; en sorte qu'avec Jonas tu pourras bientôt entonner ce chant de
délivrance :
J'ai crié à l'Éternel à cause de ma détresse, et il m'a exaucé ;
je me suis écrié du ventre du sépulcre, et tu m'as entendu ! (Jonas 2:3)
Reviens, reviens, ô pécheur égaré !
Entends la voix du Seigneur qui t'appelle ;
Vers lui déjà n'es-tu pas attiré
Par les cordeaux de son amour fidèle ?
En second lieu, mes amis, je désire vous exhorter à faire tous vos
efforts pour progresser continuellement dans la vie spirituelle. O
chrétiens, mes frères et mes soeurs en Jésus-Christ ! combien en est-il
parmi vous dont toute l'ambition consiste à se soustraire à la colère à
venir ! Combien en est-il qui disent : « Pourvu que je sois sauvé, peu
m'importe que ce soit comme, au travers du feu ; pourvu que l'entrée du
ciel ne me soit pas refusée, peu m'importe si je suis à la dernière
place ! » Et ceux qui parlent ainsi se conduisent en conséquence,
c'est-à-dire qu'ils sont aussi peu chrétiens que possible. De la piété,
ils en veulent bien ; mais avec modération. Or, qu'est-ce que la
modération en matière de piété ? C'est un mensonge, c'est une dérision,
et rien de plus ! Une femme demande-t-elle à son mari de l'aimer avec
modération ?
Un père se contente-t-il que son fils soit modérément obéissant ? Une
probité modérée vous satisferait-elle chez vos serviteurs ? Evidemment
non. Que parlez-vous donc d'une piété modérée? Etre modérément
religieux, ce n'est autre chose qu'être irréligieux. Posséder une
religion qui ne pénètre pas jusqu'au fond du coeur et qui n'exerce
point d'influence sur la vie, c'est, par le fait, n'avoir aucune
religion.
Ah! mes chers auditeurs, vous le dirai-je ? je tremble souvent à la
pensée que parmi vous il en est un grand nombre qui n'ont que
l'apparence de la piété. Malheur à vous, sépulcres blanchis, qui vous
contentez de paraître beaux au dehors sans considérer qu'au dedans vous
n'êtes que souillure et corruption ! Malheur à vous, Pharisiens
formalistes, qui nettoyez le dehors de la coupe et du plat et qui vous
persuadez avoir assez fait, parce que ni l'Eglise ni le monde ne
peuvent élever contre vous aucune accusation grave ! Prenez garde !
prenez garde ! le jour viendra où le Juge suprême examinera l'intérieur
du plat et de la coupe, et s'il les trouve pleins d'injustice et de
méchanceté, il les mettra en pièces et en jettera les débris dans
l'abîme du tourment.
Pauvres formalistes ! votre prétendue piété ressemble aux ailes de cire
d'un personnage de la fable : elle peut fort bien vous suffire pour
voler ici-bas, mais lorsqu'il vous faudra prendre votre essor vers les
régions supérieures, le puissant, soleil de Jésus la fondra en un
instant, et vous tomberez pour jamais dans le gouffre de la perdition !
Oh ! soi-disant chrétiens, si habilement dorés, ornés et vernissés, que
ferez-vous lorsque au dernier jour vous serez reconnus pour être du vil
métal ? Quand la paille, le foin et le chaume auront été consumés, que
deviendrez-vous, je vous le demande, si votre christianisme est de
mauvais aloi, s'il n'a pas été frappé au coin du Très-Haut ? Comment
pourrez-vous passer par le creuset au grand et illustre jour du
Seigneur, si vous n'êtes pas de l'or fin ?..... Mais, j'en ai la
confiance, il est des âmes dans cet auditoire qui n'ont rien à craindre
de cette solennelle épreuve ; elles sont nées de Dieu, par conséquent
le feu ne saurait les consumer. Toutefois, mes bien-aimés - (et ici je
ne parle qu'aux véritables croyants), - jugez vous-mêmes si je suis
injuste à l'égard des chrétiens de nos jours, en disant qu'en général
nous nous contentons trop aisément de savoir que nous sommes enfants de
Dieu, et que nous n'aspirons point assez à croître en stature et en
force. Nous ressemblons à des nains, à de pauvres enfants rachitiques
et souffreteux. Au lieu de marcher courageusement en avant, nous sommes
toujours à gémir et à répéter sur tous les tons : Qui nous ferait être
comme nous étions autrefois ?
C'est là un symptôme de rachitisme. Si nous voulons faire de grandes
choses dans le monde, nous ne devons pas souvent pousser ce cri. Il
faut bien plutôt que nous soyons toujours prêts à chanter:
Ma langue, égaie-toi ;
réjouis-toi, mon coeur ;
Entonne un chant d'amour,
Jésus est ton Sauveur
et que, pleins de joie, nous puissions dire avec saint Paul : Je sais
en qui j'ai cru. Chrétiens, voulez-vous être utiles ? voulez-vous
honorer votre Maître ? Désirez-vous obtenir dans le ciel une brillante
couronne, afin d'en faire hommage à votre Sauveur ? S'il en est ainsi
(et peut-il ne pas en être ainsi ?) veillez avec le plus grand soin à
la santé de votre âme ; ne la laissez pas végéter et languir. Que
l'homme intérieur qui est en vous n'ait pas simplement le souffle de la
vie, mais qu'il se développe de jour en jour et devienne semblable à un
arbre planté prés des eaux courantes, qui porte son fruit en sa saison
et dont le feuillage ne se flétrit point.
Quoi ! mes bien-aimés, vous vous contenteriez d'une couronne sans
ornement quand vous savez que si vous amenez des âmes à Christ vous
luirez comme des étoiles dans la splendeur de l'étendue (Daniel 12:3) ?
Vous voudriez vous asseoir au banquet des noces, revêtu, il est vrai,
de la robe de Christ, mais sans que Dieu vous ait donné un seul joyau
comme récompense de vos services ici-bas ? Ah ! non, j'en suis certain.
Vous désirez, au contraire, n'est-il pas vrai ? que l'entrée du royaume
éternel vous soit abondamment, accordée ; vous voulez jouir de la
plénitude des grâces du Seigneur.
A l'oeuvre donc, mes bien-aimés ; à l'œuvre avec ardeur
et courage ! A celui qui aura fait valoir cinq talents, cinq villes
seront données; et que personne ne se contente de posséder un seul
talent, mais qu'il le place à intérêt ; car on donnera à quiconque a
déjà, et il aura encore davantage ; mais pour celui qui n'a pas, on lui
ôtera même ce qu'il a.
Mais; je le sais, pour beaucoup de ceux qui m'écoutent en ce moment, ce
que je viens de dire est dépourvu de tout intérêt. Peut-être
pensent-ils eux aussi : « Qui nous ferait être comme. nous étions
autrefois ? » mais dans leur bouche cette plainte a un sens tout autre
que dans la bouche du chrétien. « Hélas ! dit le pécheur avec amertume,
que ne suis-je encore ce que j'étais il y a quelques années ! car alors
j'étais plein d'entrain et d'insouciance ; je menais joyeuse vie. Nul
mieux que moi ne savait vider la coupe des festins ; nul ne se laissait
emporter plus gaiement par le tourbillon des plaisirs et de la folie.
Mais ce que je faisais alors; je ne puis plus le faire. J'ai usé ma
santé, j'ai dépensé mon énergie, j'ai perdu ma fortune. Je suis malade
de corps et faible d'esprit. Qui me ferait être comme j'étais autrefois
? »
Ah ! pauvre pécheur, tu as lieu, en effet, de regretter le passé ; mais
attends seulement quelques mois, et le présent, qui maintenant te
semble si sombre, sera à son tour l'objet de tes amers regrets. Et plus
tu avanceras dans la vie, sache-le, plus tu souhaiteras de retourner en
arrière ; car le chemin de l'enfer descend, - descend, - descend
toujours, - et le malheureux engagé sur cette pente, fatale se consume
continuellement en impuissants désirs de revenir sur ses pas. Oh ! oui,
tu auras encore à t'écrier : « Qui me ferait être comme j'étais
autrefois ? »
Tu penseras aux jours heureux où la prière de ta mère te bénissait, où
la voix de ton père t'avertissait, où tu allais prendre place sur les
bancs d'une école du dimanche, où, assis sur les genoux de ta mère, tu
l'écoutais te parlant du Sauveur. Et ces réminiscences d'un heureux
passé seront d'autant plus poignantes que ce passé sera plus éloigné de
toi. –
Ah ! mes chers auditeurs, il y en a beaucoup parmi vous qui ont bien
besoin de rebrousser chemin. Pensez au nombre de vos égarements ; voyez
jusqu'où vous êtes tombés..... Mais qu'ai-je dit ? Non, pécheur, tu
n'as que faire de rebrousser chemin ! Au lieu de regarder aux choses
qui sont derrière toi, regarde à celles qui sont devant; et au lieu de
t'écrier : Qui me ferait être comme j'étais autrefois ? dis en
sincérité de coeur : « Que ne suis-je un nouvel homme en Jésus-Christ »
Il ne te servirait de rien, crois-le, de recommencer la vie tel que tu
es : tu serais bientôt aussi mauvais que tu l'es en ce moment. Mais si
Dieu daignait faire de toi un homme nouveau, oh ! alors; pauvre mortel,
qui que tu sois, quelque bas que tu sois tombé, tu vivrais
véritablement en nouveauté de vie. Un chrétien est tout aussi
réellement un nouvel homme que s'il n'avait pas vécu avant sa
conversion. La vieille créature est détrônée ; il est une nouvelle
créature, née de nouveau et entrant dans une nouvelle existence. Pauvre
âme ! Dieu peut accomplir en toi cette merveilleuse transformation.
Dieu le Saint-Esprit peut faire de toi un nouvel édifice, et cela sans
employer une seule des pierres qui entraient dans la structure de
l'ancien. Il peut te donner un nouveau coeur, un nouvel esprit, de
nouveaux plaisirs, un nouveau bonheur, de nouvelles perspectives, et
enfin un ciel nouveau. « Ah ! me dis-tu peut-être; je sens que j'ai
besoin de toutes ces choses, mais est-il bien vrai que je puisse les
obtenir ? » Juge toi-même, mon frère, si tu le peux, par cette simple
déclaration de l'Evangile : C'est une chose certaine et digne d'être
reçue avec une entière confiance que Jésus-Christ est venu dans le
monde pour sauver les pécheurs. Il n'est pas dit, remarque-le, que ce
soit là une chose digne seulement de quelque confiance, mais d'une
entière confiance, de toute la confiance dont tu es capable. Si donc tu
dis en cet instant même : « Jésus est venu pour sauver les pécheurs; je
le crois, je le sais ». tu n'as rien à craindre ; le salut est à toi.
- Mais Jésus voudra-t-il bien me recevoir; moi, si vil et
si indigne ? » demandes-tu peut-être. Je te répondrai par une parole de
mon Sauveur lui-même : Je ne mettrai point dehors celui qui viendra à
moi. - « Mais je n'ose aller à lui ! » objectes-tu encore. Si quelqu'un
a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive, est-il écrit. As-tu soif ?
soupires-tu après le pardon ? sens-tu le besoin que tu as d'un Sauveur
? as-tu soif, te dis-je ? S'il en est ainsi, ô mon frère, voici ce que
te dit Dieu. le Saint-Esprit : Que celui qui voudras de l'eau vive en
prenne gratuitement !
Ecoutez tous une bonne nouvelle !
C'est pour sauver que Jésus-Christ est mort ; Qui croit au Fils a la vie éternelle ; Notre salut est un don du Dieu fort !
Que Dieu vous accorde à tous la grâce d'accepter ce salut pour l'amour de son nom
Charles Spurgeon
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- Psaume 5 - L'héritage
- Psaume 6 - La colère de Dieu
- Psaume 7 - Mon espérance en Dieu
- Psaume 8 - Chant de triomphe
- Psaume 42 - Comme le cerf soupire après les eaux
- Psaume 44 - Dans les jours qui ont précédé
- Psaume 45 - Chant de victoire
- Psaume 46 - Chant pour la jeunesse
- Psaume 49 - Peuples, écoutez tous ces choses
- Psaume 50 - Le Seigneur, le Dieu des dieux a parlé
- Psaume 109 - O Dieu, ne tais pas ma louange
- Psaume 110 - Prophétie sur Jésus
- Psaume 111 - Seigneur, je Te confesserai de tout mon coeur
- Psaume 112 - Heureux est l'homme qui craint le Seigneur
- Psaume 113 - Louez le Seigneur, vous qui le servez
- Psaume 114 - Lorsqu'Israël sortit de l'Égypte
- Psaume 116 - J'ai aimé parce que le Seigneur a exaucé ma prière
- Psaume 117 - Nations, louez toutes le Seigneur
- Psaume 118 - Rendez gloire au Seigneur
- Psaume 120 - Cantique des degrés; chant de l'ascension
- Psaume 121 - C. des degrés; Je lève les yeux vers les montagnes
- Psaume 122 - C. des degrés; Nous irons dans la maison du Seigneur
- Psaume 123 - C. des degrés; C'est vers Vous que je lève les yeux
- Psaume 124 - C. des degrés; Si le Seigneur n'avait été avec nous
- Psaume 125 - C. des degrés; Confiance dans le Seigneur
- Psaume 126 - C. des degrés; Les captifs de Sion
- Psaume 127 - C. des degrés; Bâtir la maison
- Psaume 128 - C. des degrés; Heureux ceux qui craignent le Seigneur
- Psaume 129 - C. des degrés; Souvent ils m'ont persécuté
- Psaume 130 - C. des degrés; J'ai crié vers vous, Seigneur
- Psaume 131 - C. des degrés; Je ne suis pas orgueilleux
- Psaume 132 - C. des degrés; Souviens-Toi, Seigneur, de David
- Psaume 133 - C. des degrés; Oh! qu'il est beau, qu'il est doux
- Psaume 134 - C. des degrés; Maintenant donc bénissez le Seigneur
- Psaume 135 - Louez le nom du Seigneur
- Psaume 136 - Louez le Seigneur, car Il est bon
- Psaume 137 - Sur le bord des fleuves de Babylone
- Psaume 138 - Je célébrerai ta gloire en présence des anges
- Psaume 139 - Seigneur Tu m'as éprouvé et Tu m'as connu
- Psaume 140 - Délivre-moi, Seigneur, de l'homme méchant
- Psaume 141 - Seigneur, j'ai crié vers Toi
- Psaume 142 - J'ai élevé la voix en criant vers Toi
- Psaume 145 - Je T'exalterai, ô mon Dieu, ô mon Roi
- Psaume 146 - Mon âme loue le Seigneur
- Psaume 147 - Louez le Seigneur, parce qu'il fait bon Le louer
- Psaume 147:12-20 - Jérusalem, loue le Seigneur
- Psaume 148 - Louez le Seigneur du haut des cieux
- Psaume 149 - Chantez au Seigneur un cantique nouveau
- Psaume 150 - Louez Dieu dans ses saints
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- .: Maurice Capelle :.
- Faut-il que j'écoute ?
- Encouragement aux pauvres
- La langue est un petit membre, un feu, un monde d'iniquité
- Que vous en semble-t-il du Christ?
- Le cri du jour!
- Les larmes
- Se souvenir de Jésus
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