Mais Franklin s'est aigri envers le déisme pendant
la Guerre Révolutionnaire. Quoiqu'il ne soit pas retourné
à la foi presbytérienne de son enfance, il a recommencé
à croire en un Dieu personnel, comme le reflète son fameux
speech à la Convention Constitutionnelle le 28 juin 1787: «Dans
la situation de cette assemblée, tâtonnant,
on dirait, comme dans le noir pour trouver la vérité politique,
et ayant une capacité très limitée pour distinguer
ce qui nous est présenté, comment cela se fait-il, Monsieur,
que nous n'ayons pas jusqu'ici une fois pensé d'avoir recours humblement
au Père des Lumières pour illuminer nos compréhensions?
Au début de notre lutte avec l'Angleterre, nous étions sensibles
au danger, nous faisions journellement des prières dans cette chambre
pour la protection divine. Nos prières, Monsieur, furent entendues
- et elles ont été gracieusement exaucées...
J'ai vécu, Monsieur, un long temps; et plus je
vis, je vois des preuves de plus en plus convaincantes de ceci, que Dieu
gouverne les affaires des hommes. Et si un passereau ne tombe pas à
terre sans qu'il s'en aperçoive, est-il probable qu'un empire puisse
s'élever sans son aide? Nous avons été assurés, Monsieur, dans les écritures sacrées que
«à moins que le Seigneur ne bâtisse la maison, ceux
qui travaillent le vont en vain». Je crois fermement ceci; et je
crois aussi que, sans son appui, nous n'allons pas mieux réussir
dans cet édifice politique que les bâtisseurs de Babel...
Je suggère donc que des prières implorant
l'assistance du ciel et de ses bénédictions sur nos délibérations
puissent être tenues dans cette assemblée chaque matin avant
que nous procédions aux affaires, et qu'un membre ou plus du clergé de
cette ville soit prié d'officier à
ce service.»
Ben Franklin est un archétype
du scientifique occidental. Son cheminement spirituel apporte du poids
et du sens au delà de sa signification personnelle. Comment, alors,
ce révolutionnaire pratique, libertin, indépendant et scientifique
en est-il venu à changer sa pensée au sujet de la nature
de Dieu?
La Révolution Américaine
a été une expérience de foi dans un Dieu personnel.
Elle a conduit des révolutionnaires tels que George Washington à
se placer eux-mêmes sur la table avec Dieu dans des endroits comme
Valley Forge. A la fin de ce siècle-là, ce fait était
devenu aussi clair qu'en plein jour: la Révolution Américaine,
née dans un environnement chrétien, avait réussi.
La Révolution Française, née du déisme humaniste,
avait échoué.
C'est ainsi que Benjamin Franklin,
dans une requête irrationnelle pour un déiste, a recommandé
le recours à la prière.
- cité par Zeb Bradford Long et Douglas McMurry
dans «Collapsing the brass heaven» traduit par Le webmestre