L'histoire bamiléké
Il est reconnu parmi les historiens que les bamileke sont le dernier peuple à avoir entrepris sa migration vers l'ouest vers le IXe siècle ap JC. Cette histoire somme toute assez récente facilite relativement la tâche pour retracer le parcours qui les a amenés depuis l'Égypte jusqu'au pays de Tikar deux siècles plus tard. Ils ont finalement pu s'installer à demeure et fonder la ville de Bafoussam (ci-dessous) qui est maintenant la troisième plus grande après Douala et Yaoundé au Cameroun.
Même si les bams sont arrivés les derniers au Cameroun, ils sont maintenant l'ethnie la plus nombreuse dans le pays, représentant environ 20% de la population. Ils ont prospéré pas seulement en nombre puisqu'ils comptent pour environ la moitié de tous les commerces. Cette faculté de commercer et de prospérer a créé de la jalousie partout où ils ont passé, et un peu comme les juifs en Europe, leurs hôtes finissaient par les prendre en grippe et les chassant éventuellement, c'est ainsi qu'ils ont finalement abouti dans la région de Bafoussam au XIe siècle ap JC.
En regardant l'entrée du marché central de Dschang, son architecture bamileke avec leurs cônes rappelent les pyramides, on se surprend pas d'apprendre qu'ils sont les ancêtres des Baladis, un peuple noir qui habite toujours l'Égypte de nos jours, résistant encore à l'islamisation. On pense que c'est pour cette raison qu'ils sont partis d'Égypte, persécutés parce qu'ils refusaient de se convertir à l'Islam.
Les linguistes ont trouvé suffisamment de correspondance entre les dialectes bamileke et les dialectes nuer parlés par les Baladis égyptiens pour établir une parenté millénaire. Voici ma reine personnelle devant des toits pyramidaux d'une chefferie bamileke ; digne descendante de Cléopâtre !
Ces fascinants cônes sur les toits des chefferies, ils sont typiquement bamileke, les autres ethnies qui les avaient précédés au Cameroun ne les utilisent pas. Donc, leur présence montre qu'on entre en territoire des Grafis (Grassfields en patois). Une particularité notable ; plus il y a de cônes plus la chefferie est puissante, ainsi est-il dans leur tradition. On pense qu'ils avaient apporté avec eux la technique de construction des pyramides, force est d'admettre qu'ils se contentèrent par la suite de constructions beaucoup plus modestes.
Dans cette chefferie avec des trois entrées aux toits coniques, se trouve en plein milieu de la grande place, un baobab, communément appelé aussi arbre à palabre. Cet arbre d'une hauteur impressionnante est le lieu de réunion traditionnel pour discuter des choses du village présidées par le chef. On le croit porteur et transmetteur des forces cosmogoniques (système à l'origine de de la formation) de la chefferie. Je suis conscient que les démons sont dans ce monde mais je sais aussi que Jésus est plus fort que tous les démons réunis et que je n'ai rien à craindre de fréquenter des lieux «sacrés».
Les premiers contacts avec des européens furent probablement avec les allemands qui ont laissé des beaux bâtiments et des ponts solides derrière eux quand ils se sont faits expulsé après avoir perdu ce qu'on a pompeusement appelé la première guerre mondiale de 1914-18. Les français et les anglais se sont ensuite répartis entre eux le territoire sans tenir compte des ethnies en place, comme c'est leur insultante manière habituelle de procéder. Ceci a eu pour effet de séparer la communauté bamileke en deux, la partie habitant au nord près du Nigeria adoptant l'anglais comme langue de communication tandis que la majorité des autres bamileke adoptèrent le français.
Quand les camerounais ont suivi le reste de l'Afrique et ont réclamé leur indépendance dans les années 1950, il y a eu un conflit armés avec les français qui ont vraiment été méchants avec eux, particulièrement avec les bamileke qui étaient bien moins armés. Pour échapper aux massacres, des villages entiers prenaient le maquis. On m'a parlé même d'une grotte secrète où ils avaient se réfugier mais je ne vous en dirai pas plus parce que ... c'est secret !
Maintenant le calme est revenu. Même si la vie au quotidien est ardue pour une bonne partie de la population pour diverses raisons bien connue des camerounais, les bamileke se tirent quand même bien d'affaire en général grâce à leur esprit d'entrepenariat... oui, oui, j'ai encore réussi à placer ma gazelle dans la photo, elle me traite de paparazzi... avec raison - ou presque, car en italien c'est paparazzo au singulier ;-), - je m'en confesse et ne m'en repens pas ! Je suis un papa rasé après tout !!!
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